De la rue à la scène, la nouvelle création de la compagnie Stéfanoise Dyptik

Dans ce climat généralisé d'ascension sociale permanente, la compagnie Dyptik s'approprie le sujet à bras le corps pour nous offrir un spectacle lourd de sens avec sa nouvelle création.

Comme un contre-sens, Dans l'Engrenage débute par la performance statique de Marine Wroniszewski. Alors qu'on attend des danseurs hip-hop qu'ils envahissent l'espace, le chorégraphe Mehdi Meghari nous propose de "commencer par la fin". Ici, on découvre lentement la danseuse plantée derrière une table, face au public, grâce à un éclairement de la scène subtilement temporisé. Ce tableau, dont on comprend tard qu'il est en marche, se rythme petit à petit et impose d'emblée le ton de la pièce.
Si elle dénote, la scène suscite une introspection du spectateur, et génère un état d'impatience, comme un besoin de danser. Sa longueur s'achève par un appel d'air avec la mise en mouvement échelonnée du corps de la danseuse puis l'arrivée du reste de l'équipe. Se succèdent alors déstructuration et confrontation des corps dans un vocabulaire propre aux danses urbaines. Après une scène inconfortable pour le spectateur, les codes du hip-hop convergent dans une figuration à la fois rassurante et oppressante.


La compagnie oscille ici entre ses origines et la tentation d'une danse contemporaine moins codée, plus facile dans ce passage sur une scène. Il en résulte notamment l'apport de la culture et de la danse arabe ; ce nouveau prisme offre une dynamique neuve à l'esthétique de la compagnie. Les allers/retours entre des postures et des énergies arabisées et les mises en mouvement plus urbaines dynamisent et rythment la réception du spectateur. Malgré certaines longueurs, la représentation jongle entre narration et discours du corps. Ces prises de paroles corporelles soutiennent le sujet et rapprochent le spectateur des revendications de la compagnie, dans un élan fondamental d'humanité. Ce questionnement existentiel touche et concerne tout le monde, les codes choisis et soigneusement employés pour y parvenir aussi. Seul dénote la distance insufflée par le passage sur scène de la compagnie ; on aurait attendu dans cette nouvelle création de retrouver la proximité que la compagnie maintient depuis ses débuts avec le public.
Entre mécanisme et humanité, Dans l'Engrenage propose une mise en lumière de ce phénomène sociétal en jouant sur des codes populaires et universels. Après seulement cinq années, la compagnie se hisse de plus en plus haut en présentant son projet au public de la Maison de la Danse de Lyon comme artiste associé de la structure. Elle tente ici d'amener la rue sur scène, rappelant ses origines et ses revendications. Si l'on attendait peut être moins cette esthétique convenue, la création promet malgré tout un bel avenir à la compagnie.

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