article partenaire
Quand on arrive en livre !

Le Théâtre des Marronniers fête 30 ans de bourgeonnement

La rue des Marronniers, haut lieu de théâtre

Théâtre des Marronniers

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

À quelques mètres du lieu où ont débuté les illustres Roger Planchon et Marcel Maréchal, le Théâtre des Marronniers a pris racine. A l'occasion du trentième anniversaire de cette salle dédiée à l'émergence, son directeur, Yves Pignard, revient avec nous sur son histoire. Nadja Pobel

Ils étaient au 3 bis. Lui est situé au 7. Mais l’histoire du Théâtre des Marronniers est indubitablement liée à celle de Roger Planchon et Marcel Maréchal qui, de 1953 à 1957 avec son Théâtre de la Comédie pour le premier, et de 1960 à 1968 avec son Théâtre du Cothurne pour le second, ont écrit une page majeure de l’histoire scénique. Désormais, se trouve là une des sorties du CNP Bellecour.

Mais quand le comédien Daniel-Claude Poyet décide, dans les années 80, de quitter la troupe de la Criée de Marseille (que dirige alors Marcel Maréchal, justement) pour revenir dans sa ville, et trouve un local (en fait ancien atelier de couture) à louer au 7 rue des Marronniers, il y voit le signe que le théâtre doit à nouveau être au cœur de ce secteur longtemps dédié à la jeunesse. En effet, la SEPR (Société d’Enseignement Professionnel du Rhône) y a installé son siège social à la fin du XIXe siècle et y a dispensé des cours jusqu’en 1978. Il a parallèlement vu naître, en 1944, à l’instigation d’André Philip (grand-père de l’actuel maire du 3e arrondissement), la République des Jeunes, préfiguration de la Fédération Française des MJC qui verra le jour quatre ans plus tard.

Dès 1985, dans ce théâtre de 50 places dont le credo est «l’acteur, l’auteur», comédiens débutants (comme Jean-Marc Avocat) et grands noms se retrouvent pour faire résonner des textes. La première pièce jouée sera un Phèdre en oratorio, mêlant de fait la musique à ce théâtre qui, aujourd’hui encore, la porte très haut. Et si les classiques ne sont pas exclus, Poyet cherche à faire entendre des écritures contemporaines. C’est son ami, comédien majeur de son époque (notamment chez Planchon), Gérard Guillaumat, qui lui fait découvrir la prose de Michel Aulas (père du patron de l’OL), endossant au passage la responsabilité de diriger le jeune acteur Yves Pignard pour interpréter ses «pagnoleries en Beaujolais» (sic), Claudine, Toine et les autres – des extraits en seront montés du 10 au 21 décembre sous le titre Empreintes.

Émerger

À 27 ans, ce jeune passionné de théâtre, assistant du premier directeur des affaires culturelles d’une mairie de France (Villefranche) et, de surcroît, diplômé de typographie de la SEPR, trouve naturellement sa place dans ce théâtre naissant, au point qu’en 1991, Poyet lui en laisse la direction. Pignard a, comme son frère Jean-Jacques (longtemps maire de Villefranche et responsable de la culture pour le Département du Rhône jusqu’à la naissance de la Métropole), la culture chevillée au corps, loin de tout apparat et de toute posture.

Formé par Lise Delamare de la Comédie-Française à la diction et aux alexandrins, il apprend aussi l’impro et le théâtre forum via le Théâtre de l’Opprimé d’Augusto Boal. C’est avec cette multitude de bagages et un intérêt pour de multiples formes d’expression corporelle qu’il programme des artistes comme Thierry Bordereau, Pierre-Alain Four et son ensemble Boréades (qui mélange baroque et rock), la Quincaillerie Moderne, Renaud Lescuyer… et qu’il se donne pour mission de «les accompagner dans d’autres cercles, ceux des Scènes nationales et des CDN». Que les créateurs soient jeunes n’est pas une condition sine qua non, mais le projet est forcément à chaque fois naissant. Et si l’aventure de ce théâtre est d’initiative totalement privée, elle est vite repérée par la Ville et la DRAC – et aujourd’hui complètement inscrite parmi les Scènes Découvertes, ce label créé en 2002 par Patrice Béghain, ex-adjoint à la culture de Lyon.

Les subventions publiques des Marronniers s'élèvent aujourd’hui à 105 000€ par an, auxquels s'ajoutent l’apport d’un club d’entreprises né du désir d’un fabriquant tassilunois de céramiques, Alain Bernard. Anecdotique ? Certainement pas, ce maillage en forme de manifeste prouvant que si la culture se doit d'être une préoccupation des responsables publics, elle ne peut être totalement dépendante d'eux.

Consolider

Mais la complémentarité est aussi et surtout valable sur le plan artistique. «Il faut assurer la pérennité des spectacles analyse Yves Pignard ; la plupart de ceux qui passent chez nous ont une vie après, comme par exemple le chanteur lyrique Guillaume Andrieu qui tourne dans de nombreux opéras.» Pour cela, il s’attache à donner une visibilité à chaque équipe accueillie (pas plus de neuf par an, qui jouent deux semaines plutôt que quelques jours) et à créer des passerelles avec le Conservatoire (le festival Éclosions en mai), avec le département d’écriture de l’ENSATT (Les Apéritives, lectures tout au long de l’année), le TNG..

Pour fêter ce trentième anniversaire, Yves Pignard remontera lui-même sur les planches de cette salle de poche, pour tenter une nouvelle fois de «donner du sens» à ce monde dézingué et éternellement post-traumatique que Planchon, Maréchal et Poyet n’auront pas eu le temps de voir.

"La rue des Marronniers, haut lieu de théâtre"
À la mairie du 2e arrondissement, mercredi 2 décembre

"Célestins, Ateliers, Marronniers, trois théâtres, trois statuts, enjeux et perspectives"
Au Théâtre des Marronniers jeudi 3 décembre

De la terre beaujolaise à une autre… Empreintes
Au Théâtre des Marronniers du 10 au 21 décembre

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Jeudi 4 novembre 2021 La gamine de la Croix-Rousse prolo a bien grandi. À 70 ans sonnés, la pause du confinement aidant, la comédienne Myriam Boyer fait dans une biographie tout juste parue un retour arrière sur ses vies de cinéma et de théâtre. Où l’on croise...
Mercredi 8 septembre 2021 100 ans en plein Covid, 101 ans cette année. Enfin le TNP peut convoquer son histoire lors d’un mois de septembre dense et réjouissant. De Paris à Villeurbanne, de Firmin Gémier à Jean Bellorini,  l’aventure du théâtre national populaire...
Mercredi 22 mars 2017 Depuis 1991, Rhône-Alpes cinéma se pose en productrice des films produits sur son territoire. Naviguant entre échecs et beaux succès critiques ou publics, cette activité joue sur la santé économique de la région et son prestige extérieur. 25 ans...
Mardi 31 janvier 2017 On a déjà évoqué les sympathiques Causeries du 3e, ce cycle de rendez-vous initié par Bernard Chardère et Patrick Picot, qui prend place dans la salle (...)
Mardi 24 janvier 2017 Elle vient d'être nommée à la tête des Clochards Célestes. Sa mise en scène ultra rythmée du Tailleur pour dames de Feydeau fait salle comble dans la Célestine. Louise Vignaud aime rien tant que raconter des histoires : voici la sienne.
Mardi 13 septembre 2016 Parmi la pléthorique offre de visites plus ou moins inédites proposées durant ces Journées du Patrimoine, en voici quatre qui nous ont émoustillé. Et en prime, tout le programme en bas de l'article.
Jeudi 30 juin 2016 Comédienne phare de Roger Planchon des années 50 à 70, Isabelle Sadoyan, 87 ans, continue à arpenter les plateaux de théâtre avec la vitalité d’une jeune fille. Rencontre chez elle, à Villeurbanne, au moment où elle lègue au Rize les archives de son...
Dimanche 21 octobre 2012 Cinquante personnes sur scène pour raconter les mois de mai, juin et juillet 68 vus sous le prisme du théâtre. C’est la grande épopée à laquelle nous convie Christian Schiaretti sur un des lieux même où s’est déroulée l’action de ces mois agités et...
Vendredi 6 janvier 2012 Il aimait Labiche, Vinaver, Marivaux et Shakespeare et écrivait des histoires de la paysannerie dont il est issu. Depuis un an, toutes ses pièces sont (...)
Vendredi 4 novembre 2011 Story / Ce n’est pas une superstition qui se cache derrière le 11.11.11, date de réouverture du TNP de Villeurbanne, mais un hommage à son passé : le lieu a été inauguré le 11 novembre 1920 au Trocadéro, à Paris. Depuis 1972, l’un des plus...
Vendredi 15 mai 2009 Actu / Roger Planchon a définitivement quitté la scène mardi 12 mai, quelques semaines après les dernières représentations de sa dernière création "Amédée ou comment (...)
Jeudi 14 mai 2009 La disparition de Roger Planchon a suscité de nombreuses réactions officielles. Retrouvez-les ci-dessous dans leur intégralité.
Mercredi 13 mai 2009 Nécro / Roger Planchon est décédé mardi 12 mai, à 77 ans, succombant à une crise cardiaque. Retour sur un parcours exceptionnel.
Lundi 13 octobre 2008 Roger Planchon ne s'arrêtera jamais. Septuagénaire, le comédien-metteur en scène s'amuse encore à faire du théâtre. Jusqu'au 19 octobre au Studio 24 de (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X