Louise Vignaud, résolument curieuse
SCENES le Mardi 24 janvier 2017 | par Nadja Pobel
Newsletter Lyon
Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon
La langue durassienne est reconnaissable entre mille. Les phrases commencent puis s’évaporent. « C’est ça… jamais… on croit la connaître comme soi-même et puis, non… » dit-il dans Agatha. Parfois, elles sont courtes et en contradiction les unes avec les autres : « tu ne peux pas savoir. Tu me tues. Tu me fais du bien. Tu me tues. Tu me fais du bien. J’ai le temps. Je t’en prie. Dévore-moi » dit-elle dans Hiroshima mon amour. À chaque fois Elle et Lui, un amour émietté qui résiste.
Mais ici, dans Agatha, publié en 1981, l’écrivaine pose le tabou de l’inceste sans jamais le juger alors que pourtant, quatre ans plus tard, elle fera de Christine Villemin une coupable « forcément sublime ». Cette neutralité est précisément ce qui suscite l’intérêt de Louise Vignaud quand elle décide de s’emparer de ce texte « sans amener de thèse au plateau » nous confiait-elle récemment.
Qu’elle monte du classique (Feydeau, Molière) ou du très contemporain (Rebibbia de Goliarda Sapienza l’an dernier), elle offre un décalage — par les costumes, le décor — légèrement désuet. Ici, elle se libère de cela. Tout est à bonne distance car elle a trouvé en Marine Behar une actrice parfaite, impériale, pour incarner la douleur de cette sœur qui a vécu avec son frère une pleine histoire d’amour mais qui vient lui annoncer, dans cette villa Agatha où les cendres de leur mère récemment décédée sont posées au sol, qu’elle part définitivement avec un autre homme.
SCENES le Mardi 24 janvier 2017 | par Nadja Pobel
Grave et droite, la comédienne formée au Conservatoire de Lyon est une tragédienne moderne qui sait changer de registre de jeu le temps d’une danse quand lui (Sven Narbonne) est amené à jouer trop sur la nervosité. Cet « amour criminel » tel qu’ils le reconnaissent en se vouvoyant est aussi celui de la fin d’une enfance abusée. Au milieu de quelques meubles du lieu de villégiature, reliques de l'Absente, Louise Vignaud sait donner le beau rôle aux silences de Duras, dans ce spectacle où la metteuse en scène parfait un équilibre entre ses grosses productions et ses petites formes précédentes.
Agatha
Au TNP jusqu'au vendredi 21 février
La langue durassienne est reconnaissable entre mille. Les phrases commencent puis s’évaporent. « C’est ça… jamais… on croit la connaître comme soi-même et puis, non… » dit-il dans Agatha. Parfois, elles sont courtes et en contradiction les unes avec les autres : « tu ne peux pas savoir. Tu me tues. Tu me fais du bien. Tu me tues. Tu me fais du bien. J’ai le temps. Je t’en prie. Dévore-moi » dit-elle dans Hiroshima mon amour. À chaque fois Elle et Lui, un amour émietté qui résiste.
Mais ici, dans Agatha, publié en 1981, l’écrivaine pose le tabou de l’inceste sans jamais le juger alors que pourtant, quatre ans plus tard, elle fera de Christine Villemin une coupable « forcément sublime ». Cette neutralité est précisément ce qui suscite l’intérêt de Louise Vignaud quand elle décide de s’emparer de ce texte « sans amener de thèse au plateau » nous confiait-elle récemment.
Qu’elle monte du classique (Feydeau, Molière) ou du très contemporain (Rebibbia de Goliarda Sapienza l’an dernier), elle offre un décalage — par les costumes, le décor — légèrement désuet. Ici, elle se libère de cela. Tout est à bonne distance car elle a trouvé en Marine Behar une actrice parfaite, impériale, pour incarner la douleur de cette sœur qui a vécu avec son frère une pleine histoire d’amour mais qui vient lui annoncer, dans cette villa Agatha où les cendres de leur mère récemment décédée sont posées au sol, qu’elle part définitivement avec un autre homme.
SCENES le Mardi 24 janvier 2017 | par Nadja Pobel
Grave et droite, la comédienne formée au Conservatoire de Lyon est une tragédienne moderne qui sait changer de registre de jeu le temps d’une danse quand lui (Sven Narbonne) est amené à jouer trop sur la nervosité. Cet « amour criminel » tel qu’ils le reconnaissent en se vouvoyant est aussi celui de la fin d’une enfance abusée. Au milieu de quelques meubles du lieu de villégiature, reliques de l'Absente, Louise Vignaud sait donner le beau rôle aux silences de Duras, dans ce spectacle où la metteuse en scène parfait un équilibre entre ses grosses productions et ses petites formes précédentes.
Agatha
Au TNP jusqu'au vendredi 21 février
Crédit Photo : © Rémi Blasquez
De Marguerite Duras, ms Louise Vignaud, 1h Théâtre National Populaire 8 place Lazare-Goujon Villeurbanne
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
voir les salles et horaires
SCENES par Nadja Pobel le Mardi 24 janvier 2017 | Elle vient d'être nommée à la tête des Clochards Célestes. Sa mise en scène ultra rythmée du Tailleur pour dames de Feydeau fait salle comble dans la Célestine. (...)
Théâtre par Nadja Pobel le Jeudi 18 février 2021 | À 34 ans, Martha Spinoux-Tardivat vient d’être nommée directrice des Clochards Célestes, où elle exerçait déjà en accompagnant avec entrain tant les artistes (...)
Théâtre par Nadja Pobel le Mercredi 3 février 2021 | Ils sont les premiers à Lyon, certainement pas les derniers. À l'instar de ce qu'a fait le Centre Dramatique National de Toulouse en janvier, le théâtre (...)
Mercato par Nadja Pobel le Jeudi 18 février 2021 | À compter de septembre, Martha Spinoux-Tardivat dirigera le Théâtre des Clochards Célestes, en remplacement de Louise Vignaud. (...)
Théâtre par Nadja Pobel le Mardi 20 novembre 2018 | Avec Rebibbia, Louise Vignaud signe son meilleur spectacle, peut-être le plus audacieux. Néanmoins, persiste cette impression d'un théâtre sage, assez loin (...)
Théâtre par Nadja Pobel le Mardi 22 mai 2018 | En adaptant Le Quai de Ouistreham, Louise Vignaud remet au jour ce livre de 2009, tragiquement encore d'actualité, soit la quête de travail insensée d'une (...)
Théâtre par Nadja Pobel le Mardi 30 janvier 2018 | Qu'est-ce qui peut pousser à monter encore Le Misanthrope ? Peut-être un désir d'attirer le plus grand nombre (ah Molière !) pour mieux montrer sa vision du (...)
Le Crime de l'Orient-Express par Vincent Raymond le Mardi 12 décembre 2017 | Kenneth Branagh était sans doute le mieux placé pour donner, des deux côtés de la caméra, une nouvelle existence cinématographique au classique d’Agatha (...)
Les Clochards Célestes par Nadja Pobel le Mardi 5 septembre 2017 | C'est ce qui s'appelle une passation de pouvoir réussie. À 29 ans, la metteuse en scène Louise Vignaud succède à Élisabeth Saint-Blancat à la tête des Clochards (...)
SCENES par Nadja Pobel le Vendredi 9 décembre 2016 | Après avoir fait en trente ans du théâtre des Clochards Célestes un lieu incontournable pour la jeune création, Élisabeth Saint-Blancat reprend son métier de (...)