Les lieux du jazz en Rhône-Alpes

Festivals, salles de concerts, associations programmatrice, ... le jazz est partout en Rhône-Alpes. Panorama d'un style transversal qui tisse sa toile en Rhône-Alpes comme ailleurs. Niko Rodamel

Les lieux de diffusion sont désormais nombreux en Rhône-alpes, des clubs ont vu le jour un peu partout, des municipalités ouvrent leurs saisons culturelles au jazz ou au blues, des bars ou des restaurants programment des groupes chaque semaine, des auberges rurales accueillent des musiciens le temps d’un week-end et des aficionados organisent même des concerts en appartements. Signe que les temps changent : le jazz entre aussi de plein pied dans les Salles de Musiques Actuelles. Mais les temps forts du jazz restent bien sûr les festivals et pas seulement pendant la période estivale.

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L'importance des festivals

Parmi les plus importants rendez-vous annuels, le mastodonte Jazz à Vienne fait figure de locomotive devant tous les autres festivals régionaux. Avec deux cent mille festivaliers l’an passé, le géant se situe en bonne place dans le top-ten des manifestations culturelles françaises. Cette année, Jazz à Vienne proposera pas moins de deux cent concerts, du 28 juin au 15 juillet, avec chaque jour de la musique non-stop de midi à deux heures du matin. À noter que les trois quarts des spectacles proposés à Vienne sont gratuits puisque seuls ceux joués au théâtre antique restent payants.
Après la démission de Stéphane Kochoyan, Samuel Riblier prend la direction du festival et c’est le jeune Benjamin Tanguy qui chapote désormais l’équipe de programmation. Jazz à Vienne se renouvelle donc peu à peu, c’est une bonne chose, bénéficiant de toute l’expérience du fondateur historique Jean-Paul Boutellier qui n’est jamais loin. Flegmatique, l’homme jouit d’un certain recul sur les trente-six éditions du festival et il observe une certaine évolution dans la façon de penser un grand rendez-vous de jazz : « l’offre des festivals doit aujourd’hui être la plus large possible alors qu’avant ce n’était qu’une notion de dosage face à un public homogène. Il s’agit désormais de trouver un équilibre entre le jazz et les musiques cousines car le public est aujourd’hui multiforme et multiâge. On ne peut plus négliger le blues et le gospel, la musique des caraïbes et la musique africaine, ni même le rock’n’roll ! »

Les wagons accrochés derrière s’appellent A Vaulx Jazz (le festival de printemps à Vaulx-en-Velin a vu cette année Charlène Mercier succéder à Thierry Serrano), le Rhino Jazz(s) et Jazz à Montbrison. Pour les deux festivals ligériens, tout est question de fidélité avec le public. Jean-Paul Chazalon, président fondateur du Rhino a su s’appuyer sur son fils Ludovic pour faire coller la programmation aux évolutions que subit le monde du jazz, négociant sans trop de bobos le virage qu’il a fallu négocier en quittant son fief historique de Rive-de-Gier. Le festival repose sur un partenariat de longue date avec une kyrielle de communes de la vallée du Gier, étendant son territoire année après année, jusqu’à Lyon, opérant même un rapprochement avec Jazz à Vienne. Depuis quatre ans, le Rhino Jazz(s) organise également des concerts chaque dernier jeudi de chaque mois (Les jeudis du château), de novembre à mai dans le beau bâtiment qu’il occupe à Saint-Chamond.
Dans la plaine du Forez, l’inénarrable Dominique Camard, en poste depuis vingt-et-un ans à la tête du théâtre des Pénitents, programme chaque printemps une quinzaine du jazz à Montbrison. La dix-septième édition de Jazz à Montbrison sera la dernière (la retraite a sonné) à porter la patte de ce passionné qui a bien souvent su dénicher des artistes en devenir, juste avant que les grosses structures ne se les arrachent à prix d’or. Chapeau l’artiste.
Plus loin, à Roanne, l’association Canal Jazz se glisse chaque année dans la programmation du théâtre municipal pour proposer des artistes de renom dans un cadre somptueux et à quelques kilomètres, le Satellit Café de Villerest fait la part belles aux musiques métissées. N’oublions pas non plus Jazz au Sommet, très sympathique festival installé depuis dix ans dans le Haut Pilat, qui joue la carte d’une programmation diversifiée et de qualité en milieu rural, autour de Saint-Genest-Malifaux.

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Les scènes du jazz en Rhône-Alpes

Si à Lyon les scènes sont de plus en plus nombreuses à proposer régulièrement du jazz (Hot Club, AmphiOpéra, Clé de Voûte, Périscope, Sirius, Second souffle, Chien à 3 pattes…), il n’en va pas de même dans la Loire. Du côté de Pélussin, le Hall Blues Club propose un concert chaque vendredi. À Saint-Étienne, Gaga Jazz programme un concert mensuel, tout au long de l’année et en toute saison, depuis 2005. Sous la houlette du saxophoniste Ludovic Murat, l’association organise également les Jazzeries d’Hiver, un festival qui n’a froid ni aux yeux ni aux oreilles. Depuis son intégration à la LIMACE (collectif d’associations musicales lié au Fil) Gaga Jazz a donc posé ses valises dans les murs de la SMAC stéphanoise, gardant toujours espoir de fonder un jour son propre club. En lien avec les municipalités qui se succèdent, le chemin vers plus d’indépendance est long et fastidieux, parfois décourageant. Il s’agit de trouver un nouveau lieu, si possible en centre-ville pour ne pas accélérer sa désertification culturelle, ainsi que les fonds pour le faire vivre. Un projet ambitieux qui a pourtant toute sa place à Saint-Étienne car, dans le giron de la section jazz du Conservatoire à Rayonnement Régional Massenet, le vivier de jeunes musiciens est riche et prometteur. A noter que Gaga Jazz développe également un label avec déjà une poignée de CD à son actif. Enfin, l’association est chargée chaque année de gérer de A à Z la scène jazz lors de la fête de la musique.

Subsister et se battre pour exister

Ainsi, les plus importants festivals de la région connaissent des évolutions notoires et les petites structures doivent se battre sans relâche pour sauver sa part du gâteau. La recette des entrées ne représentant généralement qu’une maigre partie de leur budget global, les festivals et les clubs sont pour la plupart soutenus par la municipalité, le département ou la région dont ils dépendent. Mais, malgré le soutien aléatoire de quelques mécènes, ils doivent également compter sur les précieuses subventions de la SPEDIDAM (Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes-Interprètes) et dans une moindre mesure de la SACEM (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique). Ces deux organismes sont des sociétés privées à but non lucratif protégeant les droits des auteurs ou des interprètes ainsi que le droit de la musique sur internet, en prélevant et en redistribuant des sommes non négligeables. Fort en Jazz, le festival de Francheville fait partie de ceux qui ont fait les frais d’un changement d’équipe municipale en disparaissant sur simple décision en 2014, après vingt-cinq ans d’existence. Depuis, une association de résistants continuent vaille que vaille à proposer du jazz dans l’ouest lyonnais où la mise à mort du festival a laissé un grand vide.

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