Ultra « Violette »

Piano-chant flétri par les ans, Violetta, version française de la Traviata, aurait pu rester en jachère sur les étagères de la médiathèque du conservatoire. C'était sans compter sur le sens inné du revival de Robert Parize et de ses talentueux acolytes lyriques ! Alain Koenig

En s'engageant dans son projet d'élève, le metteur en scène Robert Parize, qui s'était déjà affirmé comme une vraie pointure dans Cendrillon de Pauline Viardot, s'élance, à l'assaut d'un véritable sanatorium. Cette Traviata, en version française, ressuscitée avec la fraîcheur des alpages et beaucoup de second degré, devient, avec la complicité de la musicologue Florence Badol-Bertrand, son trésor de guerre. Il décape le blockbuster planétaire de Verdi, dans sa délicieuse traduction d'Édouard Duprez, très Salle Favart, subtilement surannée : « L'amour m'enivre, je veux te suivre...Bientôt fraîche et plus jolie, la rose à ton front renaîtra... ». Il faut dire que la distribution, présentée lors d'une très opportune sortie de résidence, est un sans faute !

Ultra-chic

Amélie Grillon, que les amoureux de belles voix connaissent bien, s'impose comme une évidence vocale et scénique dans ce rôle si périlleux où tant de sopranos lyriques se sont abîmées. Aurélien Raymond, Rodolphe (Alfredo) ténor de charme est tout aussi convaincant que sa contrepartie féminine, tandis qu'il incombe à François Gauthier la lourde charge d'incarner le truchement de la morale paternaliste d'un Second Empire castrateur. D'une contrainte budgétaire, Robert Parize a fait une arme de distinction massive ! Devenu opéra de poche en quatre actes au lieu de trois dans sa version italienne, élagué aux entournures pour ne pas retenir le spectateur plus d'une heure trente, l'ouvrage gagne en impact ce qu'il perd en cabalettes. Jean-Baptiste Mathulin, pianiste émérite, est à lui seul toute une fosse d'orchestre, version bonzaï. Il révèle, respire, soupire avec les chanteurs, tandis que le public est invité à participer aux agapes du « Libiamo », devenu un démocratique - puisque dans sa langue vernaculaire - « Buvons, amis ! ».

Violetta de G. Verdi, 29 et 30 avril à 20h, La Passerelle, Cité du Design.

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