Mardi 5 juin 2018 Bientôt viendra le moment de vaquer à l’ombre, de se baquer dans l’onde… Rien de tel que l’approche de l'été pour souffler l’envie d’aller voir ailleurs ; rien de mieux qu’un film pour l’exaucer.
Petite main d’un redoutable mafieux, Xiao Zhang a la mauvaise idée de dérober à son chef un sac farci de billets de banque. Mais le butin lui échappe et transite de mains en mains. Dans le même temps, le truand dépossédé a dépêché un “nettoyeur“ pour remettre de l’ordre. Son ordre…
Villes grisâtres dont on ne sait si elles sont en train de pousser ou si elles achèvent d’agoniser, smog se liquéfiant en pluie couleur béton, touffeur exténuante… Le reflet que nous offrent les cinéastes chinois contemporains de leur pays n’est guère flatteur ; il constitue en revanche un cadre idéal pour des thrillers dépaysants, où l’atmosphère plombée tient lieu d’antagoniste diffus.
Pour cette partie de cash-cash, Liu Jian alterne le contemplatif plat et l’ultra-violence sporadique — ce qui lui confère une puissance encore plus saisissante. Le réalisateur a le sens du contraste ; il en use même avec maestria dans ses choix graphiques : son réalisme façon ligne claire avec aplats nets et teintes éteintes est parfois percuté de bouffées criardes détournant les chromos propagandistes qui réveillent l’œil.
Noir dans l’esprit, volontiers rouge à l’écran, Have a Nice Day annonce une autre couleur dans son titre : son humour décalé et grinçant qui tempère la crudité et cruauté des situations. Une ironie qui, elle, n’est pas volée.
de Liu Jian (Chi, 1h17)
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