Futatsume No Mado

Naomi Kawase réussit à transmettre quelque chose d'indescriptible, une communion entre l'Homme et la Nature

Still the Water commence comme Top of The Lake.
Par un corps qui flotte dans l'eau, qui n'est pas à sa place.
Par l'introduction de décors magnifiques - une petite île du Japon,
Par le visage d'une jeune fille aussi belle que troublante.

Les similitudes avec la mini série de Jane Campion sont d'abord frappantes. Pourtant, c'est tout autre chose que susciter la sympathie de la présidente du jury du festival de Cannes que vise Naomi Kawase.

Le film ne se laisse pas pénétrer aisément. Il commence par présenter ses personnages, Deux adolescents Kaito et Kyoko, attirés inexplicablement l'un par l'autre ; l'environnement dans lequel ils évoluent : la minuscule île d'Amami. Une présentation qui ne présage rien de bien passionnant car la barrière culturelle provoque une incompréhension de ces habitudes particulières qui constituent le rythme de l'île, conjuguée au cadrage tout en plans larges et fixes sur paysages, et à cette pseudo intrigue policière qui ne démarre jamais. Puis, après une petite demi heure, on commence à abolir ce mur, Et Naomi Kawase commence à nous accueillir dans son univers.

Bouleversement intérieur

Cela commence lorsque Kaito se rend à Tokyo, pour rencontrer son père ; il lui demande pourquoi celui-ci a quitté sa mère....

Sa réponse (le destin, les différence de caractères, en gros), est tellement sincère, que Kaito en est complètement troublé. On perçoit totalement, à travers le jeu très poignant des acteurs, ce qu'a provoqué cette simple discussion : un bouleversement intérieur ingérable, à ce moment, pour cet adolescent qui, encore solitaire et renfermé, commence à peine à s'ouvrir au monde.

Ce que Kawase entame avec cette scène, c'est un cheminement qui permettra de rendre compte de l'importance de la nature dans le parcours des Hommes.

Les moments suivants se placeront exclusivement sur la petite île d' Amami ; Avec la même force, Naomi Kawase filme de petits instants toujours primordiaux pour le développement intérieur de nos deux adolescents ;
La découverte progressive l'un de l'autre, Kyoko qui observe sa mère "renaître" dans la maladie ;
On y voit que Kaito, lui, ne comprend pas le comportement de sa mère, cela influe sur sa propre vision de la femme, et des hommes, crée un manque de confiance que seule Kyoko parvient à endiguer.

La différence avec la scène de Tokyo, est que Kawase place ces moments dans un environnement naturel, et arrive à capter des interactions : une nature qui réagit littéralement au fluctuations émotionnelles des personnages.

Communion

La réalisatrice réussit à modeler l'image et le son du film d'une façon telle, qu'elle crée une bulle qui pourrait carrément représenter l'âme des personnages.
On y voit le concret, la vie, les gens ; on y perçoit l'abstrait, des émotions, des sentiments.

Chaque conversation, chaque instant, nous permet petit à petit, de rentrer dans un intime particulièrement fort. Ces moment très particuliers, sont placés au cœur d'un environnement naturel très sensoriel qui justement, n'est pas magnifié, comme chez Malick, mais souligne l'humeur des personnages. Une différence énorme, qui donne tout son charme et sa raison d'être au film, puisqu'il prouve une forme de communion, d'abord entre les personnages, Kaito et Kyoko, leurs mère, leurs pères (?) puis surtout, entre ceux-ci et la Nature. Cette communion, se voit renforcée par quelques rituels impressionnants, comme cette plongée de Kyoko nue dans la mer, un égorgement de chèvre, ou la famille qui observe l'arbre sur le porche...

Lors des scènes suivantes, on à l'impression tout à coup que la nature répond à ces émotions mixées : quelques rayons de soleil soulignent l'humeur de la mère mourante.

Le vent lui, ensuite, semble souligner une humeur colérique, ou plutôt des émotions inefficaces contre le destin. Comme lors du final doucement apocalyptique, ou le typhon vient surligner la colère de Kaito, la tristesse de Kyoko.

Naomi Kawase ouvre une toute nouvelle dimension en arrivant à nous transmettre ce dialogue entre l'homme et la nature.

Progressivement, sa caméra capte le lien très puissant qui unit l'un à l'autre...
L'Homme à cette Nature qui, plus que refléter l'humeur des personnages, exprime même ce qu'il n'arrivent pas à dire.

Une Nature qui accompagne chacun dans les différentes étapes de la vie, du passage à l'age adulte à l'acceptation de la mort.

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