GUIBORD S'EN VA-T-EN GUERRE de Philippe Falardeau

Léger, humoristique et intelligent

Envie d'un film léger, humoristique et intelligent ? Laissez vous tenter par Guibord s'en va-t-en guerre, l'histoire d'un député indépendant du fin fond du Quebec qui se retrouve, à cause de l'hospitalisation mystérieuse d'une député conservatrice et de l'égalité parfaite entre les deux principaux partis politiques, avec la redoutable responsabilité d'être celui qui va décider d'envoyer ou non les soldats canadiens en guerre au Moyen-Orient.

Dès le premier plan on comprend que l'on sera en permanence sur une crête en équilibre instable entre politique et situation cocasse : la permanence du député est à l'étage d'une boutique de lingerie fine qu'il faut traverser pour le rencontrer.

C'est là que se présente Souverain Pascal, un jeune étudiant haïtien, passionné de politique et qui a répondu à une offre de stage. A la grande surprise de Steve Guibord, son futur assistant, sans doute persuadé d'avoir le poste, est tout simplement venu d'Haïti pour l'entretien. Embauché !

On est rapidement confronté à la vie compliquée du député qui doit en permanence régler des conflits locaux entre peuple autochtone, forestiers et mineurs. Un exercice qui demande du doigté, de la finesse et de la patience, surtout quand le porte-parole des routiers est bègue. Et de ne pas se départir de son sens de l'humour car tout ce petit monde se connaît par cœur et visiblement rejoue régulièrement la même pièce, épicée cette fois des citations des œuvres politico-littéraires préférées du stagiaire haïtien, en particulier le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau.

Lorsque Steve Guibord se retrouve soudain dans cette position inattendue de faire un choix crucial pour la jeunesse de son pays, il décide d'organiser, sur la suggestion de son créatif assistant qui y voit "l'opportunité d'une fenêtre de démocratie directe", une consultation de ses électeurs, qui va les conduire ainsi que sa femme et sa famille à sillonner la circonscription pour recueillir l'avis de ses concitoyens.

Intérêt des communes désindustrialisées qui voient dans la guerre de futurs emplois contre associations pacifistes se donnant les moyens, parfois peu recommandables, pour séduire l'ancienne star du hockey que fut le député. Steve Guibord hésite, d'autant que sa femme et sa fille ont également des avis opposés ! Et il subit la pression d'un premier ministre qui accueille et fait patienter ses visiteurs en jouant une sonate de Scarlatti.

Nous ne sommes pas les seuls à suivre les pérégrinations de l'élu : régulièrement Souverain se connecte par Skype avec sa famille pour partager son aventure. Rapidement, ses frères, qui apparemment ont partagé les mêmes lectures, débattent de la situation, sortes de palabres modernes réinventées. Et chaque jour l'assistance grandit compte tenu de l'enjeu ! Il s'établit, par stagiaire interposé, un véritable dialogue facétieux sur les institutions politiques entre le Quebec, nation occidentale à la démocratie bien établie et une population haïtienne qui y aspire.

Des conflits sociaux et politiques dénoués avec astuce et humour, les habitants de l'un des pays les plus pauvres présentés comme des personnes éduquées, férues de culture politique, et pleines de bon sens, une classe politique dont les travers sont malicieusement ridiculisés : trois bonnes raisons d'aller prendre un bon bol d'air canadien ! Cerise sur le gâteau, l'acteur principal est Patrick Huard, l'irrésistible héros de Strabuck, comédie sur le don de sperme, qui avait eu, il y a cinq ans, un succès exceptionnel et mérité.

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X