"Une année polaire" : Île est des nôtres

Docu-fiction / de Samuel Collardey (Fr., 1h34) avec Anders Hvidegaard, Asser Boassen, Thomasine Jonathansen…

Danemark, de nos jours. Destiné à reprendre la ferme familiale, Anders a préféré faire des études d’enseignant. Afin de montrer la force de sa détermination à ses parents, il postule pour un village du Groenland, Tiniteqilaaq, où il devra passer une année scolaire en immersion complète…

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Y aurait-il chez les cinéastes français une tentation groenlandaise comparable à celle qu’exerce la Cité des Doges sur les maires de Bordeaux ? Le hasard, sans doute, a placé Collardey dans la trace de Sébastien Betbeder lequel avait d'abord tourné autour, puis sur l’île danoise. Mais Le Voyage au Groenland (2016) de ce dernier était davantage un roman d’apprentissage et de retrouvailles père-fils ayant la particularité de se dérouler au Groenland — il eût été sensiblement identique sous d’autres latitudes — qu’une œuvre cherchant à comprendre, partager et défendre l’âme inuite. C’est ce que fait avec audace, malice et rythme Samuel Collardey, qui de film en film réinvente sans avoir l’air d’y toucher le cinéma ethnographique.

Son approche respecte le réel tout en le “paraphrasant“ devant la caméra : en clair, le cinéaste ne tourne que des histoires vraies campées par des interprètes les ayant vécues. La matière documentaire se fond dans une masse fictionnalisée, sans pour autant en atténuer la richesse ni l’authenticité.

Ainsi, le cheminement du personnage (initialement missionné pour mener la politique danoise coloniale d’acculturation mais préférant s’intégrer dans la société groenlandaise) retrace-t-il celui d’Anders : tous ses faux-pas, sa bienveillance candide — son ignorance, en somme — ainsi que le moment-clef où il fait la démarche d’apprendre la langue inuite, chose qui lui avait été défendue par Copenhague. Une année polaire raconte donc bien une année scolaire : celle d’un élève prénommé Anders à qui les habitants de Tiniteqilaaq ont refait l’éducation.

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