Amour
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert
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Pour la deuxième fois de la saison, le quadra russe Ivan Viripaev est à l'affiche par ici. Le théâtre de l'Iris avait livré une version imbibée et très bien menée des Enivrés en mars ; une nouvelle occasion d’entendre cette langue tout en méandres est donnée à l'Elysée. De quoi nous parle Viripaev ? De l'effondrement des certitudes. Du fait que personne n'est vraiment celui qu'il incarne (une prostituée et un directeur de festival dans Les Enivrés : le moins sérieux des deux n'est pas forcément celui que sa fonction désigne comme tel). Et d'amour, le plus pur qui soit après cinquante ans de mariage (mais la longévité ne signifie en fait rien).
Olivier Maurin voulait porter un texte pas trop à vif des éclats du monde ; il a peut-être trouvé plus cruel encore. Dennis a 84 ans et va mourir. Il fait alors une ultime déclaration d'amour fou et de reconnaissance à Sandra, sa conjointe indéfectible — cet amour n'existe que dans la réciprocité, nous dit-on. Quand elle s’apprête à son tour à trépasser, quelques mois plus tard, elle rend visite à Albert, un ami du couple depuis le début et lui avoue que s'il n'avait pas été déjà engagé avec Margaret, elle l'aurait épousé : « l'amour est un don. Le véritable amour ne réclame rien, ne prétend à rien. »
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert
Ces retournements de situations n'en sont qu'à leurs débuts. Et pour faire progresser ce dérèglement poussé à l'absurde, Olivier Maurin a placé ses quatre comédiens au milieu du public convié à une grande table en U, comme un cérémonial de fin de vie.
Clémentine Allain, en charge durant la première demi-heure du monologue d'ouverture, est bouleversante, faisant ressurgir une réminiscence du couple Trintignant / Rivat dans Amour de Haneke. C'est sur ces rails solides que les trois autres progressent, contournant comme ils le peuvent ce défaut bien partagé par les auteurs contemporains — écrire à la 3e personne, cassant de facto l'action. Sans gestes inutiles, ces personnages rôdent autour de nous, cherchant une place qu'il est bien vain de vouloir trouver.
Illusions
Au théâtre de l'Elysée jusqu'au vendredi 10 juin
Pour la deuxième fois de la saison, le quadra russe Ivan Viripaev est à l'affiche par ici. Le théâtre de l'Iris avait livré une version imbibée et très bien menée des Enivrés en mars ; une nouvelle occasion d’entendre cette langue tout en méandres est donnée à l'Elysée. De quoi nous parle Viripaev ? De l'effondrement des certitudes. Du fait que personne n'est vraiment celui qu'il incarne (une prostituée et un directeur de festival dans Les Enivrés : le moins sérieux des deux n'est pas forcément celui que sa fonction désigne comme tel). Et d'amour, le plus pur qui soit après cinquante ans de mariage (mais la longévité ne signifie en fait rien).
Olivier Maurin voulait porter un texte pas trop à vif des éclats du monde ; il a peut-être trouvé plus cruel encore. Dennis a 84 ans et va mourir. Il fait alors une ultime déclaration d'amour fou et de reconnaissance à Sandra, sa conjointe indéfectible — cet amour n'existe que dans la réciprocité, nous dit-on. Quand elle s’apprête à son tour à trépasser, quelques mois plus tard, elle rend visite à Albert, un ami du couple depuis le début et lui avoue que s'il n'avait pas été déjà engagé avec Margaret, elle l'aurait épousé : « l'amour est un don. Le véritable amour ne réclame rien, ne prétend à rien. »
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert
Ces retournements de situations n'en sont qu'à leurs débuts. Et pour faire progresser ce dérèglement poussé à l'absurde, Olivier Maurin a placé ses quatre comédiens au milieu du public convié à une grande table en U, comme un cérémonial de fin de vie.
Clémentine Allain, en charge durant la première demi-heure du monologue d'ouverture, est bouleversante, faisant ressurgir une réminiscence du couple Trintignant / Rivat dans Amour de Haneke. C'est sur ces rails solides que les trois autres progressent, contournant comme ils le peuvent ce défaut bien partagé par les auteurs contemporains — écrire à la 3e personne, cassant de facto l'action. Sans gestes inutiles, ces personnages rôdent autour de nous, cherchant une place qu'il est bien vain de vouloir trouver.
Illusions
Au théâtre de l'Elysée jusqu'au vendredi 10 juin
Crédit Photo : © DR
D'Ivan Viripaev, ms Olivier Morin, par la Cie Ostinato. Les dernières paroles d'un homme à sa femme Théâtre de l'Élysée 14 rue Basse-Combalot Lyon 7e
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
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