«On ne peut pas empêcher la jeunesse de désirer»

Le futur Directeur du Festival d’Avignon est au centre de la saison de la Comédie de Saint-Etienne. Après Roméo et Juliette, il nous revient avec une nouvelle Parole d’amour. Retour sur Epître aux jeunes acteurs programmé ce mois-ci.

Vous avez qualifié votre théâtre comme étant un « théâtre d’excès ». Pourquoi ?
Pour qu’on ne me reproche pas ce dont je fais profession. C’est le Théâtre de l’excès, du débordement, du lyrisme. Il déborde souvent la capacité d’écoute du spectateur. J’aime quand le spectateur est noyé. C’est un théâtre qui dépasse le rapport d’une  simple consommation culturelle. J’aime que le spectateur soit dans une tempête en haute mer. Il commence à s’écouter lui-même, sinon il reste dans un rapport de consommateur.

Il y a excès parce qu’il y a urgence ?
Certainement. Urgence de réenchanter le monde. Notre vie intérieure est enchantée. Il y a des rêves, des désirs inassouvis, les mythes. Il faut rappeler que c’est une réalité. Il faut célébrer notre vie intérieure.

Le quotidien empêche-t-il de la réaliser ?
Le quotidien pas tellement. C’est la question de sociétés uniquement basées sur l’argent. L’argent qui détruit l’imaginaire,  la vie intérieure,  vend des produits, cache la vérité du désir. Donc là, il y a peut-être une urgence. Dans nos sociétés de vies entièrement virtuelles, il y a urgence de réinventer la célébration, la présence réelle et la jouissance d’être ensemble.

Quelle est cette promesse d’amour qui est au centre de cet écrit ?
C’est une parole de la promesse et une promesse de la parole. Promesse du sens : on va trouver le sens, on va rejoindre la cause.

Cette parole a-t-elle été oubliée ?
Non elle n’a pas pu être oubliée, parce qu’on ne peut pas empêcher la jeunesse de désirer. Mais il y a tellement de bruit qu’elle est inaudible. Cet amour de la parole n’est pas partagé par l’ensemble de la société. On oppose les mots et les actes. On pense que la parole n’est pas une action alors qu’elle en est une.

Olivier Py, le poète, n’êtes-vous pas simplement vivant?
Plus que le poète ce n’est pas possible, sinon il y a le saint. Le poète c’est quelqu’un qui aime la vie. Ou plus exactement quand quelqu’un aime la vie,  il est dans une parole poétique. Aimer la vie, aimer le monde dans sa totalité avec la souffrance, le mal, le manque. Quand on aime la vie avec ce qu’elle peut  avoir d’effroyable, on est dans la parole poétique. Le poète ne manque pas seulement dans les librairies,  il manque de partout. Car il n’a pas besoin de penser. Il est heureux d’être là. Rien ne peut atteindre  le noyau de joie qui est en lui.

Comment faire entendre cette parole quand on pense que le footballeur  est «l’écrivain moderne » ? 
Il faut faire confiance aux forces de vie qui sont là, en chaque être.

Propos recueillis par Grégory Bonnefont

Epître aux jeunes acteurs, L’Usine, du 7 au 9 février, 20h.

à lire aussi

derniers articles publiés sur le Petit Bulletin dans la rubrique Scènes...

Mercredi 5 juillet 2023 Alerte orange au Puy-en-Velay du 17 au 23 juillet : des rafales venant des 4 coins du monde sont à prévoir. Veillez à vous munir d’appuis bien solides, vous (...)
Lundi 5 décembre 2022 Le premier fils, Dimitri, impétueux, sanguin et violent, est le rival de son père, entiché de la même femme que lui. Le second, Ivan, cynique intellectuel athée (...)
Mardi 6 septembre 2022 Une femme aimante et disponible, un mari charmant et brillant : que pourrait-il arriver à ce couple en apparence parfait ? C’est l’intrigue qui rythme (...)
Mardi 26 avril 2022 Plus on progresse, plus on se fait du mal et plus on se tue, à petit feu. Avec Bienvenue dans l’espèce humaine, Benoît (...)
Mardi 26 avril 2022 Et si la vie, ce n’était pas choisir à tout prix, mais au contraire construire un tout ? Et si l’art, ce (...)
Mardi 26 avril 2022 On évolue tous avec le temps. On grandit, on comprend, on change. Qu’en est-il de notre débarras ? Lieu de la cachette par (...)
Mardi 26 avril 2022 Gerard Watkins revisite le chef-d’œuvre shakespearien à travers le prisme des sixties : pantalons pattes (...)
Mardi 26 avril 2022 Hugo, 23 ans, étudiant en sciences humaines, oscille entre ses origines algériennes et françaises. Lorsque sa mère le (...)
Mardi 29 mars 2022 Par Sibylle Brunel. Quand les petites bêtises entrainent les grosses, il est difficile de prouver que l’on peut encore répondre à la norme. A-t-on seulement (...)
Mardi 29 mars 2022 Notre civilisation s’effondre, tous les scientifiques le disent. Oui mais alors… Que faire ? Vaste sujet, pourvu que l’on (...)
Mardi 29 mars 2022 Et si la décolonisation n’avait été qu’une succession d’échecs dont on voit et paie encore les pots (...)
Lundi 28 mars 2022 Par Sibylle Brunel La Compagnie Momus Group revisite de nouveau ses classiques en donnant cette fois-ci un coup de jeune à Shakespeare. Le (...)
Mardi 29 mars 2022 Par Sibylle Brunel. Fred Radix, dans son nouveau spectacle La Claque, invite à une plongée dans l’effervescence des théâtres du XIXème. Le chef de claque (...)
Lundi 14 mars 2022 Drissa a 11 ans. Drissa est un jeune garçon noir. Drissa veut un chien. Car Drissa voudrait être banal. Avoir la vie « des blonds », qu’il voit à (...)
Lundi 14 mars 2022 En adaptant Candide, Arnaud Meunier convoque une nouvelle fois un Grand Texte de la littérature française au profit d'un discours des plus contemporains
Mardi 1 mars 2022 Du coup de foudre au coup du destin. Se rencontrer, s’enticher, s’aimer, s’installer, puis vouloir donner la vie… Et ne pas pouvoir. Confrontés à cette (...)
Mardi 1 mars 2022 Mettre en mouvement pour interroger les engrenages, systèmes, et forces puissantes de notre société. Danser, pour questionner notre possibilité à nous en (...)
Mardi 1 mars 2022 Inspiré du roman Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar d’Antoine Choplin, Václav​ et Tomas met en scène la dissidence, la résistance, le combat, le (...)
Mardi 1 mars 2022 Elle avait tout pour être heureuse, mais rien ne va se passer comme elle l'imaginait. Fougueuse, pleine d'envies, sortant du couvent à 17 ans avec une (...)
Mardi 1 mars 2022 « Pardonnez mon retard… On va tous mourir ». Parce que le tri sélectif risque de ne pas suffire, la fin de l’espèce humaine est peut-être (...)
Mercredi 2 février 2022  Après une première moitié de saison d’une densité inédite, les théâtres attaquent 2022 sans baisser de rythme. Les six mois à venir seront riches comme rarement de découvertes et de grandes figures pour se clore sur la venue d’Ariane...
Mardi 1 février 2022 « Les premières nuits, tu ne dors pas ». Et puis après… Ca devient ta vie, d’être dans la rue, tout le temps. Un matin, l’homme seul se réveille, et (...)
Mardi 1 février 2022 On va le dire d’emblée : il s’agit sans doute de l’un des spectacles les plus puissants qu’il sera possible de voir cette année. Une gifle ? (...)
Mardi 1 février 2022 Par ailleurs romancier et accessoirement guitariste-chanteur au sein de l’improbable groupe de « rock en marche » The Disruptives, (...)
Lundi 24 janvier 2022   « Au voleur ! Au voleur ! À l'assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon (...)

restez informés !

entrez votre adresse mail pour vous abonner à la newsletter

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X