La prison pour horizon : "Une longue peine" au TNG

Une longue peine

TNG-VAISE

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre Documentaire / 85 ans de prison pour eux quatre, 8 ans de parloir pour elle. Les voici qu'ils racontent dans un spectacle infiniment fort comment ils ont vécu, comment ils sont sortis. Regardons-les.

Plus de deux ans après sa création, Une longue peine initié par Didier Ruiz, metteur en scène de théâtre documentaire, sillonne la France et repasse pour une date à Lyon (dans une soirée en deux temps) après son passage au festival Sens interdits. La rater serait une erreur. Parce qu'en 1h20, l'essence de ce qu'est l'incarcération nous parvient. Parce que c'est du théâtre de haute précision. Face au public, quatre hommes s'avancent tour à tour. On ne saura pas trop pourquoi ils sont passés par la case prison, si ce n'est l'évocation de braquages, de récidives.

Ce qu'ils nous disent est simplement leur vie, sans chercher d'excuse, dans un passé si mal fagoté (André gamin en pension, affamé, Louis subissant à 21 ans des tortures ramenées d'Algérie pour avoir aidé des copains auteurs d'un hold up à s'enfuir). Le quotidien de la prison est longuement décrit aussi. Leurs récits s'entrecroisent. Ils vont et viennent des coulisses. Et, sans jamais la moindre once de lamentation, ils exposent ce que sont six ans d'isolement dans un sous-sol et le bonheur infini de voir un premier coucher de soleil, comment on pallie le malaise d'un brigadier à la vue d'un prisonnier suicidé et qu'il faut bien aider le surveillant à décrocher cet homme sans réveiller les compagnons de chambrée.

Porte ouverte

Avec rigueur et presque une certaine banalité dans la voix, ils disent aussi les entraves à toute tentative de s’élever au-dessus de leur condition, ainsi que le poids de leur casier judiciaire à leur sortie, quand bien même ils auraient validé envers et contre tout un examen universitaire. Le Gang des Lyonnais est de la partie, il est question aussi de l'histoire d'une ville et d'un lieu - Saint-Paul Saint-Joseph. Une femme également témoigne de l'accompagnement à l'extérieur et des privations au-delà de l'acceptable.

Il est question de malice (comment on tresse une corde avec des espadrilles dépenaillées pour s'évader), de mort (leurs suicides envisagés à chacun, l'impossibilité d’obtenir une autorisation de sortie pour enterrer une mère ou un fils) et de vie (entendre le premier rire de son enfant à travers l'hygiaphone de la vitre un peu trop crad' du parloir !).

Il émerge de ce spectacle une colère sourde et profonde, celle que chacun d'eux contenait avant d'aller derrière les barreaux, qui les y a mené et qui ne s'est pas tarie à la sortie. Et se traduit désormais dans ce spectacle et le livre idoine d'une vitalité sidérante et absolument désarmante.

Une longue peine
Au TNG le samedi 17 novembre à 17h

Texte publié aux éditions La Passe du Vent

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