Mardi 3 mai 2022 Thomas Poulard et sa compagnie du Bonhomme sont nommés à la direction du Théâtre des Asphodèles (le nom sera amené à changer) par la Ville de Lyon et la Mairie (...)
Le réel déminé
Par Nadja Pobel
Publié Mardi 12 novembre 2019 - 1833 lectures
Photo : © Vincent Arbelet
Héloïse ou la rage du réel
Théâtre de la Croix-Rousse
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Théâtre de la Croix-Rousse / S’inspirant d’un fait divers américain des années 70 (l’enlèvement de Patricia Hearst), la jeune autrice Myriam Boudenia trace le parcours d’une adulte d’aujourd’hui naissant à elle-même dans la contestation de l’ordre établi. Parfois fragile, souvent très affirmé.
C’est une meute qui vient attaquer une jeune fille en fleur. En deux trois mouvements, la voilà pliée dans une cage. « Toute ressemblance avec le réel n’est absolument pas fortuite » est-il écrit sur des panneaux. La trame est claire. Cette Patricia Hearst – que l’écrivaine Lola Lafon avait décrit récemment dans le très alambiqué Mercy Mary Patty – est ici Héloïse. Elle a 19 ans également. Son père est un très riche magnat de la presse mais les ravisseurs ne demandent aucune rançon. Si cela évacue une des questions intéressantes qui minera la vraie Patricia (à combien son père estime-t-il sa libération et donc son existence ?), cela ouvre d’autres perspectives plus retorses mais passionnantes : quel est l’idéal de société que dessinent ces révolutionnaires ? Où et comment agissent les mécanismes de domination et de soumission ?
RAID
Parfois trop bavard (avec des références explicites à la présidence Macron, au syndrome de Stockholm ou des descriptions trop détaillées de l’entreprise du père, de la négligence dont est victime Héloïse…), cette pièce s’affirme avec force quand la langue se fait plus concise (« — Qu’est-ce que vous me voulez ? — On ne veut rien, on te veux toi — C’est la première fois que quelqu’un me choisit ») et quand elle laisse place à l’action, subtilement rythmée par la création musicale que Jeanne Garraud interprète au piano. Ainsi cette rage se fait jour sans que l’héroïne ne s’en aperçoive. Elle apparait dans un miroir, à l’image des personnages de Marivaux qui découvrent l’altérité dans le reflet du ruisseau (La Dispute). En s’appuyant sur l’allégorie des loups et de la steppe proposés par Myriam Boudenia, la metteuse en scène Pauline Laidet livre un travail de plateau souvent très collectif, où les sept comédiens sont souvent en présence ensemble. Elle parvient ainsi à rendre très incarné ce qui bouscule, permet ou freine l’émancipation d’un individu.
Héloïse ou la rage du réel
Au Théâtre de la Croix-Rousse du mercredi 13 au samedi 16 octobre
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mardi 1 octobre 2019 Cinquième édition pour le festival En Acte(s) qui se déroulera cette année au NTH8 (après être passé par le Lavoir, l’Élysée, les Clochards Célestes et le TNP). Dédié aux (...)
Mardi 9 avril 2019 D'une dureté sans nom, la vie de gamins sur l'île du Levant à la fin du XIXe siècle est magnifiquement restituée par la Maîtrise de l'Opéra. Travail haut de gamme mené par la metteuse en scène Pauline Laidet.
Mercredi 4 mai 2016 S'inspirant des marathons de danse de couple aux États-Unis dans les années 1930 (et qui furent l'objet d'un roman et du film : On achève bien les (...)
Dimanche 31 mai 2015 Ludique et politique est le visuel de la nouvelle plaquette (une croix faite de craies fragilisées) du Théâtre de la Croix-Rousse. Ludique et politique (et du coup franchement excitante) sera sa saison 2015/2016.
Benjamin Mialot