Le tabac Treshniek

Vienne en 1937 où l'on rencontre Franz, un jeune homme qui découvre le monde, Freud, qui habite le quartier et le vieil Otto, buraliste passionné du métier.

L'auteur, Robert Seethaler nous raconte Vienne juste avant l’explosion de 1939, pendant la montée du national-socialisme. Vienne au travers de Franz, jeune homme délicat, envoyé là par sa mère. Quittant son lac et ses forêts, il se retrouve dans l’ébullition et la poussière de la grande ville, dans le bureau de tabac d’Otto Tresniek, qui a « cette odeur pénétrante de tabac, de papier et d’encre d’imprimerie ».

Otto est un vieux buraliste unijambiste à cause d’une précédente foutue guerre. Il parle peu, et sa vision du métier est assez stricte : il faut lire tous les journaux pour élargir simultanément l’esprit et l’horizon et, parce que et surtout, « la lecture de journaux constitue l’essentiel, le fondement même de l’existence du buraliste ; s’en abstenir [dit-il] revient à renoncer au statut de buraliste, voire d’être humain, digne de ce nom ».

Petits plaisirs futiles

Franz doit aussi apprendre à reconnaître les habitudes et les petits plaisirs futiles ou indiscrets de tous ses clients. Il s’y applique alors avec soin et voit défiler la ville entière dans ce tabac : ouvriers et vieilles bourgeoises, gens comme il faut et de petite vertu, et même un certain Freud, le docteur des fous comme on l’appelle.

À force de patience, d’un peu d’espièglerie, et surtout de quelques cigares, Franz arrivera à lier une amitié particulière avec ce vieux professeur. Peut-être pourra-t-il même lui demander conseils pour guérir de cette Aneska, cette fille de Bohème, cette danseuse de cabaret et surtout, cette charmeuse de cœurs qui le fait marcher sur la tête.

Mais nous sommes en 1937, le monde devient de plus en plus fou, la gestapo envahit doucement et sournoisement la ville. Et Franz, lui dans toute cette absurdité, offre ses rêves au monde, des bouts de papier collés aux vitres. C’est futile, inutile mais pour certains, pas tant que ça...

C’est un récit qui n’est pas vraiment joyeux et qui s’écrit pourtant avec beaucoup de légèreté ! ce n’est pas larmoyant, on sourit de cette jeunesse qui se découvre, de cet émoi qui grandit. On lit avec tendresse la correspondance entre Franz et sa mère sur de petites cartes postales avant les longues lettres. On s’amuse de ses échanges avec le grand Freud et le ton sarcastique de ce vieil Otto. Ça parle cigares, amour, rêves, folie. L’écriture est souple, les personnages sont beaux.

Ça s’appelle Le tabac Treshniek et c’est publié chez Sabine Wespiezer.

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