"Les Éternels (Ash is purest white)" : La fidélité

Les Eternels (Ash is purest white)
De Zhangke Jia (Chin-Fr-Jap, 2h16) avec Zhao Tao, Fan Liao...

De Jia Zhangke (Chi., avec avert., 2h15) Avec Zhao Tao, Fan Liao, Zheng Xu…

2001, Datong. Amie d’un caïd de la pègre locale, Quiao effectue de la prison pour lui mais se trouve rejetée à sa libération — les anciens bandits étant devenus des notables. Quiao, quant à elle, va s’en tenir aux préceptes du milieu et tenter de reconquérir ce qu’elle a perdu.

Concourant l’an dernier pour la Palme d’or, Les Éternels est l’ultime film de la compétition cannoise à sortir sur les écrans, à bonne distance du bruit et de la fureur animant La Croisette dont le prolifique Jia Zhangke est un régulier visiteur. De manière générale, le cinéaste est un homme d’habitudes, fidèle à sa comédienne Zhao Tao (son épouse à la ville), à sa région du Shanxi (dont il vient d’être élu député) et à ses structures narratives laissant de la place au temps et à la succession des époques. Il faut dire que l’évolution accélérée de la Chine contemporaine a de quoi stimuler les inspirations : Dong Yue a lui aussi succombé à la tentation pour Une pluie sans fin.

Se déployant sur une dizaine d’années significatives soulignant l’évolution champignonnesque de son pays — et évoquant au passage une autre de ses marottes, la construction du barrage des Trois-Gorges — Les Éternels glisse du mélodrame romantique au film de gangsters, suivant le parcours pragmatique de son héroïne, laquelle demeure constante face à la labilité de ses interlocuteurs, au sein d’un monde en mutation.

Garante des valeurs de la pègre, Quiao livre ainsi une stupéfiante et paradoxale leçon d’éthique dans ce film encensant des truands parce qu’ils sont respectueux d’un code ; vitupérant les opportunistes vendus à un État n’ayant rien perdu de sa terrifiante omnipotence. Dépaysant.

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