C’est en 1996 que KompleXKapharnaüM, KxKm pour les intimes, pose ses valises dans ce qui est encore un no man’s land mal identifié, entre Vaulx-en-Velin et Villeurbanne : La Soie. Six ans plus tard, à force de travaux et d’installations de sièges d’entreprises, grâce à l’édification du centre commercial et à l’arrivée du métro, cette Confluence de l’est mute de façon spectaculaire. Du pain béni pour la compagnie qui, à travers la voix de son co-directeur artistique Stéphane Bonnard, dit «travailler la ville comme un espace scénographique. C’est une écriture contextuelle. Quand les premières phases de concertation concernant ce quartier ont commencé, on s’est dit qu’il y avait pour nous quelque chose à tenter sur l’identité. Les artistes avaient aussi leur mot à dire pour décrypter ce territoire et le rendre palpable».

Attention cependant, ceci n’est pas du théâtre de rue. Les créations de KxKm sont fonction du lieu qui passe commande, à l'image de l’impeccable Sous le ciel de Villeurbanne pour la réouverture du TNP en 2011, à base de projections de formes géométriques à la Mondrian sur les murs du théâtre, ou le plus nébuleux Place Public, présenté au pied du Palais des Papes d’Avignon, en plein festival, pour le centenaire de la naissance de Jean Vilar. Ce sont aussi, dans d'autres cas, des "expériences de territoire", à l'instar du projet qui s’achève ce week-end : les "Sentiers (devenus Fabulations) Pédestres Périphériques".

A leur origine, il y a cette idée de «de traverser ces lieux, ces maisons d’ouvriers avec jardins, ces immeubles, ces bâtiments en verre en train de pousser, ces terrains vagues… pour regarder la ville et comment elle se construit. C’est un quartier avec des poches de vie où on ne circule pas facilement à pied, même si c’est en train de changer». La marche apparait en effet à KxKm comme le meilleur moyen de lire le paysage «puisque dans la vie de tous les jours on a plutôt tendance à tracer, à ne plus vraiment regarder l’endroit où l’on est».

Madame rêve

Ce samedi entre 13h et 18h, KxKm invite donc chacun à se rendre au métro La Soie pour y remonter le fil d'éléments synoptiques, sur les traces d'une mystérieuse femme coiffée de bois de cerf qui, quand elle ne vagabonde pas sur les toits, sème le trouble jusque dans les écoles du quartier, distordant le habitudes des élèves en alignant les chaises des salles de classe dans les couloirs. «Il y aura des rencontres avec des compagnies et des artistes invités, comme Délices Dada, les Transformateurs ou l’école de musique de Villeurbanne, qui peu à peu vont livrer les éléments d’une histoire menée pendant plus d’un an dans le quartier, précise Stéphane Bonnard. Mais cela n’a rien à voir avec une enquête à la Quais du polar. C’est un prétexte à la flânerie et à la découverte, à titiller l’imaginaire». Se détacher du fonctionnalisme de la ville, y introduire une part d’irréel, de déraison et de fantasmagorie. Une autre idée de la dérégulation.

Fabulations pédestres périphériques
Samedi 11 octobre, à la station de métro Vaulx-La Soie