AaRON : « Si notre album est nocturne, c'est une nuit éclairée »

AaRON

Salle Aristide Briand

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Le duo français AaRON a délivré un troisième album foisonnant en 2015. Intitulé We Cut The Night, cet opus jongle entre sonorités organiques et synthétiques, toujours avec mélodie, au service d'une pop music enlevée. Avant leur passage à Saint-Chamond, nous avons discuté avec le prolixe Simon Buret, chanteur du duo.

On a pu lire dans de nombreux médias que We Cut The Night était un album très différent de vos deux précédents opus dans le sens où il est moins pop et plus sombre et électronique. Était-ce une volonté de votre part lors de la composition ?
Simon Buret :
Nous ne nous sommes jamais fixés de règles établies sur la création. Pour les trois albums, nous avions juste envie "d'exciter nos oreilles". Après, il faut simplement que ce soient de vraies chansons, qui puissent se chanter et qui soient actées avec des couplets, un refrain et une mélodie. Ce qui importe pour nous ce sont le texte et la mélodie. Ensuite, concernant le fait que l'album soit plus électronique, j'avoue ne pas avoir vraiment compris pourquoi cette caractéristique ressortait. Je suis ravi de cela mais depuis le premier album nous avons toujours mélangé des sons synthétiques et des instruments traditionnels. D'ailleurs sur le premier album, il y a des morceaux qui ont été créés seulement avec des machines et inversement sur le deuxième. Ce que je veux dire par là, c'est que c'est toujours un mariage que l'on a fait avec Olivier. Nous adorons triturer les sons. Sur We Cut The Night, il y a beaucoup d'instruments traditionnels que l'on a mis dans des filtres et des effets... Les familles telles que rock, pop, électro, ... cela ne me parle pas. Je suis obsédé par le texte et l'émotion qui se dégage. Pour cet album, nous voulions vraiment que chaque titre soit un déclencheur de sensation dans l'oreille de l'auditeur. Alors sombre ou lumineux... je ne sais pas mais si c'est un album nocturne, alors c'est une nuit éclairée.

« Avec cet album, nous voulions créer un tapis sonore du quotidien. »

Vous avez été découverts par votre lien avec les images – notamment grâce à la B.O. du film Je vais bien, ne t'en fais pas – et vous avez déclaré avoir été très inspirés par quelques artistes tels que le vidéaste Bill Viola ou le réalisateur Jim Jarmusch pour la composition de We Cut The Night. Partez-vous vraiment à chaque fois d'une image ou d'un film pour vos créations ?
Dans mon quotidien, j'ai besoin d'être accompagné de choses. C'est vrai que depuis le début, avec Olivier, nous avons cette habitude de partir dans un endroit qui va nous donner envie de faire de la musique... Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mais par exemple c'est vrai qu'une exposition de Bill Viola, tout comme Jean-Michel Basquiat la première fois que nous sommes rencontrés avec Olivier, nous a donné envie de transformer nos émotions en mots puis en musique... L'inspiration première reste le quoditien. Je suis incapable de partir de rien pour composer. We Cut The Night est né après que nous ayons fait de nombreux voyages dans de grands espaces, des îles, des grandes mégalopoles… Au sein de l'album, nous avons voulu capturer le lien entre la pleine énergie de la nature et la radicalité brute que l'on peut trouver dans les méga-villes. Nous voulions créer un tapis sonore du quotidien qui puisse être écouté à bas volume ou aspirer l'auditeur à volume plus élevé.

Est-ce que l'intervalle de quatre années entre le deuxième et le troisième album vous a permis de revenir plus forts ?
J'ai de la fragilité et j'aime la cultiver. J'adore ne pas savoir ce que sera le futur. Les routes toutes tracées me font peur. La vie va très vite. Il faut faire très attention à rester droit dans ses bottes et à prendre bien conscience que nous faisons partie d'un tout. C'est vrai que j'ai besoin de remettre souvent les choses à plat. Mais cette fragilité, nous l'avons transformée en force avec Olivier. On ne s'était pas dit qu'on allait faire un troisième album. Nous n'avons pas une vision de type « carrière ». Je suis toujours étonné de la chance que l'on a d'avoir un public fidèle, du lien réel avec lui. Nous avons pris notre temps avant de sortir ce troisième album et c'est extraordinaire d'avoir des gens qui suivent encore, car c'est long quatre ans dans cette société d'hyper-consommation. Je ne sais pas si cet intervalle nous a rendus plus fort mais tout ce que nous traversons est tellement dingue et hors norme. C'est un « joli monstre » musical que nous construisons avec Olivier mais aussi avec les gens depuis des années.

AaRON, vendredi 16 décembre à 20h30 à la salle Aristide Briand à Saint-Chamond

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