Les Corneille s'envolent

Les Célestins accueillent deux pièces peu jouées de Corneille : "Nicomède", écrite en 1650 et "Suréna", écrite en 1674. Deux pièces mais un seul metteur en scène, Brigitte Jaques-Wajeman, un décor et une troupe uniques pour un grand moment de théâtre. Dorotée Aznar

Oui, les pièces de Corneille ont encore beaucoup à nous dire, quand on sait les faire parler. C’est une évidence, à la vision du travail effectué par Brigitte Jaques-Wajeman. Prenons la pièce la plus frappante du diptyque qu’elle met en scène aux Célestins, Nicomède. On y découvre le prince Nicomède donc, héros de guerre, qui revient à la cour de Bithynie contre l’avis de son père pour revoir celle qu’il aime. Derrière une intrigue sentimentale et familiale, c’est une guerre politique qui se joue, mais aussi une guerre de la jeunesse contre la vieillesse, du courage contre la corruption. Dans Nicomède, les vieux ne sont pas sages, ils sont attachés à leur pouvoir, prêts à toutes les compromissions, envieux de la jeunesse et du génie de ceux qui font leur gloire. Brigitte Jaques-Wajeman accentue le caractère comique de l’œuvre en la confiant à une troupe absolument grandiose, dans un décor minimaliste composé d’une immense table où se négocie l’avenir des États et des hommes. Le tout dans un texte en alexandrins qui balance, terriblement efficace.

Ne me parlez pas d’amour

L’étonnante actualité de Nicomède, sa modernité et son humour corrosif ne se retrouvent pas aussi clairement dans Suréna, la dernière œuvre écrite par l’auteur, en 1674. La faute sans doute au sujet de la pièce. La princesse Eurydice aime Suréna, mais elle doit épouser un autre prince pour sceller une union politique. Le drame amoureux prend alors ses aises et s’étire quelque peu en longueur. Si l’on assiste à un très bon spectacle porté par les audaces des comédiens, on n’a pas, comme lors de la vision de Nicomède, l’impression de voir et d’entendre une pièce de Corneille pour la première fois. Mais une fois ces réserves émises, reste à louer le talent immense de Brigitte Jaques-Wajeman et de ses comédiens, capables, on n’en doute pas un instant, de faire aimer Corneille à tous les "alexandrinophobes" et autres récalcitrants aux textes classiques.

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