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Thomas Hauert : une traversée du chaos

How to proceed

Les Subs

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Moi de la Danse / Chorégraphe suisse établi en Belgique, Thomas Hauert travaille depuis vingt ans au bord du chaos et de l'informe. Pièce fragile et libre, pour huit interprètes, "How to proceed" se veut l'écho d'un état du monde contemporain, comme l'explique Thomas Hauert dans cet entretien. La pièce est présentée cette semaine aux Subsistances dans le cadre du festival Moi de la Danse.

Votre nouvelle création How to proceed marque les vingt ans de votre compagnie ZOO, et l'idée de collectif y semble importante ?
Thomas Hauert : Oui, quatre danseurs travaillent avec moi depuis vingt ans, les autres depuis une dizaine d'années, et la compagnie a fonctionné pour cette pièce de manière particulièrement forte en collectif de création. Chacun a apporté son regard, sa matière, ses idées... Ici - d'autant plus qu'au moment de cette création je traversais personnellement une phase dépressive et de crise d'inspiration - la cohésion du collectif, la confiance, une forme d'amour ont permis d'aboutir à cette pièce.

à lire aussi : Le moi et son double

Quel est son point de départ ?
C'est une forte inquiétude face à notre époque. Journaux et reportages nous bombardent chaque jour de mauvaises nouvelles sur le climat, les injustices sociales, les guerres... Cela provoque un grand nombre d'émotions concrètes de l'ordre du sentiment d'impuissance, de la frustration, de la colère... Ces émotions hétérogènes constituent la base de la pièce et elles sont aussi le moteur de son mouvement.

Concrètement, pour la scénographie, nous sommes parties de bandelettes de tissus avec lesquelles nous tentons de transformer et de reconfigurer l'espace scénique, ou bien de nous constituer des costumes, des liens entre nous...

Dans How to proceed, il est question de processus, de montrer un cheminement plus qu'un résultat final ?
Oui, c'est une sorte de traversée, de voyage, accompagné de la musique originale du compositeur italien Mauro Lanza (qui revisite aussi bien Bach que les Beatles). C'est un voyage à travers une scénographie et une diversité d'émotions ambivalentes, avec beaucoup d'images et de métaphores possibles, parfois contradictoires. Cette pièce traverse aussi des formes différentes de spectacles : la performance, l'adresse au public, le retour derrière le quatrième mur, des moments de danse abstraite pure, l'incarnation de personnages ou au contraire l'expression directe de nous-mêmes. Il n'y a pas de concept qui réunit le tout, ni une esthétique uniforme. Les spectateurs doivent ainsi continuellement changer de lunettes au cours du spectacle.

Comme dans d'autres pièces, vous frôlez donc avec le chaos ?
Ici, c'est plutôt le monde lui-même qui est à la limite du chaos. Mais en effet, le chaos est pour moi un "endroit" intéressant, davantage qu'un art qui tenterait de donner aux choses une forme simplifiée et artificielle, sensée et rassurante. Nous essayons de proposer une vision plurielle, de chercher du sens plutôt que de donner des solutions. L'ordre qui peut apparaître parfois se dissout aussitôt après, dans une continuelle fluctuation. Il s'agirait selon moi de pouvoir accepter la complexité, la mixité, le pluralisme, à rebours du désir humain de trouver une clef unique pour résoudre ses problèmes.

Cela rejoint peut-être votre utilisation fréquente de l'improvisation ?
Dans How to proceed, il y a effectivement des parties improvisées. Mais nous nous sommes donnés une grille d'ensemble avec des règles du jeu, des paramètres, des rendez-vous fixes. À l'intérieur de cette grille, chacun garde beaucoup de liberté, chacun est responsable de son propre matériel, invente son parcours dans la pièce, l'adapte en fonction des autres... Cela crée une tension, et aussi une attention des uns aux autres, une présence particulière des danseurs qui donne une force à cette pièce. J'insiste encore sur cette force du collectif capable de s'organiser de manière intuitive.

Thomas Hauert, How to proceed
Aux Subsistances ​du 29 au 31 janvier

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