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Papas chassés
Par Christophe Chabert
Publié Vendredi 9 janvier 2009 - 3554 lectures
Théâtre / Jacques Gamblin, comédien et auteur, valse en duo avec François Morel dans Les Diablogues après avoir irradié 2008 sur le grand et le petit écran. Christophe Chabert
Revenons à 2008. Les Oubliées, série policière brisant les codes éculés du genre en France, le montre en inspecteur obsessionnel et amnésique, ravagé par une enquête insoluble. Gamblin y bouffe littéralement l’écran, mais surtout il donne à son personnage une santé inattendue : le flic ne ramène pas son mal à la maison comme des devoirs du soir, il est aussi un homme, un mari et un père heureux. «Il ne s’agissait pas, dans son costume noir et blanc, d’en faire un personnage gris» résume-t-il. «.Je cherchais de la vie tout le temps. Ça s’appelle jouer à contre-texte.» C‘est aussi jouer le réalisme du personnage. Ce qu’on retrouve dans sa manière d’incarner la partition très serrée des Diablogues en duo avec François Morel : le sourire vire en une poignée de secondes à l’abattement ou à l’agacement, puis redevient aussi vite un sourire ; et le personnage existe par-delà les jeux de langage inventés par l’auteur Roland Dubillard. «Je suis rieur, je n’en ai peut-être pas l’air, mais j’aime me divertir. J’aime encore plus quand ce divertissement résonne, quand tout cela voyage dans un parcours improbable, où l’on ne sait jamais très bien ce qui va se passer. J’aime ça par nature. Dans mon travail, cette nature-là ressurgit probablement, mais dire que je travaille ça…» Gamblin, à l’opposé des acteurs techniques, est de ceux qui sentent et essayent. Après une première lecture infructueuse il y a quatre ans, le feeling est passé avec François Morel et l’a convaincu de se lancer dans l’aventure des Diablogues. 120 représentations plus tard, le plaisir de la nouveauté est toujours là. «Pour jouer, il faut une grande capacité d’innocence» sera sa conclusion.Des pères et passe
Pile entre ces deux événements, il y en eut un autre, en plein été : la sortie au succès miraculeux du Premier jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon. Il y joue un quinquagénaire fumeur, rocker dans l’âme mais chauffeur de taxi dans la vie, père hésitant et fils brimé. Beau rôle — pour lequel on le verrait bien décrocher un César —, et beau film que Gamblin n’a pas laissé passer : «Le scénario m’a convaincu très vite, j’ai donné ma réponse le lendemain où je l’ai lu. Mais je ne pensais pas que ce film aurait cet impact sur les gens.» Lui qui avait marqué les esprits avec des rôles d’amants déprimés et de beautiful losers blessés (chez Lelouch, Chabrol ou Lioret), ne joue plus que des pères depuis que Tavernier a mis en scène cette quête de filiation dans Holy Lola. «C’est l’avancement des travaux !» dit-il avec ironie. «À un moment, on vous demande de jouer un père. Il faut s’y préparer. Mais dans la vie aussi, il faut s’y préparer…» L’autre chose qui a changé chez Gamblin, c’est l’affirmation de sa singularité d’auteur, et sa reconnaissance dans des soli théâtraux (Quincaillerie, Le Toucher de la hanche et Entre courir et voler y a qu’un pas, papa) ayant eux aussi rencontré un écho fort chez les spectateurs. «À force de jouer des personnages, j’ai eu envie d’en avoir un à moi, que j’aurais fait naître, protégé, câliné et qui raconterait les histoires qu’il y a dans ma tête. Ce petit personnage-là, je l’avais touché du doigt dans d’autres que j’avais joués avant.» Il reconnaît que l’accueil chaleureux réservé aux spectacles lui a donné «confiance». Et même des ailes : pendant les représentations des Diablogues aux Célestins, il travaillera l’après-midi sur son futur bébé : Tout est normal, mon cœur scintille, «avec pour l’instant deux danseurs». Rendez-vous est pris en janvier 2010 pour commencer une troisième année avec Jacques Gamblin…Les Diablogues
Aux Célestins jusqu’au 18 janvier.
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