Françoise Nyssen à la culture : de bons et de mauvais points

Françoise Nyssen, nouvelle ministre de la Culture et ancienne co-directrice de la célèbre maison Actes Sud est un choix qui en a surpris plus d’un pour prendre les rênes du ministère de la culture. Portrait flatteurs d’un côté, critiques acerbes de l’autre, l’éditrice a déchainé les passions dès l’annonce de son nom. Et son bilan dans tout ça ?

Une batterie d’atouts charme

Pour le grand public, Françoise Nyssen c’était avant tout la femme forte de la maison d’édition Actes Sud : un petit empire indépendant à 800 kilomètres de Paris – Arles plus précisément. Il affiche un beau palmarès : un Nobel (Svetlana Alexievitch), trois Prix Goncourt, et un best-seller hors compétition (Millénium). Adepte de « l’élitisme pour tous », Françoise Nyssen varie les genres, définissant une ligne éditoriale à la fois curieuse et exigeante pour sa maison. En vingt ans, la petite maison du père est devenue un poids lourd, avec plus de 11 000 titres au catalogue, 500 livres publiés chaque année et 217 employés.

Mais, Françoise Nyssen, c’est aussi un projet social : une école plus humaine. Depuis le suicide de leur fils, le couple Nyssen-Captani s’est aussi illustré dans le développement de méthodes d’enseignement alternatives. « Nos enfants ont droit à plus d’égards. Ils doivent, à l’issue de leurs apprentissages, avoir confiance en eux et être heureux. Faisons que leur regard sur le monde soit généreux », peut-on lire dans le descriptif de l’École Domaine du Possible, qu’elle a créé pour les enfants « en difficultés » avec son mari Jean-Paul Capitani. L’école créée par le couple en Camargue espère accueillir des centaines d’élèves à la rentrée prochaine. La politique lui tendait donc presque déjà les bras !

Un début prometteur

Depuis sa nomination, la première question à laquelle s’est frotté la Ministre est celle du budget que la France consentait à la culture. Alors que le gouvernement veut réaliser 4, 5 milliards d'économies, elle a réussi à obtenir que le budget de son ministériel soit « intégralement préservé ». La partie n’était pas gagnée : Bercy a exigé 50 millions d'euros d'économies. Mme Nyssen décide de les prendre dans « des lignes budgétaires non utilisées ou de reports des années antérieures » – en d’autres termes, elle demande plus de transparence à un certain nombre d'institutions patrimoniales ou de musées, et réalisera des économies sur les frais internes et non sur les projets émergeants.

Le début de mandat a permis de répondre aux doutes quant à la capacité de Françoise Nyssen à obtenir des crédits suffisants pour son ministère. Reste à savoir quelle sera l’implication de la nouvelle Ministre dans l’éducation artistique et culturelle. Si elle s’est engagée à en faire « une priorité du quinquennat » et à « favoriser la lecture dès le plus jeune âge » notamment via une vision numérique pour assurer un meilleur accès de tous à la culture, des faits doivent encore compléter les promesses de la rentrée. Son directeur de cabinet, Jean-Michel Blanquer, est en effet très engagé pour l’acquisition des savoirs fondamentaux, mais l’est moins en ce qui concerne les pédagogies artistiques.

Des inconnues subsistent toujours

La politique annoncée par la ministre a aussi posé des questions quant au maintien de la qualité des programmes d'audiovisuel public. « Les contrats d'objectifs et de moyens (COM) des groupes audiovisuels publics prévoyaient des augmentations de budget qui n'étaient pas réalistes, compte tenu de la situation budgétaire dégradée » a-t-elle expliqué, pour justifier que les principaux organismes français (France Télévisions, Radio France, Arte, France Médias Monde) devront bel et bien faire 36 millions d'économies en 2018 – pour un budget de 4, 5 milliards d'euros pour l'ensemble des groupes audiovisuels publics. « C'est moins de 1% d'effort », a-t-elle tempéré.

Gare, aussi à la « glamourisation » de la culture. Comment faire pour toucher les 50 % de Français exclus de la création culturelle – tout en la finançant via les impôts qu’ils paient ? « 100 % des enfants doivent avoir accès à l’éducation artistique et culturelle, contre moins de la moitié aujourd’hui » peut-on lire dans le programme du gouvernement. Un beau projet, don il faut encore préciser les moyens. Le pass culture pour les jeunes a pour certains, du plomb dans l'aile. Quelles seront les autres mesures pour combler la fracture culturelle en France ? Beaucoup reste encore à préciser. Espérons que la belle dynamique affichée en de ce début de mandat se maintiendra.

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