Jeudi 1 mars 2012 «Ne fais pas l’enfant !». Cette injonction que l’on entend dans Cent culottes et sans papiers pourrait servir de sous-titre à l’excellent texte de (...)
Les mises au goût du jour d'œuvres classiques ne sont pas sans risque. Le prolixe et toujours intéressant Sylvain Levey (auteur de Ouasmok, Alice pour le moment...) s’y est essayé sur Don Quichotte à la demande du jeune metteur en scène Grégory Benoit, le long d’un work in progress de plusieurs mois. Fini les moulins à vent et les chevaux. Bienvenue dans les pérégrinations d’un homme moderne. Ce Don Quichotte-là est incarné par Marc Ségala, qui tient à bout de bras ce spectacle et l’entame solidement, dans un numéro d’improvisation avec le public (souvent adolescent) parfaitement tenu. Les décors, signés Diane Thibault, sont une autre bonne surprise, celle-ci inventant successivement, avec autant d'ingéniosité que de malice, une forêt, une mégapole, un hôpital et un bateau à voile.
Problème : le texte devient vite caricatural et démonstratif. C’est d’autant plus dommage que le Don Quichotte urbain commence par dresser un tableau pertinent et cynique du monde actuel, où les hommes d’affaires ont construit des centres commerciaux «pour s’occuper le samedi» et des «complexes sportifs pour se détendre après le shopping afin de ne pas énerver le peuple». Mais ce constat de la démission d'une population qui se laisse amadouer sans mot dire se dissout dans une surcharge de références à des petites phrases usées jusqu’à la corde (du «casse-toi pauv’con» sarkozyste au «moi président» hollandiste en passant par les pommes et biscottes chiraquiennes) et, de fait, contre-productives. Le spectacle aurait pu s’arrêter là. Las, la suite n’est qu’une énième variation sur le mythe de Cervantès, qui finit d'alourdir une pièce qui ne tient ses promesses que dans sa première moitié.
Nadja Pobel
Notre Quichotte
Au Théâtre Astrée, mardi 11 février
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