Les enfants gâtés

En dehors d’Ernest et Célestine, décembre est aussi le mois du jeune public au cinéma : programmes de courts métrages, blockbusters yankees ou film culte, une sélection joyeusement hétéroclite. Christophe Chabert

Deux mastodontes américains font figure de rouleaux compresseurs pour les vacances de Noël en matière de cinéma jeune public. D’abord Les Cinq légendes signé Peter Ramsey, mais qui doit beaucoup à son producteur exécutif Guillermo Del Toro. Frais mouliné des inégales usines Dreamworks, le film fait preuve d’une vraie tenue visuelle et graphique, donnant du corps à son improbable galerie de (super) héros : le Père Noël, la fée des dents, le lapin de Pâques, le marchand de sable et un naïf découvrant ses pouvoirs, Jack Frost. Confrontés à un ennemi déterminé à répandre la peur sur la surface du globe, Pitch Black le croquemitaine, ils n’ont qu’une arme pour lutter : restaurer la foi des enfants dans les légendes et l’imaginaire. Un thème qui pourrait être là aussi proche de Del Toro (souvenez-vous du Labyrinthe de Pan) mais qui, la faute à un scénario plutôt inepte, lorgne plutôt vers un prosélytisme à la Narnia. Disney aussi dégaine son film de Noël avec Les Mondes de Ralph ; un effort d’originalité a été fait du côté de la maison aux grandes oreilles, puisqu’il s’agit d’exploiter la nostalgie toute neuve du geek adepte de jeux vidéos en faisant circuler son anti-héros Ralph dans des univers d’arcade facilement reconnaissable.

Un Gremlin sous le sapin

Aux antipodes de ces blockbusters, L’Histoire du Petit Paolo est un programme inégal de courts animés pour enfants à partir de 3 ans, ayant pour dénominateur commun d’utiliser la musique comme argument narratif ou esthétique. On y trouve des choses assez laides (Sur un coin de ciel bleu, horripilante comédie musicale) mais le film qui donne son titre au programme possède un petit charme. On y voit, en prises de vue réelles, Marc Perrone raconter à des enfants l’histoire de l’accordéon, et comment celui-ci se répandit en Europe par l’obstination d’un enfant, Paolo, fasciné par la musique et par la mécanique de l’instrument. Une histoire à son tour racontée en images animées à l’ancienne, au dessin à la fois simple et sophistiqué. Enfin, les inestimables soirées Pop corn du Méliès se mettent aussi à l’heure de Noël et du jeune (et moins jeune) public. En programmant le Gremlins de Joe Dante le 21 décembre (séance supplémentaire le 25 décembre), ils rappellent deux choses : que c’est un des meilleurs films de Noël du monde ; et qu’un film pour enfants peut aussi faire peur et proposer une vision critique du monde, avec une morale qui n’a rien de cucul où le consumérisme mercantile réveille son côté obscur sous la forme de bestioles méchantes et hargneuses qui vont faire les zouaves devant Blanche-neige au cinéma. Ça s’appelle une mise en abyme !

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