Théâtre / La Biennale du Théâtre Jeune Public n’aura pas lieu en 2009. Retour sur les motifs qui ont conduit ses organisateurs à renoncer.
Dorotée Aznar
La Biennale du Théâtre Jeune Public 2009 aurait dû commencer le 10 juin. Pourtant, l’association entre aujourd’hui dans une phase de cessation d’activité. Si les deux créateurs de la Biennale, Michel Dieuaide et Maurice Yendt avaient effectivement décidé de passer la main à partir de 2009, ils ne s’attendaient pas à voir les subventions allouées à leur manifestation fondre au point de signer son arrêt de mort.
«Dès la fin de l’édition 2007, nous avions rencontré l’adjoint à la culture (Patrice Béghain, NdlR) afin de lui signifier notre volonté de trouver un «repreneur» en 2009. La pérennisation de la manifestation semblait acquise au-delà de nos personnes. Tout à coup, cela a été remis en cause avec le changement d’adjoint à la Culture».
Nerf de la guerre, fond et formeSi la Ville de Lyon n’était pas le seul partenaire financier de la Biennale, il en était le principal.
«Les subventions accordées par la ville représentaient plus de 60% du budget de l’événement», souligne Maurice Yendt. En 2009, coup de théâtre, alors même que la subvention de la Ville a été versée en 2008, les deux directeurs apprennent qu’ils recevront 50 000 euros de la ville en 2009 (soit près de 200 000 euros de moins que la subvention accordée en 2007). Après plusieurs rencontres infructueuses avec Georges Képénékian, actuel adjoint à la Culture de la Ville de Lyon, ils décident d’annuler l’édition 2009. Au-delà de la déception, c’est l’incompréhension qui domine.
«Le seul argument avancé par Monsieur Képénékian ? «Nous n’avons pas d’argent». Il n’y a jamais eu de débat sur le fond. Nous avions l’impression d’être en face de quelqu’un qui ne prenait pas la mesure de ce qu’était la Biennale», regrette Michel Dieuaide. Il est vrai qu’un débat sur le fond aurait pu être utile : la Ville de Lyon, en quête perpétuelle de rayonnement international, se prive aujourd’hui d’une manifestation dont la notoriété artistique et l’impact à l’étranger n’étaient plus à prouver.
"L'État et la Région se sont désengagés. La Ville ne peut pas tout assumer seule", nous explique-t-on à la Ville de Lyon. Des budgets, et des priorités, donc. Ironie du sort, la ville qui a remporté le titre de Capitale Européenne de la Culture en 2013, Marseille, a dans ses cartons un projet de création de Biennale de Théâtre Jeune Public, inspirée par l’événement lyonnais.
Ouvrages : Biennale du Théâtre Jeunes Publics/Lyon 1977-2007 (Lansman Éditeur)
Théâtre des Jeunes Années : une scène de conquête et d’innovation (Lansman Éditeur)
