Flore : quai du Polaar
Portrait le Mardi 14 février 2017 | par Sébastien Broquet
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Ton second album, Rituals, est sorti dix ans après son grand frère, RAW. Qu'est-ce qui motive, après tout ce temps, à créer et défendre un projet d'une telle envergure ?
Flore Morfin : Il s'est passé plein de choses. Le premier album était sorti un peu dans la douleur, les relations avec le label avaient été assez compliquées. À sa sortie, il y avait eu de très bons retours, mais très peu de dates. À ce moment-là, la musique électronique était en pleine mutation avec l'explosion du dubstep qui avait tout terrassé sur son passage. Du coup, je suis ressortie de cette expérience avec la gueule de bois. En même temps, c'est aussi ça qui m'a poussé à créer mon label. Ça a pris un petit moment puisqu'il est apparu cinq ans après la sortie de l'album. Je ne voulais pas le créer toute seule, je voulais trouver le bon associé. Quelques années après la sortie de cet album j'ai commencé à travailler sur la première forme de Rituals qui était en fait un live audiovisuel et qui augurait déjà ma phase de mutation musicale. C'est parce qu'il y a eu ce projet-là qu'il y a eu l'envie de sortir des disques issus de ce live.
Portrait le Mardi 14 février 2017 | par Sébastien Broquet
En écoutant cet album, on comprend rapidement que tu as beaucoup évolué en tant qu'artiste. Une évolution en miroir de celle qui était à l'œuvre dans le monde de la musique électronique en France...
Ah oui clairement. Le truc c'est que quand le premier album est sorti, j'étais très éprise de culture anglaise, du côté très club, chose qui a toujours eu du mal à être acceptée en France. Aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est que tout est hyper mélangé. Je souhaite bon courage aux disquaires pour ranger les disques dans une catégorie ou une autre. Il y a toujours de la techno et toujours de la house clairement identifiable, mais je trouve que les choses les plus intéressantes sont à la frontière entre plusieurs esthétiques. Il y a une vraie culture des musiques électroniques en France aujourd'hui, alors qu'il y a dix ans je ne suis pas tout à fait certaine qu'elle existait. On était toujours tourné vers les autres pays. Maintenant ce sont les pays étrangers qui commencent à regarder ce qu'il se passe en France.
Sur Rituals, tu voyages d'une techno très froide à de l'ambient très aérienne en gardant toujours en fil rouge une esthétique tribale, quasi chamanique. D'où te vient cette inspiration ?
En ce moment, puisque personne ne peut danser, je vois autour de moi des gens très tristes, presque désespérés. Le rapport à la musique, au partage de la musique avec d'autres personnes, la sensation du son fort, ce sont des choses qui rassemblent les gens, sans vouloir faire de réponse bateau. C'est une forme de rituel païen qu'on pratique depuis la nuit des temps. Il y a ce côté cérémoniel et c'est quelque chose qui m'inspire beaucoup en termes de son. Moi j'adore les percussions, la polyrythmie, les rythmiques assez sophistiquées. La résonance du tambour c'est un truc qui me touche. Tu peux être certain que quand je sèche sur un morceau, je mets des toms et tout va mieux.
Le disque le Mercredi 9 septembre 2020 | par Gabriel Cnudde
Justement, on retrouve dans l'album beaucoup de percussions et beaucoup d'incantations vocales. Il s'en dégage un ressenti très organique, émotionnel. C'était ce que tu cherchais à créer ?
Je pense qu'aujourd'hui j'ai plus confiance, je suis moins timide dans le fait d'essayer de retranscrire des émotions. Je suis aussi plus confiante en mes compétences techniques, clairement. Ce n'est pas forcément évident de se rapprocher de quelque chose d'organique en utilisant des samples, des sons isolés, tout ça. Je suis arrivée à un moment où je me permets plus d'audace parce que je pense que les gens sont plus réceptifs. Pendant très longtemps, j'étais sur le registre de la colère et de l'exutoire. Je pense qu'il y a toujours beaucoup de ça dans Rituals, mais il y a aussi beaucoup de morceaux qui évoquent plus le doute, la mélancolie, des terrains que je ne m'autorisais pas à explorer parce que je trouvais ça trop intime.
Rituals est sorti pendant le confinement. Aujourd'hui encore, le monde de la nuit navigue à vue. Comment envisages-tu le futur en tant que DJ ?
Je suis assez pessimiste je dois dire. Le bout du tunnel, on ne le verra pas demain. Après on peut envisager d'autres formes d'événements et de musique. Je ne suis pas la seule à me poser la question. Ça correspond à quoi de faire de la musique dancefloor si on ne peut plus faire de dancefloor ? Ça te pousse en tant qu'artiste à te questionner sur d'éventuels autres terrains d'expression, ce qui est très intéressant. Il y aura des choses, sous d'autres formes, avec d'autres artistes, à qui on ne laissait pas beaucoup de place avant. J'espère quelque part aussi que le temps des soirées avec trois headliners est révolu. On ne pourra plus se le permettre. Vu l'état de l'économie de la musique pour les artistes, les salles et les organisateurs, ce serait un non-sens. Ça fait des années que je dis que quand on achète de la musique, c'est comme quand on achète de la nourriture. Il y a une vraie nécessité de repenser tes dépenses, de savoir à qui tu donnes ton argent.
Flore + SNKLS + MrHoHo
Au Mob Hotel le samedi 12 septembre
Ton second album, Rituals, est sorti dix ans après son grand frère, RAW. Qu'est-ce qui motive, après tout ce temps, à créer et défendre un projet d'une telle envergure ?
Flore Morfin : Il s'est passé plein de choses. Le premier album était sorti un peu dans la douleur, les relations avec le label avaient été assez compliquées. À sa sortie, il y avait eu de très bons retours, mais très peu de dates. À ce moment-là, la musique électronique était en pleine mutation avec l'explosion du dubstep qui avait tout terrassé sur son passage. Du coup, je suis ressortie de cette expérience avec la gueule de bois. En même temps, c'est aussi ça qui m'a poussé à créer mon label. Ça a pris un petit moment puisqu'il est apparu cinq ans après la sortie de l'album. Je ne voulais pas le créer toute seule, je voulais trouver le bon associé. Quelques années après la sortie de cet album j'ai commencé à travailler sur la première forme de Rituals qui était en fait un live audiovisuel et qui augurait déjà ma phase de mutation musicale. C'est parce qu'il y a eu ce projet-là qu'il y a eu l'envie de sortir des disques issus de ce live.
Portrait le Mardi 14 février 2017 | par Sébastien Broquet
En écoutant cet album, on comprend rapidement que tu as beaucoup évolué en tant qu'artiste. Une évolution en miroir de celle qui était à l'œuvre dans le monde de la musique électronique en France...
Ah oui clairement. Le truc c'est que quand le premier album est sorti, j'étais très éprise de culture anglaise, du côté très club, chose qui a toujours eu du mal à être acceptée en France. Aujourd'hui, ce qui est intéressant, c'est que tout est hyper mélangé. Je souhaite bon courage aux disquaires pour ranger les disques dans une catégorie ou une autre. Il y a toujours de la techno et toujours de la house clairement identifiable, mais je trouve que les choses les plus intéressantes sont à la frontière entre plusieurs esthétiques. Il y a une vraie culture des musiques électroniques en France aujourd'hui, alors qu'il y a dix ans je ne suis pas tout à fait certaine qu'elle existait. On était toujours tourné vers les autres pays. Maintenant ce sont les pays étrangers qui commencent à regarder ce qu'il se passe en France.
Sur Rituals, tu voyages d'une techno très froide à de l'ambient très aérienne en gardant toujours en fil rouge une esthétique tribale, quasi chamanique. D'où te vient cette inspiration ?
En ce moment, puisque personne ne peut danser, je vois autour de moi des gens très tristes, presque désespérés. Le rapport à la musique, au partage de la musique avec d'autres personnes, la sensation du son fort, ce sont des choses qui rassemblent les gens, sans vouloir faire de réponse bateau. C'est une forme de rituel païen qu'on pratique depuis la nuit des temps. Il y a ce côté cérémoniel et c'est quelque chose qui m'inspire beaucoup en termes de son. Moi j'adore les percussions, la polyrythmie, les rythmiques assez sophistiquées. La résonance du tambour c'est un truc qui me touche. Tu peux être certain que quand je sèche sur un morceau, je mets des toms et tout va mieux.
Le disque le Mercredi 9 septembre 2020 | par Gabriel Cnudde
Justement, on retrouve dans l'album beaucoup de percussions et beaucoup d'incantations vocales. Il s'en dégage un ressenti très organique, émotionnel. C'était ce que tu cherchais à créer ?
Je pense qu'aujourd'hui j'ai plus confiance, je suis moins timide dans le fait d'essayer de retranscrire des émotions. Je suis aussi plus confiante en mes compétences techniques, clairement. Ce n'est pas forcément évident de se rapprocher de quelque chose d'organique en utilisant des samples, des sons isolés, tout ça. Je suis arrivée à un moment où je me permets plus d'audace parce que je pense que les gens sont plus réceptifs. Pendant très longtemps, j'étais sur le registre de la colère et de l'exutoire. Je pense qu'il y a toujours beaucoup de ça dans Rituals, mais il y a aussi beaucoup de morceaux qui évoquent plus le doute, la mélancolie, des terrains que je ne m'autorisais pas à explorer parce que je trouvais ça trop intime.
Rituals est sorti pendant le confinement. Aujourd'hui encore, le monde de la nuit navigue à vue. Comment envisages-tu le futur en tant que DJ ?
Je suis assez pessimiste je dois dire. Le bout du tunnel, on ne le verra pas demain. Après on peut envisager d'autres formes d'événements et de musique. Je ne suis pas la seule à me poser la question. Ça correspond à quoi de faire de la musique dancefloor si on ne peut plus faire de dancefloor ? Ça te pousse en tant qu'artiste à te questionner sur d'éventuels autres terrains d'expression, ce qui est très intéressant. Il y aura des choses, sous d'autres formes, avec d'autres artistes, à qui on ne laissait pas beaucoup de place avant. J'espère quelque part aussi que le temps des soirées avec trois headliners est révolu. On ne pourra plus se le permettre. Vu l'état de l'économie de la musique pour les artistes, les salles et les organisateurs, ce serait un non-sens. Ça fait des années que je dis que quand on achète de la musique, c'est comme quand on achète de la nourriture. Il y a une vraie nécessité de repenser tes dépenses, de savoir à qui tu donnes ton argent.
Flore + SNKLS + MrHoHo
Au Mob Hotel le samedi 12 septembre
Crédit Photo : © Mona Bonetto
Mob Hôtel 55 quai Rambaud Lyon 2e
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