Une tornade nommée Izia

Après un 1er album éponyme très remarqué en 2009, Izia nous fait une belle surprise un an à peine après la fin de sa tournée. La jeune rockeuse est décidément pleine de ressources… Attention, Izia is back avec son nouvel album So Much Trouble, plus affirmé, plus nuancé aussi, mais que l’on a surtout envie de découvrir en live. Entière, spontanée et branchée sur 5000 volts, voilà une vraie tornade d’air frais. Rencontre.

Salut Izia, tu débutes ta tournée demain (interview réalisée le 19 janvier 2012), combien de dates sont prévues ?
Oula, pas mal…. On tourne à 3 ou 4 dates par semaine jusqu’en avril, donc ça fait un paquet !

A la sortie de ton 1er album, tu disais « on est attendu au tournant, surtout en live... ».  As-tu encore cette impression avec le second album ? Est-ce stimulant ou stressant?
Ben ouai, bien sûr que c’est un peu stressant, mais je me fie à la première tournée où les gens étaient vraiment motivés, vraiment à «donf», et vraiment excités, donc j’espère que je retrouverai la même énergie que j’ai laissé en partant… il y a un an, et je me fais pas de soucis, en général. J’ai un peu le trac car c’est un nouveau set, de nouvelles chansons, donc on verra bien, mais pour l’instant, je suis assez confiante.

Tu comptes sur le public, mais à ton niveau, tu te sens d’attaque ?
Prête, on l’est jamais vraiment. Je suis comme je suis, je suis naturelle sur scène, voilà, je sais pas faire autrement, donc je ferai comme d’habitude avec les gens, et j’espère qu’ils me suivront !!

Justement, avant tes concerts, ou simplement au quotidien, t’écoutes quoi pour te changer les idées ? Plutôt du rock français, du rock anglais ou autre chose ?
J’écoute des choses complètement différentes. Par exemple, en ce moment, j’écoute vachement le dernier album de The Rapture, j’écoute pas mal d’ electro, des vieux groupes aussi… Je suis pas du tout bloquée sur un artiste ou un style, j’écoute vraiment toutes les musiques.

Au contraire, qu’est ce que tu n’écouteras certainement jamais, qui est vraiment éloigné de tes goûts, de ta sensibilité musicale ?
Franchement, j’ai du mal à répondre à cette question car je pourrais tout écouter si un morceau me plaît. Ça a rien à voir avec le style puisque je suis ouverte à toutes les musiques, c’est plutôt … (elle réfléchit)… Ah si, un truc qui me saoul, la country quand même. Ça me gonfle, mais grave, même Bruce Springsteen dans ses moments les plus country, ou même Johnny Cash dans son trip Ring of fire, je prends pas !! Sinon, y a des trucs qui me rendent malade de chez malade, c’est le R’n’B français, tu te demandes comment les mecs ils peuvent dire dans leur chanson « t’es che-lou ». Un minimum de respect pour la langue française ! Bon, j’écris pas en français donc je peux pas me permettre de juger, mais si t’as un minimum de respect pour les mots tu dis pas « t’es che-lou » ! Parfois ça me hérisse les poils.

Pour rester sur le sujet de l’écriture, tu as composé tes premiers morceaux très jeune, vers 13 ans, immédiatement en anglais. Tu t’es naturellement tournée vers cette langue ? Tu sembles pourtant très attachée à la langue de Molière !
J’écris en anglais, mais j’adore la langue française, vraiment, j’ai pas du tout un rejet. J’adore écouter des textes en français, les textes de Fauque pour Bashung que je trouve magnifiques, les textes de mon père (NDLR : Izia est la fille de Jacques Higelin), de Brel… C’est une langue exceptionnelle quand tu sais la manier, quand tu sais en faire quelque chose, ça peut prendre des dimensions incroyables. J’estime que j’ai pas encore les capacités et les cartes en main pour me permettre d’écrire en français. Si j’écris en français, j’ai vraiment envie que ça soit irréprochable, j’ai pas envie de le faire à moitié.

Ça n’est donc pas exclu, ni incompatible avec ton univers musical ? Ça te plairait ?
Ah ben évidemment, je n'ai aucun problème avec le français, mais pour le moment mon environnement musical depuis que je suis petite et que j’écoute de la musique, c’est anglo-saxon. Pour moi c’est le langage du rock, la langue maternelle du rock ! Ça n’est pas pour cela que je suis allergique au français.

As-tu envie de faire des duos ? Je crois que tu as le numéro d’un certain Iggy (Pop)… Est-ce que tu l’as recontacté ?
Non, non, je vais pas l’appeler, je vais pas le faire chier. Il m’a donné son num, mais c’était un peu pour le geste. Quand tu as un mec comme ça qui te file son num, tu vas pas l’appeler le lendemain pour lui proposer un truc. Donc voilà, c’est rigolo, peut-être que je l’appellerai un jour pour lui demander d’arrêter de montrer sa bite peut être !!! (rire)

Ou d’arrêter de poser pour des pubs comme celle du Printemps, ou de SFR…
Non, pas vraiment, ça encore… Les artistes qui font de la pub, j’ai vraiment rien contre. Il y a plein de gens qui crient au scandale… Mais c’est vrai que lui il en fait un paquet, il faut savoir doser quoi. Mais après, j’ai pas de problème avec les artistes et les marques, les collaborations, surtout que c’est souvent assez bien fait.

Si on part sur le terrain des idées, des engagements, à moins de 100 jours des élections, t’as envie de militer pour quoi ?
C’est une question compliquée car je suis très plongée dedans en ce moment, je suis très politisée, j’ai une conscience politique forte. Bon ben comme tout le monde peut l’imaginer, avec le père que j’ai, j’ai une conscience politique de gauche… et j’ai peur. J’ai un peu peur, donc je pense que là c’est le moment de prendre conscience des choses, de prendre sa carte (enfin, j’espère que tout le monde a pris sa carte) et de se bouger le cul, parce que là, vraiment, ça pue, c’est la merde. Il faut pas se fier aux sondages en disant que Hollande est devant, il faut aller voter, il faut avoir une conscience politique, il faut se mobiliser, il faut pas laisser passer Marine Le Pen au deuxième tour, ça serait une vraie catastrophe pour la France. Une personne sur trois a des idées du FN, c’est très grave. On est dans le pays des Droits de l’Homme, on pointe du doigt les italiens, les pays scandinaves qui ont une politique d’extrême droite prononcée, alors qu’on a des personnes au gouvernement qui ont une politique d’extrême droite comme Claude Guéant, Brice Hortefeux qui sont des gens très dangereux. Accepter ces dérives du gouvernement c’est le début de la fin, donc il faut se mobiliser, il faut aller voter, il faut se battre contre ces personnes qui essaient de limiter les droits des étrangers, nos droits civiques.

Pour revenir sur le côté scénique, tu as envie de donner quoi sur scène, quand tu es avec ton groupe ?
Ben j’ai envie de faire comme avant, j’ai pas envie de changer tout de suite et je serai pas dans la retenue c’est sûr. Alors après c’est important de s’économiser aussi, c’est quelque chose que je savais pas trop au début quand j’ai commencé à faire des concerts à 15 ans. Je donnais tout, et au bout d’1h j’étais fatiguée et j’avais du mal à donner mes 2h de show. Il faut savoir aussi s’économiser, avoir des moments de calme et de retenu pour encore plus profiter quand ça explose. Il faut donner du relief à ses concerts, sinon c’est très fatiguant pour toi et pour le public, il faut donc doser.

Ce qui explique aussi que sur ton album, il y ait plus de nuances...
C’est sûr que c’est important de varier. J’ai changé aussi, avant j’étais une ado, maintenant, je suis une jeune fille… Je me souviens, à la fin des concerts, j’avais des bleus partout à force de me jeter par terre, et au fur et à mesure de la tournée, j’avais de moins en moins de bleus, donc j’étais de plus en plus fière de moi. Et quand on a moins besoin de se jeter par terre pour faire le show, et pour montrer qu’il y a de l’énergie, c’est là que tu gagnes. Parce que tout n’est pas forcement dans les mouvements ou dans le fait d’être très physique sur scène, c’est surtout dans l’intensité de ton concert. Il y a des groupes qui bougent pas forcément mais qui sont d’une intensité hallucinante. Je pense surtout à des groupes du passé comme Joy Division, avec Ian Curtis qui était presque épileptique sur scène ou Jacques Brel qui, dans des morceaux comme « Le port d’Amsterdam », ne bouge pas d’un pouce, mais est d’une d’une intensité hallucinante, dans ses yeux, dans sa main qui est prêt de son visage… J’en parle avec passion car c’est une personne que j’admire énormément et alors lui il avait tout compris.

Pour conclure, tu dis "Ca serait dommage qu'on men parle pas... de mon père. Si je parle pas de mon pere, je parle pas de moi". Qu'est ce que Jacques Higelin ou même ton frère (Artur H.)... t'apportent et t'on apporté dans ta construction musicale ?
Ben tout, c’est ce que veux dire cette phrase. Sans mon père je serais pas ce que je suis aujourd’hui, peut être que je serais quelqu’un avec un fort caractère et une sensibilité artistique… Mais en fait, mon père ne m’a pas uniquement apporté une richesse musicale, il m’a surtout donné une richesse humaine, un fort caractère et une envie d’aller au bout des choses. Il m’a donné une Passion, la passion de la scène, la passion et l’amour des gens surtout… Ma mère aussi, ils ont totalement fait ce que je suis aujourd’hui.

Ça t’as peut–être aussi décomplexé sur scène.
Voilà, j’étais sur les scènes depuis que je suis toute petite, je chantais avec mon père j’avais 7 ans. J’ai grandi avec, c’est quelque chose qui fait partie de moi. Le public excité pour mon père, c’est quelque chose que j’avais envie de retrouver pour moi.

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