Glass is more

Philip Glass: A Forty-Year Retrospective

Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

À l'occasion du festival Nouveau Siècle, consacré au courant minimaliste new-yorkais et intitulé The New York Moment, le Mam et l'Opéra Théâtre ont aimablement convoqué Philip Glass pour une rétrospective du maître courant sur 40 ans. L'occasion d'admettre enfin que comme il le clame lui-même, Glass est peut-être le moins minimaliste des minimalistes. Stéphane Duchêne.

«Less is more» aura été le mantra, le slogan même, d'un courant minimaliste qui se voulait dans les années 60 anti-consumériste. Un courant, auquel le festival Nouveau siècle a souhaité cette année rendre hommage et dont Philip Glass a été avec Steve Reich l'un des hérauts musicaux les plus populaires. A ceci près que depuis quarante ans, Glass a mis fin à sa période minimaliste répétitive (avec Music in twelwe parts, plus précisément) dont il ne veut plus guère entendre parler.

S'en est suivi une œuvre qu'on pourrait presque qualifier, par provocation, de maximaliste dans sa prolificité comme parfois dans son emphase, dans sa manière d'explorer les medias et les supports, les genres, de croiser les arts étirant, appliquant les préceptes de la musique dite savante – puis de la musique indienne –  vers des horizons plus commerciaux.

Du cinéma à la pop (dont il devient l'une des grandes influences, Woodkid en tête aujourd'hui), Glass peut ainsi s'attaquer à l'œuvre des Bowie/Eno, d'Aphex Twin ou de Paul Simon, s'essayer à surpasser, en y ajoutant une partition pour ciné-concert, La Belle et la Bête de Cocteau (pour surpasser Cocteau lui-même?) ; renouveler l'art de l'opéra (Einstein on the Beach, première œuvre post-minimalisme mais aussi  noyauter l'entertainment cinématographique (Truman Show, The Hours, Kundun, Mishima).

Et l'on ne parle pas de cette œuvre composée initialement pour l'ouverture des JO de Los Angeles (!) jamais achevée pour l'occasion mais dont Glass tirera la partition de The CIVIL WARs, une relecture de la Guerre de Sécession.

Label et la Bête

Mais il faut garder à l'esprit que l'entreprise Glass ne connaîtra le succès qu'à la fin des années 70, grâce à l'Europe et en premier lieu à la France, avant que le maître ne devienne prophète en son pays – devenant par exemple l'un des chouchous du Met new-yorkais. Et même une pop star, vitrine commerciale de la musique dite savante au style aisément reconnaissable – de la technique “additive“ de ses débuts dans les années 60 à ses compositions plus tardive, il y a bel et bien, un style Glass, peut-être même un label. Un artisanat devenu industrie.

Au fond, en dépit de ses influences indiennes (Ravi Shankar) et européennes (Beckett, la Nouvelle Vague, Cocteau...) Glass est si emblématique de l'Amérique – jusque dans sa trajectoire professionnelle, très American dream –, DES Amériques même que sa musique a traversé – la guerre de Sécession, les pionniers américains comme le photographe et inventeur Eadweard Muybridge, Hollywood – qu'on pourrait presque appliquer à cette Bête de musique la maxime de ce libéralisme consumériste et individualiste dénoncé justement par le courant minimalisme : un jour qu'un journaliste lui demandait «How much is enough ?», le tycoon JD Rockefeller répondit «just a little bit more».

Glass est sans doute le seul enfant du minimalisme qui puisse se réclamer de cette maxime, lui qui fit «de la musique minimaliste, une affaire juteuse» comme l'a écrit Laurent Denave dans Un Siècle de création musicale aux Etats-Unis. Récoltant – sans que cela soit pour autant immérité et comme une sorte de Warhol musical – les fruits que ceux qui l'ont précédé ont contribué à planter. En plantant d'autre pour satisfaire sa boulimie de musique.

Philip Glass
A Forty-Year Retrospective
Vendredi 17 janvier au Mam
Table ronde avec Joel Shapiro et Peter Halley
Samedi 18 janvier
au théâtre Copeau
La Belle et la Bête (ciné-concert)
Samedi 18 et dimanche 19 janvier
Au grand théâtre Massenet

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