De l'art de parler (et de se taire)

Des esquisses de travail, une première et surtout le retour de la précieuse troupe de Pôle Nord : voilà de bonnes raisons pour se rendre au festival Paroles, paroles de la Mouche, une salle d'une vitalité rare toute la saison durant.

Dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler la Métropole, un théâtre se place à l’avant-garde en terme de programmation : celui de la Mouche à Saint-Genis-Laval. Savoir enfin qui nous buvons, fable viticole prévu en juin aux Subsistances dans le cadre du festival UtoPistes, qui a triomphé au 104 parisien, été couverte d’éloges dans Le Monde et ailleurs a fait l’ouverture de la saison passée de la Mouche. Retour à Reims, d’après le virulent livre de Didier Eribon et mis en scène par l’excellent Laurent Hatat est passé par Vienne ce mois-ci : il sera le 27 mai à Saint-Genis. Le déchirant solo Rendez-vous gare de l’Est niché dans la petite salle de la Croix-Rousse cet hiver était en octobre dans ce même théâtre de la Mouche… N’en jetez plus !

Ce flair indiscutable est celui de Gabriel Lucas de Leyssac, dynamique directeur de la salle, qui a aussi initié Paroles Paroles, événement annuel. Du 30 mars au 6 avril, il accueille notamment la nouvelle création d’Eric Massé, Light spirit, sorte de combat littéraire avec les mots de Voltaire et ceux des poètes d’aujourd’hui sur des grands thèmes développés dans le Dictionnaire philosophique : l’amour, la guerre, la religion… avant que ne soient lues à de petits groupes de spectateurs des mots de Sade.

En résidence depuis trois ans ici, la compagnie Cassandre s’éloignera du didactisme qui collait à son T.I.N.A. pour s’approcher de la violence subie par une fillette à l’école (Sales gosses de la roumaine Mihaela Michailov) à travers une lecture, prémices peut-être d’une création.

Mais la pièce immanquable de cette semaine est celle des membres de Pôle Nord, L’Ogre et l’enfant, expérience étrange, quasi muette, dérangeante, mettant en scène des êtres cherchant une place dans la société autant que dans leur corps trop rigides. Coincés, engoncés, faits comme des rats, ils sont menaçants parce que menacés. La violence est sourde et lente mais elle suinte par leurs pores comme par ceux d’un monde au bord de l’implosion. NP

Festival Paroles, paroles
La Mouche hors les murs du 30 mars au 6 avril

www.la-mouche.fr

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