Jeudi 4 novembre 2021 La gamine de la Croix-Rousse prolo a bien grandi. À 70 ans sonnés, la pause du confinement aidant, la comédienne Myriam Boyer fait dans une biographie tout juste parue un retour arrière sur ses vies de cinéma et de théâtre. Où l’on croise...
Des bonnes moyennes
Par Christophe Chabert
Publié Mercredi 19 janvier 2005 - 6365 lectures
Théâtre / Bruno Boeglin acteur insuffle folie et dynamisme à des Bonnes que Bruno Boeglin metteur en scène a bien du mal à faire décoller. Christophe Chabert
Mais cette demie heure-là est prise en sandwich entre deux autres, beaucoup plus engoncées. Sur la plate-forme perdue dans l'immensité du plateau, le cérémonial de l'inversion des rôles entre Claire et Solange, les deux bonnes qui répètent par désir de revanche sociale la mise à mort de leur patronne, est un rituel théorique que Boeglin, revenu à son rôle de metteur en scène, a bien du mal à rendre passionnant. Ne choisissant ni la provocation trash, ni la parabole politique, il se contente d'une très sage lecture où aucune émotion ne semble pouvoir s'intercaler entre les tirades. Il faut dire que Boeglin se plante d'entrée deux clous dans le pied : d'abord, le choix d'une actrice à l'accent prononcé ne facilite pas vraiment la compréhension d'un texte déjà pas évident à enquiller dans ses subtilités (par ailleurs, les deux comédiennes, dont l'excellente Judith Henry, ne paraissent jamais trouver d'harmonie dans leurs échanges, produisant un rythme dissonant qui rajoute un écran entre le spectateur et la pièce). Ensuite, les étranges choix musicaux (dont la partition de Hermann pour Psychose) soulignent une angoisse qu'on ne voit nulle part ailleurs dans le spectacle. Du coup, Les Bonnes version Boeglin souffre sans cesse de ces cassures de ton et de rythme, comme si la schizophrénie des personnages avait contaminé l'adaptation, qui claudique entre le sublime et l'anodin, entre la folie et une très ronronnante sagesse. À moins que le tort n'en revienne à la pièce de Genet elle-même, dont l'argument semble bien court à une époque où les récits les plus baroques empruntent aux faits-divers pour mieux révéler les malaises du monde actuel.Les Bonnes
De Jean Genet, mise en scène Bruno Boeglin
Au Théâtre de la Croix-Rousse jusqu'au 22 janvier
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Propos recueillis par Dorotée Aznar