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Seul en scène

Vincent Dedienne : « La scène, un lieu sacré »

Alors qu'il s'apprête à jouer (à guichet fermé) les dernières dates de son seul en scène si émouvant, Vincent Dedienne nous parle, avec une sincérité qui n'est pas si commune, du théâtre, de son amour du jeu, du cinéma à venir et de cette diversion qu'est la télévision. Sans oublier la joie.

Seul en scène

Vincent Dedienne : « La scène, un lieu sacré »

Alors qu'il s'apprête à jouer (à guichet fermé) les dernières dates de son seul en scène si émouvant, Vincent Dedienne nous parle, avec une sincérité qui n'est pas si commune, du théâtre, de son amour du jeu, du cinéma à venir et de cette diversion qu'est la télévision. Sans oublier la joie.

Vincent Dedienne : « La scène, un lieu sacré »

par Nadja Pobel

Mardi 26 septembre 2017
6031
LECTURES

par Nadja Pobel

Mardi 26 septembre 2017
6031
LECTURES

Vous avez suivi une des formations les plus solides pour un comédien en France, la Comédie de Saint-Etienne. Comment y êtes- vous arrivé ?
Vincent Dedienne : Comme je voulais faire du spectacle quand j'ai découvert Muriel Robin, j'ai fait un bac théâtre. J'ai dû aller pour cela à Chalon sur Saône, le seul endroit où il y avait cette option dans mon département. Puis je ne savais pas quoi faire après le bac alors je suis allé à Lyon en fac d'art du spectacle. Alors c'était déjà... à Bron (rires). C'était très théorique or je pensais que j'allais jouer la comédie. J'y suis donc peu allé et j'ai entendu parler de l'école de la Scène du Saône. J'ai passé le concours l'année d'après. C'est là que je me suis fait tous mes copains et que j'ai joué beaucoup. Et un garçon de ma promo, Gabriel Le Chevallier, passait les concours des grandes écoles ; je lui ai donné la réplique à Rennes. On a fait 9h de train pour trois minutes de scène. Après il passait Saint-Étienne ; là je me suis inscrit aussi parce que ça faisait trop de train pour même pas avoir un peu de trac. Je n'ai passé que Saint-Étienne. J'ai été pris. Si je passais ces concours aujourd'hui, je n'en aurais aucun je pense mais à l'époque, j'aurais pu tous les avoir, j'étais pile poil mûr. J'étais foutraque, c'était le meilleur moyen.

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ECRANS le Jeudi 21 septembre 2017 | par Nadja Pobel


Quand vous avez eu le Molière du meilleur seul en scène en février dernier, vous avez parlé de la décentralisation. Mais quand vous rentrez à l'école vous n'avez pas vraiment conscience de vous inscrire dans cette histoire-là ?
Non c'est en entrant à Saint-Étienne que je m'en rends compte. C'est là aussi que je commence à lire du théâtre en dehors du programme du lycée. Je lis Shakespeare, Corneille, je découvre Lagarce et aussi le travail d'équipe, la notion de troupe, ce qu'étaient les autres métiers du théâtre car l'école est dans un CDN. On savait ce qu'était un éclairagiste, un sondier, un RP (NdlR : personne chargée des relations publiques). Et on a commencé à jouer beaucoup en décentralisation. On prenait une voiture le matin à 9h pour aller jouer dans les lycées, on allait la où le théâtre n'allait pas normalement. Ça m'a marqué, ça a eu beaucoup de sens et je me suis débrouillé pour que cette tournée ne passe pas que par Auxerre, Dijon, Nevers mais aille là où des spectacles normalement ne se jouent pas.
Je suis vraiment provincial. Je suis né dans les vignes. Je me sens un enfant de la décentralisation. C'est grâce à ça que j'ai vu un spectacle pour la première fois quand j'étais petit, grâce à la décentralisation que j'ai commencé à jouer vraiment. En fait, on jouait beaucoup avec Saint-Étienne, parfois quatre fois par jour des petites formes. C'est ça qui m'a formé.

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SCENES le Mardi 18 février 2014 | par Aurélien Martinez


Vous avez joué Molière, Guibert... puis vous n'avez plus continué ce théâtre "sérieux". Est-ce que ça vous a fait peur ? Car vous arrivez à la Comédie avec des références qui ne sont pas celles des autres (Maillan, Robin...)
Les profs voient très bien ce que je sais faire. Il voient un petit Palmade et ils m'interdisent de le faire, puisque je sais le faire, j'oublie ça pendant trois ans. Je suis vraiment bien tombé de ce point de vue. Mais en même temps, je n'étais pas du tout formé, je n'avais pas fait des écoles préparatoires qui parfois standardisent. Le premier stage était sur Shakespeare. J'ai dû jouer Richard III avec le même élan, la même fougue que je mettais pour faire L'Addition de Muriel Robin dans les fêtes de famille. Ça me rendait très heureux, ça plaisait aux profs. Après je suis rentré dans le dur, j'ai commencé à savoir moins les choses : on peut pas jouer Claudel comme on joue Anne Roumanoff. En essayant de pas être trop contaminer par l'esprit de sérieux qui plombe un peu parfois ce genre d'école, je me suis quand même pris au jeu et ça ne m'a pas fait peur. C'est un milieu bizarre surtout à Lyon, y'a des chapelles, des écoles, les familles se mélangent pas beaucoup entre les sortants de l'ENSATT, du Conservatoire etc... c'est assez hiérarchisé. Mais je me suis pas sauvé du théâtre public parce que ça me plaisait pas.

Dans votre spectacle, vous parlez justement du "sérieux" du théâtre qui prend des grands airs avec Tchekhov, Shakespeare... On voit bien que vous n'êtes pas méchant avec ce théâtre-là mais il est aussi parfois repoussoir ?
Oui mais il y a de la méconnaissance des deux côtés. Il y a un certain snobisme du théâtre public qui est surtout lié à la méconnaissance. Il y a quand même des gens du théâtre public qui sont des fous du boulevard et qui savent ce que c'est : qu'il y a de la médiocrité et aussi du bon. Les lignes sont en train de bouger. C'est pareil de l'autre côté. Il y a un complexe d'infériorité du théâtre privé qui tend à dire que dans le public ce sont tous des snobs, des intellos et ce n'est pas vrai non plus. Il y a des gens comme très joyeux dans le public comme Pierre Guillois très joyeux, et à l'inverse Pommerat ou Françon s'aventurent dans le privé. Quand je suis arrivé à Saint-Etienne, j'ai quand même senti que mes influences étaient un peu rivales. Mais ça bouge. Je pensais pas que je le verrais et qu'un directeur, comme celui de la Porte Saint-Martin passerait son temps à parcourir les CDN en France. C'est vraiment bien. Je pensais que ce serait plus lent.
Michel Fau avait dit que n'appartenir à aucune chapelle était un combat. Bon ce n'est pas un combat très héroïque mais quand même y'a un peu de ça. Faut être un peu vigilant car on a tendance à catégoriser les gens.

Quel spectateur es-tu ?
À Lyon, j'allais beaucoup aux Célestins, à la Croix-Rousse, au TNP. Quand je me suis installé à Paris j'allais quatre ou cinq fois au théâtre par semaine. Là j'ai moins le temps et ça me manque.

Qu'est-ce qui te porte ? Quels sont les metteurs en scène que tu suis ?
Pierre Guillois je l'aime beaucoup (NdlR : Bigre!). Je suis aussi bluffé par Pommerat. Je voudrais voir le spectacle de Caroline Guiela Nguyen (Saïgon). Je vais vois tout ce que fait Anne Alvaro. Je suis vraiment très gourmand.

Et vous allez aussi dans le privé ?
Je suis allé voir Catherine Hiegel dans le spectacle de Pierre Notte (La Nostalgie des blattes), je vais voir Palmade, Les Grands de Fanny de Chaillé sur les conseils de Michel Raskine. C'est mon grand bonheur d'aller à la fois au Point Virgule (faut que j'aille voir le dernier spectacle d'Alex Ramires) et le lendemain à la Colline. Ça me nourrit d'autant que mon spectacle va bientôt s'arrêter et c'est un peu la moindre des politesses pour les spectateurs de me nourrir un peu à droite à gauche.

Sur votre spectacle précisément, d'où vient ce titre étrange « S'il se passe quelque chose... » ?
Quand j'ai décidé que ce serait le titre je me suis dit que si le spectacle n'était pas bien, les critiques allaient s'en donner à cœur joie : il ne se passe rien ! Quand j'ai commencé a écrire le spectacle, je pensais que mon plus grand plaisir allait être de trouver le titre et en fait ça été l'enfer. Je l'ai trouvé deux jours avant la première. J'hésitais avec « Ce que révélera l'autopsie ». J'aimais bien cette phrase lue en exergue d'un roman dont je ne me souviens plus le titre : « on naît, on meurt et puis c'est tout et s'il se passe quelque chose entre les deux, c'est mieux ». J'adorais. Et je me disais que comme c'était mon premier spectacle, une tentative de réconcilier mes goûts d'enfance, d’adolescence et ma formation théâtrale, « s'il se passe passe quelque chose », était une façon de voir si la mayonnaise allait prendre, si le cocktail allait exploser. Il sonnait aussi comme lorsqu'on va à un rencard amoureux et qu'on se demande si on va s'aimer, si on aura rien ou quelque chose à se dire.

Vous aurez joué ce spectacle quatre ans... comment a-t-il (ou pas) évolué ?
Les gens disent que ça a été fulgurant mais moi je n'ai pas eu de vertige. Ça s'est passé par étapes. Prenons l'exemple de Lyon : j'ai joué à l'espace Gerson puis la salle Rameau puis au théâtre de la Croix-Rousse et Radiant. Ça fait des petites marches. C'est harmonieux. J'ai vraiment de la chance. Ça n'a pas été laborieux. Le spectacle est aussi arrivé au bon moment. Quand j'ai commencé à le jouer, je me rappelle que tout le monde commencait à se lasser du Jamel Comedy Club sur les sujets communautaires, avec des personnes sur scène qui n'étaient pas acteurs, avec un texte pas précis... Ça s’essoufflait. Et les gens me disaient « ah un comédien ça fait du bien avec un texte qui a l'air un peu chiadé ».

Le texte justement a-t-il changé en quatre ans, peut-être pour ne pas vous ennuyer ?
Ah non et je ne me suis jamais ennuyé. Je suis toujours content de le retrouver. Je m'amuse comme un petit fou mais je ne le pensais pas au début. Je me disais que les seuls en scène m'avaient fait rêver quand je voyais Robin, Palmade mais que ce sera peut-être pour moi l'angoisse, la solitude, que j'allais chercher mes partenaires, que je n'allais pas aimer ça et ne le jouer peut-être que deux fois.

Ce qui fait que ça a duré est peut-être justement que vous jouez sans être dupe de la fausse interaction avec le public. Vous connaissiez le rapport scène/salle au théâtre...
Oui j'avais intégré les codes et le public est quand même un partenaire même si je fais mine de le mettre à distance. Et les salles sont différentes tous les soirs. Il n'y a pas de différences entre Paris et province. À Paris les salles peuvent être différentes tous les soirs puisque le spectacle est un peu le cul entre deux chaises. Parfois il penche un peu plus vers l'émotion et y'a moins de rire, parfois c'est l'inverse.

C'est un spectacle dont on a beaucoup entendu parlé mais duquel il y a très peu d'extraits vidéo. Vous avez, avec votre équipe, chercher à le protéger ?
Oui. Tu te fais vite déposséder d'un spectacle et après sur internet tu peux quasiment le reconstituer. Et en plus les vidéos donnent une fausse idée. Et j'aime bien que les gens ne sachent pas ce qu'ils vont voir. Je n'ai pas réussi à garder la nudité secrète mais j'aurais bien aimé.

Il ne suffit pas d'avoir des blagues en stock ; l'occupation d'un plateau ne s'invente pas. C'est même criant lorsqu'on voit « S'il se passe quelque chose »...
Je suis content de voir qu'il n'y a pas que les gens de théâtre qui le disent. Moi ça me rend fou que des gens montent sur scène sans que ce soit leur métier. Je ne suis pas un ayatollah. Je ne veux pas qu'il y est des cartes professionnelles délivrées mais ça ne me viendrait pas à l'idée d'aller opérer un cheval en disant au vétérinaire que ça ne doit pas être bien dur. J'ai été un peu élevé dans l'idée que la scène était un lieu un peu sacré. Je n'y monte jamais avec mes chaussures de ville. J'aime pas qu'on bouffe sur le plateau, qu'on y laisse traîner des trucs. C'est un endroit un peu protégé. Alors quand je vois un type ou une fille qui monte sur scène sans savoir faire, ça me fait chier.
C'est pour ça que l'étiquette humoriste ne me va pas. C'est une qualité d'être rigolo. Et j'ai plein de copains qui sont rigolos, peut-être bien plus que moi dans le salon en buvant des bières, et pourtant ils ne montent pas sur scène car ce n'est pas leur métier. Il ne s'agit pas simplement d'être drôle. Sur scène faut être comédien.

Désormais c'est le cinéma qui se profile. Quels sont ces nouveaux projets ?
Ça commence très prochainement dans un film de Marie-Castille Mention-Schaar (réalisatrice du Ciel attendra), c'est un film choral. Je suis le fils de Nicole Garcia. Il y a Clotilde Courau, Gustave Kervern, Carmen Maura. On a tous six jours de tournage. Puis il y a deux autres films : un écrit par Camille Chamoux réalisé par Patrick Cassir avec Camille Cottin, Jérémie Elkaim et Jonathan Cohen ; puis un film avec Balasko en janvier. Et je serai au théâtre de la Porte Saint-Martin dès le 16 janvier dans Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux mis en scène par Catherine Hiegel avec Nicolas Maury (vu chez Robert Cantarella et dans la série Dix pour cent) et Clotilde Hesmes.
Je suis content de jouer un texte qui n'est pas le mien car je ne me considère pas comme un bon auteur, je me mets même tout en bas de la liste. À force les gens vont croire que je me surkiffe comme auteur alors que pas du tout. Les grands textes me manquent.

À la télévision, chez Yann Barthès cette saison encore, j'ai le sentiment de voir le versant politique de votre personnalité. Vous ne cachez pas vos préférences comme lorsque vous vous affirmez homosexuel, c'est un détail, pas un étendard et en même temps une politesse vis-à-vis des spectateurs : voilà qui vous êtes.
Ah j'adore ça, ce que vous venez de dire. C'est à dire que ce n'est pas un effort de ma part ni une revendication mais j'ai envie dêtre honnête. Comme la télévision n'est pas mon métier, que je ne veux pas que ça prenne le pas sur le reste, que je le fais comme une récréation, je veux le faire avec le minimum de contraintes. J'ai envie d'être sincère et c'est dur à la télévision car c'est un format qui fait vite dire ce que qu'on n'a pas envie de dire ; or je ne veux pas cacher mes agacements. En fait je m'amuse. Sur l'homosexualité, quand je dis que Xavier Dolan est beau, je ne veux pas me demander ce que les gens vont en penser etc... Ce n'est pas mon métier donc je me dis « détends-toi ». Sur la politique, c'est un peu piégeant. Quand je me suis retrouvé face à des gens du Front national, je me suis dit que je ne pouvais pas être dans un rire de connivence car je me sentirais trop mal. Dès que tu acceptes d'être face des gens comme ça, ça devient politique malgré soi. Sur les Bios interdites de Canal +, on a peut-être réussi un petit truc : confronter les gens à leur auto-dérision et à leur masque médiatique, à leur discours, au fait qu'ils étaient plus rodés que moi. J'étais un puceau naïf et candide et eux n'ont pas l'habitude de ça.

Avez-vous conscience, sur une chronique de septembre 2016 où vous mettez en parallèle deux articles du JDD, l'un sur les tiques, l'autre sur la Manif pour tous, qu'après coup, vous véhiculez un discours progressiste que l'on entend pas si souvent ?
Je ne m'en pas rends compte et je ne veux pas m'en rendre compte. Je ne manigance rien. Je ne me dis pas que je vais me farcir untel. Sur Inter, on connaît les invités et je ne voulais faire ça. A la télé, je regarde la presse, je me laisse aller à mes agacements, mes fantaisies, je ne me demande pas si ça va raisonner. Une chronique est une forme très légère qui ne doit pas avoir plus de poids que ça sinon je ne fais plus de théâtre et c'est pour moi vraiment le théâtre qui est important.
Ces dernières années, on s'est habitué à ce qu'on envisageait pas il y a trois ans. Que des bombes pètent à tous les coins de l'Europe tous les jours. Ça contamine nos rêves. Que Marine Le Pen soit invitée partout. Que Robert Ménard dise des choses énormes sur les plateaux, on commence à en raffoler, il est partout.

Et est-ce que ça vous inquiète par exemple de voir que sur la promesse de la PMA ouverte à toutes les femmes, le gouvernement recule déjà ?
Faut être vigilant. Y'a des choses très inquiétantes et qui m'accablent et j'aime bien aussi dire que j'aime bien mon époque. Je trouve qu'on ne l'entend pas beaucoup. C'est pas très à la mode de dire que cette époque est quand même assez réjouissante sur plein d'aspects. On se prive beaucoup de potentiel de joie. Quand je vois l'énergie, la pulsion de vie qu'a créé 120 battements par minute... Macron, même si je suis resté bien campé sur une méfiance, je trouve que ça a donné un coup d’enthousiasme où tout n'était pas à foutre à la poubelle. Et c'est politique aussi de convoquer son potentiel de joie plutôt que le potentiel acerbe ou réac.
Mais en même temps, je ne suis pas un amuseur professionnel. Si je suis vraiment déprimé et qu'il faut aller à la télévision faire le guignol, ça va trop me coûter. Des fois, j'ai pu aller à la télé en n'ayant pas envie de faire rigoler et en disant que j'avais plutôt envie de faire écouter une chanson triste. Mais comme je suis quand même de nature assez joyeuse, j'aime bien que ce soit ça qui passe. La contagion par la joie, j'y crois.

Quand vous faites la radioscopie d'Anne Sylvestre dans un petit lieu comme le Lavoir, sans annonce médiatique, sans tambour ni trompette, ça participe de cette joie ?
Ah oui ça me plaît bien. Dès que j'ai une occasion de faire la fête, de réunir des gens dans une petite ou une grande salle pour chanter des chansons, pour dire de la poésie, je le fais... On est allé jouer récemment au fin de la banlieue narbonnaise dans un gymnase de pelote basque. Les adhérents de la société de pelote basque faisaient les gaufres. C'était hyper joyeux. Je suis le premier à vouloir faire la fête.

Vincent Dedienne
Au Toboggan le 27 septembre ; au Radiant les 19, 20, 25 et 26 septembre et les 20 et 21 octobre

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ECRANS le Jeudi 21 septembre 2017 | par Nadja Pobel


Quand vous avez eu le Molière du meilleur seul en scène en février dernier, vous avez parlé de la décentralisation. Mais quand vous rentrez à l'école vous n'avez pas vraiment conscience de vous inscrire dans cette histoire-là ?
Non c'est en entrant à Saint-Étienne que je m'en rends compte. C'est là aussi que je commence à lire du théâtre en dehors du programme du lycée. Je lis Shakespeare, Corneille, je découvre Lagarce et aussi le travail d'équipe, la notion de troupe, ce qu'étaient les autres métiers du théâtre car l'école est dans un CDN. On savait ce qu'était un éclairagiste, un sondier, un RP (NdlR : personne chargée des relations publiques). Et on a commencé à jouer beaucoup en décentralisation. On prenait une voiture le matin à 9h pour aller jouer dans les lycées, on allait la où le théâtre n'allait pas normalement. Ça m'a marqué, ça a eu beaucoup de sens et je me suis débrouillé pour que cette tournée ne passe pas que par Auxerre, Dijon, Nevers mais aille là où des spectacles normalement ne se jouent pas.
Je suis vraiment provincial. Je suis né dans les vignes. Je me sens un enfant de la décentralisation. C'est grâce à ça que j'ai vu un spectacle pour la première fois quand j'étais petit, grâce à la décentralisation que j'ai commencé à jouer vraiment. En fait, on jouait beaucoup avec Saint-Étienne, parfois quatre fois par jour des petites formes. C'est ça qui m'a formé.

Vous avez joué Molière, Guibert... puis vous n'avez plus continué ce théâtre "sérieux". Est-ce que ça vous a fait peur ? Car vous arrivez à la Comédie avec des références qui ne sont pas celles des autres (Maillan, Robin...)
Les profs voient très bien ce que je sais faire. Il voient un petit Palmade et ils m'interdisent de le faire, puisque je sais le faire, j'oublie ça pendant trois ans. Je suis vraiment bien tombé de ce point de vue. Mais en même temps, je n'étais pas du tout formé, je n'avais pas fait des écoles préparatoires qui parfois standardisent. Le premier stage était sur Shakespeare. J'ai dû jouer Richard III avec le même élan, la même fougue que je mettais pour faire L'Addition de Muriel Robin dans les fêtes de famille. Ça me rendait très heureux, ça plaisait aux profs. Après je suis rentré dans le dur, j'ai commencé à savoir moins les choses : on peut pas jouer Claudel comme on joue Anne Roumanoff. En essayant de pas être trop contaminer par l'esprit de sérieux qui plombe un peu parfois ce genre d'école, je me suis quand même pris au jeu et ça ne m'a pas fait peur. C'est un milieu bizarre surtout à Lyon, y'a des chapelles, des écoles, les familles se mélangent pas beaucoup entre les sortants de l'ENSATT, du Conservatoire etc... c'est assez hiérarchisé. Mais je me suis pas sauvé du théâtre public parce que ça me plaisait pas.

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Dans votre spectacle, vous parlez justement du "sérieux" du théâtre qui prend des grands airs avec Tchekhov, Shakespeare... On voit bien que vous n'êtes pas méchant avec ce théâtre-là mais il est aussi parfois repoussoir ?
Oui mais il y a de la méconnaissance des deux côtés. Il y a un certain snobisme du théâtre public qui est surtout lié à la méconnaissance. Il y a quand même des gens du théâtre public qui sont des fous du boulevard et qui savent ce que c'est : qu'il y a de la médiocrité et aussi du bon. Les lignes sont en train de bouger. C'est pareil de l'autre côté. Il y a un complexe d'infériorité du théâtre privé qui tend à dire que dans le public ce sont tous des snobs, des intellos et ce n'est pas vrai non plus. Il y a des gens comme très joyeux dans le public comme Pierre Guillois très joyeux, et à l'inverse Pommerat ou Françon s'aventurent dans le privé. Quand je suis arrivé à Saint-Etienne, j'ai quand même senti que mes influences étaient un peu rivales. Mais ça bouge. Je pensais pas que je le verrais et qu'un directeur, comme celui de la Porte Saint-Martin passerait son temps à parcourir les CDN en France. C'est vraiment bien. Je pensais que ce serait plus lent.
Michel Fau avait dit que n'appartenir à aucune chapelle était un combat. Bon ce n'est pas un combat très héroïque mais quand même y'a un peu de ça. Faut être un peu vigilant car on a tendance à catégoriser les gens.

Quel spectateur es-tu ?
À Lyon, j'allais beaucoup aux Célestins, à la Croix-Rousse, au TNP. Quand je me suis installé à Paris j'allais quatre ou cinq fois au théâtre par semaine. Là j'ai moins le temps et ça me manque.

Qu'est-ce qui te porte ? Quels sont les metteurs en scène que tu suis ?
Pierre Guillois je l'aime beaucoup (NdlR : Bigre!). Je suis aussi bluffé par Pommerat. Je voudrais voir le spectacle de Caroline Guiela Nguyen (Saïgon). Je vais vois tout ce que fait Anne Alvaro. Je suis vraiment très gourmand.

Et vous allez aussi dans le privé ?
Je suis allé voir Catherine Hiegel dans le spectacle de Pierre Notte (La Nostalgie des blattes), je vais voir Palmade, Les Grands de Fanny de Chaillé sur les conseils de Michel Raskine. C'est mon grand bonheur d'aller à la fois au Point Virgule (faut que j'aille voir le dernier spectacle d'Alex Ramires) et le lendemain à la Colline. Ça me nourrit d'autant que mon spectacle va bientôt s'arrêter et c'est un peu la moindre des politesses pour les spectateurs de me nourrir un peu à droite à gauche.

Sur votre spectacle précisément, d'où vient ce titre étrange « S'il se passe quelque chose... » ?
Quand j'ai décidé que ce serait le titre je me suis dit que si le spectacle n'était pas bien, les critiques allaient s'en donner à cœur joie : il ne se passe rien ! Quand j'ai commencé a écrire le spectacle, je pensais que mon plus grand plaisir allait être de trouver le titre et en fait ça été l'enfer. Je l'ai trouvé deux jours avant la première. J'hésitais avec « Ce que révélera l'autopsie ». J'aimais bien cette phrase lue en exergue d'un roman dont je ne me souviens plus le titre : « on naît, on meurt et puis c'est tout et s'il se passe quelque chose entre les deux, c'est mieux ». J'adorais. Et je me disais que comme c'était mon premier spectacle, une tentative de réconcilier mes goûts d'enfance, d’adolescence et ma formation théâtrale, « s'il se passe passe quelque chose », était une façon de voir si la mayonnaise allait prendre, si le cocktail allait exploser. Il sonnait aussi comme lorsqu'on va à un rencard amoureux et qu'on se demande si on va s'aimer, si on aura rien ou quelque chose à se dire.

Vous aurez joué ce spectacle quatre ans... comment a-t-il (ou pas) évolué ?
Les gens disent que ça a été fulgurant mais moi je n'ai pas eu de vertige. Ça s'est passé par étapes. Prenons l'exemple de Lyon : j'ai joué à l'espace Gerson puis la salle Rameau puis au théâtre de la Croix-Rousse et Radiant. Ça fait des petites marches. C'est harmonieux. J'ai vraiment de la chance. Ça n'a pas été laborieux. Le spectacle est aussi arrivé au bon moment. Quand j'ai commencé à le jouer, je me rappelle que tout le monde commencait à se lasser du Jamel Comedy Club sur les sujets communautaires, avec des personnes sur scène qui n'étaient pas acteurs, avec un texte pas précis... Ça s’essoufflait. Et les gens me disaient « ah un comédien ça fait du bien avec un texte qui a l'air un peu chiadé ».

Le texte justement a-t-il changé en quatre ans, peut-être pour ne pas vous ennuyer ?
Ah non et je ne me suis jamais ennuyé. Je suis toujours content de le retrouver. Je m'amuse comme un petit fou mais je ne le pensais pas au début. Je me disais que les seuls en scène m'avaient fait rêver quand je voyais Robin, Palmade mais que ce sera peut-être pour moi l'angoisse, la solitude, que j'allais chercher mes partenaires, que je n'allais pas aimer ça et ne le jouer peut-être que deux fois.

Ce qui fait que ça a duré est peut-être justement que vous jouez sans être dupe de la fausse interaction avec le public. Vous connaissiez le rapport scène/salle au théâtre...
Oui j'avais intégré les codes et le public est quand même un partenaire même si je fais mine de le mettre à distance. Et les salles sont différentes tous les soirs. Il n'y a pas de différences entre Paris et province. À Paris les salles peuvent être différentes tous les soirs puisque le spectacle est un peu le cul entre deux chaises. Parfois il penche un peu plus vers l'émotion et y'a moins de rire, parfois c'est l'inverse.

C'est un spectacle dont on a beaucoup entendu parlé mais duquel il y a très peu d'extraits vidéo. Vous avez, avec votre équipe, chercher à le protéger ?
Oui. Tu te fais vite déposséder d'un spectacle et après sur internet tu peux quasiment le reconstituer. Et en plus les vidéos donnent une fausse idée. Et j'aime bien que les gens ne sachent pas ce qu'ils vont voir. Je n'ai pas réussi à garder la nudité secrète mais j'aurais bien aimé.

Il ne suffit pas d'avoir des blagues en stock ; l'occupation d'un plateau ne s'invente pas. C'est même criant lorsqu'on voit « S'il se passe quelque chose »...
Je suis content de voir qu'il n'y a pas que les gens de théâtre qui le disent. Moi ça me rend fou que des gens montent sur scène sans que ce soit leur métier. Je ne suis pas un ayatollah. Je ne veux pas qu'il y est des cartes professionnelles délivrées mais ça ne me viendrait pas à l'idée d'aller opérer un cheval en disant au vétérinaire que ça ne doit pas être bien dur. J'ai été un peu élevé dans l'idée que la scène était un lieu un peu sacré. Je n'y monte jamais avec mes chaussures de ville. J'aime pas qu'on bouffe sur le plateau, qu'on y laisse traîner des trucs. C'est un endroit un peu protégé. Alors quand je vois un type ou une fille qui monte sur scène sans savoir faire, ça me fait chier.
C'est pour ça que l'étiquette humoriste ne me va pas. C'est une qualité d'être rigolo. Et j'ai plein de copains qui sont rigolos, peut-être bien plus que moi dans le salon en buvant des bières, et pourtant ils ne montent pas sur scène car ce n'est pas leur métier. Il ne s'agit pas simplement d'être drôle. Sur scène faut être comédien.

Désormais c'est le cinéma qui se profile. Quels sont ces nouveaux projets ?
Ça commence très prochainement dans un film de Marie-Castille Mention-Schaar (réalisatrice du Ciel attendra), c'est un film choral. Je suis le fils de Nicole Garcia. Il y a Clotilde Courau, Gustave Kervern, Carmen Maura. On a tous six jours de tournage. Puis il y a deux autres films : un écrit par Camille Chamoux réalisé par Patrick Cassir avec Camille Cottin, Jérémie Elkaim et Jonathan Cohen ; puis un film avec Balasko en janvier. Et je serai au théâtre de la Porte Saint-Martin dès le 16 janvier dans Le Jeu de l'amour et du hasard de Marivaux mis en scène par Catherine Hiegel avec Nicolas Maury (vu chez Robert Cantarella et dans la série Dix pour cent) et Clotilde Hesmes.
Je suis content de jouer un texte qui n'est pas le mien car je ne me considère pas comme un bon auteur, je me mets même tout en bas de la liste. À force les gens vont croire que je me surkiffe comme auteur alors que pas du tout. Les grands textes me manquent.

À la télévision, chez Yann Barthès cette saison encore, j'ai le sentiment de voir le versant politique de votre personnalité. Vous ne cachez pas vos préférences comme lorsque vous vous affirmez homosexuel, c'est un détail, pas un étendard et en même temps une politesse vis-à-vis des spectateurs : voilà qui vous êtes.
Ah j'adore ça, ce que vous venez de dire. C'est à dire que ce n'est pas un effort de ma part ni une revendication mais j'ai envie dêtre honnête. Comme la télévision n'est pas mon métier, que je ne veux pas que ça prenne le pas sur le reste, que je le fais comme une récréation, je veux le faire avec le minimum de contraintes. J'ai envie d'être sincère et c'est dur à la télévision car c'est un format qui fait vite dire ce que qu'on n'a pas envie de dire ; or je ne veux pas cacher mes agacements. En fait je m'amuse. Sur l'homosexualité, quand je dis que Xavier Dolan est beau, je ne veux pas me demander ce que les gens vont en penser etc... Ce n'est pas mon métier donc je me dis « détends-toi ». Sur la politique, c'est un peu piégeant. Quand je me suis retrouvé face à des gens du Front national, je me suis dit que je ne pouvais pas être dans un rire de connivence car je me sentirais trop mal. Dès que tu acceptes d'être face des gens comme ça, ça devient politique malgré soi. Sur les Bios interdites de Canal +, on a peut-être réussi un petit truc : confronter les gens à leur auto-dérision et à leur masque médiatique, à leur discours, au fait qu'ils étaient plus rodés que moi. J'étais un puceau naïf et candide et eux n'ont pas l'habitude de ça.

Avez-vous conscience, sur une chronique de septembre 2016 où vous mettez en parallèle deux articles du JDD, l'un sur les tiques, l'autre sur la Manif pour tous, qu'après coup, vous véhiculez un discours progressiste que l'on entend pas si souvent ?
Je ne m'en pas rends compte et je ne veux pas m'en rendre compte. Je ne manigance rien. Je ne me dis pas que je vais me farcir untel. Sur Inter, on connaît les invités et je ne voulais faire ça. A la télé, je regarde la presse, je me laisse aller à mes agacements, mes fantaisies, je ne me demande pas si ça va raisonner. Une chronique est une forme très légère qui ne doit pas avoir plus de poids que ça sinon je ne fais plus de théâtre et c'est pour moi vraiment le théâtre qui est important.
Ces dernières années, on s'est habitué à ce qu'on envisageait pas il y a trois ans. Que des bombes pètent à tous les coins de l'Europe tous les jours. Ça contamine nos rêves. Que Marine Le Pen soit invitée partout. Que Robert Ménard dise des choses énormes sur les plateaux, on commence à en raffoler, il est partout.

Et est-ce que ça vous inquiète par exemple de voir que sur la promesse de la PMA ouverte à toutes les femmes, le gouvernement recule déjà ?
Faut être vigilant. Y'a des choses très inquiétantes et qui m'accablent et j'aime bien aussi dire que j'aime bien mon époque. Je trouve qu'on ne l'entend pas beaucoup. C'est pas très à la mode de dire que cette époque est quand même assez réjouissante sur plein d'aspects. On se prive beaucoup de potentiel de joie. Quand je vois l'énergie, la pulsion de vie qu'a créé 120 battements par minute... Macron, même si je suis resté bien campé sur une méfiance, je trouve que ça a donné un coup d’enthousiasme où tout n'était pas à foutre à la poubelle. Et c'est politique aussi de convoquer son potentiel de joie plutôt que le potentiel acerbe ou réac.
Mais en même temps, je ne suis pas un amuseur professionnel. Si je suis vraiment déprimé et qu'il faut aller à la télévision faire le guignol, ça va trop me coûter. Des fois, j'ai pu aller à la télé en n'ayant pas envie de faire rigoler et en disant que j'avais plutôt envie de faire écouter une chanson triste. Mais comme je suis quand même de nature assez joyeuse, j'aime bien que ce soit ça qui passe. La contagion par la joie, j'y crois.

Quand vous faites la radioscopie d'Anne Sylvestre dans un petit lieu comme le Lavoir, sans annonce médiatique, sans tambour ni trompette, ça participe de cette joie ?
Ah oui ça me plaît bien. Dès que j'ai une occasion de faire la fête, de réunir des gens dans une petite ou une grande salle pour chanter des chansons, pour dire de la poésie, je le fais... On est allé jouer récemment au fin de la banlieue narbonnaise dans un gymnase de pelote basque. Les adhérents de la société de pelote basque faisaient les gaufres. C'était hyper joyeux. Je suis le premier à vouloir faire la fête.

Vincent Dedienne
Au Toboggan le 27 septembre ; au Radiant les 19, 20, 25 et 26 septembre et les 20 et 21 octobre

Crédit Photo : © Pascalito


Vincent Dedienne

S'il se passe quelque chose Radiant-Bellevue 1 rue Jean Moulin Caluire

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S'il se passe quelque chose
Le Toboggan 14 avenue Jean Macé Décines

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