Hard day

Hard Day
De Kim Seong-hun (Cor.Sud, 1h51) avec Lee Seon-gyoon, Jo Jin-woong...

Personnages immoraux, humour noir, violence brutale, mise en scène stylisée : on connaît la recette du polar sud-coréen mais devant la caméra de Kim Seong-hun, on constate qu’elle n’a pas perdu de son efficacité. Christophe Chabert

On le pensait anesthésié par des expériences limites genre J’ai rencontré le diable, mais non ; le polar sud-coréen se porte bien, même s’il provoque aujourd’hui moins de frissons qu’il y a dix ans. La preuve avec ce Hard day, premier film de Kim Seong-hun, d’une efficacité tout de même redoutable. La recette est pourtant toujours la même : plongez les codes du genre dans un bain trouble fait d’humour et de violence où les personnages ont autant à faire face à des périls extraordinaires qu’à des problèmes tout à fait ordinaires.

Là où Hard day apporte une touche d’inédit par rapport à des œuvres déjà classiques comme The Chaser ou Memories of murder, c’est en faisant de son protagoniste Ko Gung-su un type qui a depuis longtemps jeté par-dessus bord tout repère moral. Son rôle de flic lui permet avant tout de superviser un vaste détournement de fonds avec ses collègues aussi pourris que lui. Et lorsqu’un soir, alors qu’il se rend aux funérailles de sa maman, il renverse par mégarde un type avec sa voiture, il s’empresse de camoufler l’accident en planquant le cadavre dans le coffre.

Bon, brute et truand

Toute la première partie de Hard day joue sur cette forme de comique macabre où Gun-su doit éviter les tuiles qui lui tombent sur le crâne, dans un exercice d’acrobate particulièrement réjouissant. Le spectateur prend vite fait et cause pour ce policier corrompu et méchant, Kim Seong-hun utilisant de manière perverse le processus identificatoire pour nous faire rentrer en empathie avec cette ordure exemplaire. En découlent d’étonnantes scènes de suspense presque cartoonesques où cet anti-héros déploie des trésors d’imagination pour ne pas se faire choper.

La suite est moins excitante, le film retombant dans les clous plus balisés du duel à distance entre le flic et un maître-chanteur décidé à lui faire rendre gorge, tandis que son propre partenaire tente de tirer l’affaire au clair. La mise en scène, elle, conserve son élégante stylisation, découpant l’action avec un savoir-faire assez virtuose pour un coup d’essai, et se reposant en permanence sur des acteurs qui maîtrisent à la perfection ce jeu sur les ruptures de ton, aussi à l’aise pour donner une truculence comique à leurs actes que pour incarner avec une énergie physique crédible les scènes d’action. Rien de révolutionnaire dans Hard day, mais un certain plaisir à se laisser trimballer dans un polar joyeusement immoral.

Hard day
De Kim Seong-hun (Corée du Sud, 1h41) avec Lee Seon-gyoon, Jo Jin-woong…

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