Retours en série

Une première au Méliès ce mois-ci : une nuit pour découvrir, gratuitement et dans son intégralité, la première saison d’une série télé. Pas n’importe laquelle : Les Revenants, accueillie comme la meilleure série française contemporaine par une presse extatique. Et un peu excessive, sur ce coup. Christophe Chabert

Depuis le temps qu’on entend la phrase : «Les séries télé d’aujourd’hui sont meilleures que la plupart des films de cinéma», il était logique qu’un jour celles-ci viennent se répandre sur les grands écrans. Le Méliès prend donc les devants ce mois-ci en organisant une nuit Les Revenants, où la première saison de la série créée par Fabrice Gobert — adaptée du beau film de Robin Campillo — sera diffusée dans son intégralité — 8 heures ! L’événement, gratuit qui plus est, sonne comme un moment de vérité pour cette série quasi-unanimement accueillie par des «vivas !» de la presse et des professionnels, puis par des audiences historiques pour son producteur Canal +. Pour l’avoir engouffrée en deux jours en DVD, on peut témoigner de son potentiel addictif, même si au fil du visionnage, les réserves étaient nombreuses sur sa qualité réelle.

Morts mais bien vifs

Les quatre premiers épisodes ont vraiment le cul entre deux chaises : refusant le traitement réaliste et politique de Campillo, Gobert n’en prend pas non plus le contrepied exact. En regardant le phénomène inexpliqué du retour à la vie de disparus qui entendent reprendre leur place auprès de leur famille ou de leurs proches, Gobert et son co-auteur Emmanuel Carrère hésitent à verser dans le fantastique pur, préférant mettre beaucoup de psychologie dans des dialogues souvent sentencieux et dénués de quotidienneté. L’emballage est parfait — musique de Mogwai, casting recruté du côté du cinéma d’auteur français et survolé par une géniale Céline Salette, jolie photo et beau décor — mais le résultat sent l’effort et la sueur pour être à la hauteur de ses modèles anglo-saxons. Étrangement, la deuxième moitié, réalisée par Frédéric Mermoud, est à la fois plus borderline et plus franche du collier. Elle ne se prive pas pour piller l’héritage de John Carpenter, mais a au moins le mérite de choisir son camp : une série qui n’a pas peur du genre et qui, à quelques what the fuck près — le personnage d’Ana Girardot, ridicule — réussit à intriguer et même à effrayer. Tant mieux : cela tiendra les spectateurs éveillés jusqu’au bout.

Les Revenants, l’intégrale
Vendredi 22 mars à 20h30
Au Méliès

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