Épopée nippone

En connivence avec Charlotte Perriand

Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Succès pour l'exposition «Charlotte Perriand et le Japon» qui se prolonge au Musée d'art moderne de Saint-Étienne, retraçant le dialogue entre tradition et modernité, institué par Charlotte Perriand vers un nouvel art d'habiter. Adeline Satre

C'est juste avant la modernité, «avant que l'art ne vienne s’immiscer dans le processus de production en grande série». Charlotte Perriand naît en 1903, pendant la période Art Nouveau, les lignes sont alors à la souplesse végétale, c'est un mouvement qui continue de porter un intérêt pour l'art japonnais. En effet, accueilli en France depuis l'exposition universelle de 1867, son empreinte déjà s'illustrait dans les techniques et manières de voir et de percevoir le monde.

Quand Charlotte Perriand rompt avec l'enseignement Art Déco qu'elle a reçu, ses recherches aboutissent à des créations de mobilier en tube et tôle chromés. Le Bar sous le toit, créé pour son appartement, qu'elle expose en 1927 à l'occasion du Salon d'automne dont elle est sociétaire, est jugé révolutionnaire par Le Corbusier et Pierre Jeanneret, frappés devant sa capacité de réalisation, et avec lesquels elle s'associe. C'est naturellement que Charlotte Perriand se démarque avec un tempérament solide, et autant de force que de sensualité sont l'étoffe de son parcourt comme de ses œuvres. « Nous les modernes, nous exprimons notre époque » !

L'exposition témoigne d'une surprenante réciprocité entre les engagements multiples de Charlotte Perriand, architecte et designer d'avant garde, et sa rencontre fortuite et décisive avec la culture japonaise des années 40, dont le design qui connaît un vrai développement.

Tombé sous les sens

Entre industrialisation et sécularisation la modernité s'exerce en terme d'expérience, dans ce qui tient du « changement, du transitoire, du contingent. » Un combat. On rationalise l'espace, tel que celui-ci soit conçu comme modulable. Il s'agit d'habiter la vie moderne, et en parallèle de ramener le statut de création à l'échelle des quotidiens, qu'il se démocratise.

Ce qu'interprète Charlotte Perriand dès sa méthode : cependant qu'elle glane en ville comme sur les côtes des objets biomorphiques, des cailloux ou vertèbres de poisson, émerveillée par leur spontanéité : « ces galets c'étaient des formes musclées » ! Elle adopte un fonctionnalisme agréable, non pas du côté de la théorie, pour une architecture d'intérieur sauf confinée, elle est une femme « qui a fait souffler le grand-air ». Tout en mouvement et en observation, saisissant la circonstance, les matériaux passés au crible, « l'oeil en éventail », elle photographie et collectionne. Dès 1940, elle interprète au Japon les spécificités d'un état d'esprit et d'une culture qu'elle choisit comme substrat pour ces créations. Charlotte Perriand est séduite par le principe que « au Japon on n'énonce pas une idée, on la cerne ». Elle organise en 1941 l'exposition « Sélection-tradition-création », pour défaire les clichés que nourissent l'un et l'autre côté, et pour définir les besoins de l'occident quand au objets conçus au Japon. Attentive, ses objets ont la conscience du corps : « Le sujet c'est l'homme, ce n'est pas l'objet », c'est un des trait moderniste, en ce que selon Barthes le sujet « participe activement de la fabrication du sens ».

Avec cette curiosité, une bonne connaissance de l'artisanat, précurseur dans l'art de détourner les tubes d'avion, et de féliciter la puissance des tôles froissées, elle rallie techniques anciennes et œuvres modernes, vers une « Synthèse des arts », dont l'exposition de 1955 est également reconstituée à Saint-Étienne.

Charlotte PERRIAND et le Japon
Jusqu'au 18 juin,
Au Musée d'art moderne de Saint-Étienne

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