Partisan

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D'Ariel Kleiman (Fr, 1h38) avec Vincent Cassel, Jérémy Chabriel…

Sur le thème de la communauté repliée hors du monde, Ariel Kleiman fait beaucoup moins bien que Shyamalan et Lanthimos ; pire, son premier film, dépourvu de tension dramatique et incapable de déborder son programme scénaristique, est carrément rasoir. Christophe Chabert

Partisan est le genre de premier film qui a tout pour être aimé : un sujet fort — comment un homme énigmatique, mi-hipster, mi-gourou, décide de créer une communauté de femmes et d’enfants vivant selon ses propres règles hors de la civilisation — un environnement qui ne demande qu’à être exploré — une sorte de rétro-futurisme mais qui pourrait aussi être la conjonction déboussolante d’un présent industriel et d’une application pratique des théories de la décroissance — et même un Vincent Cassel troublant en patriarche imposant à tout prix le bonheur à sa "famille".

L’Australien Ariel Kleiman s’inscrit dans la lignée de son compatriote David Michôd qui, l’an dernier, avait tenté lui aussi avec son étrange The Rover de donner une dimension politique à un cinéma marqué par les codes du genre.

Mais la comparaison s’arrête là et les éloges attendront : Partisan souffre très vite de sa faiblesse dramaturgique et d’un scénario programmatique que la mise en scène, malgré d’authentiques tentatives pour instaurer un climat trouble et dérangeant, ne parvient jamais à sortir des ornières de l’ennui.

Village triste

C’est peu dire qu’on a toujours dix bonnes minutes d’avance sur le film, qui prend en plus le temps de faire du surplace en filmant les mêmes situations à plusieurs reprises, histoire de souligner que cette communauté vit en vase clos selon des rites répétitifs et monotones, simulacres instaurés pour distraire les plus jeunes d’une tentation d’évasion.

Malgré tout, un des enfants, Gregory, plus malin et plus conscient que les autres, devient le grain de sable qui va faire dérailler cette utopie mêlant bons et mauvais sentiments, pulsions réactionnaires et projet révolutionnaire. Substitut trop évident du spectateur, il accomplit à son tour un trajet totalement prévisible, reprenant sa liberté au grand dam de son père adoptif.

Les faiblesses de Partisan sont d’autant plus criantes lorsqu’on le compare à deux grands films récents sur le même sujet : Canine de Yorgos Lanthimos et Le Village de M. Night Shyamalan. Dépourvu de l’humour noir et de la violence sociale du cinéaste grec, mais aussi du mystère et de la poésie du sorcier américain, Kleiman oscille entre le pamphlet mou et le dispositif vain, livrant un exercice de style qui, hormis une superbe partition électronique de Oneohtrix Point Never, en manque tout de même beaucoup.

Partisan
D’Ariel Kleiman (Australie, 1h38) avec Vincent Cassel, Jeremy Chabriel…

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