Deux histoires françaises

Festival d'Avignon (2) / Nicolas Lambert et Christophe Honoré

Matinée engagée ce mercredi 11 juillet, avec un passage par le Théâtre du Chêne noir (festival Off) pour découvrir Avenir Radieux, une fission française, deuxième volet de la (future) trilogie « bleu blanc rouge » de Nicolas Lambert consacrée aux « produits du terroir ». Après Elf, la pompe Afrique, spectacle à succès qui porte bien son nom, et avant une troisième création sur l’industrie de l’armement, Nicolas Lambert s’attaque au sujet sensible du nucléaire, et à la construction depuis une soixantaine d’années du mythe qui l’entoure (une énergie propre, sûre, qui permet l’indépendance énergétique...). Sur scène, il incarne tout un tas de personnages, du politicien au directeur de la filière nucléaire française, en passant par le citoyen lambda ou encore le journaliste, pour cerner au plus près son objet d'étude. Le tout en retranscrivant mot à mot les discours des acteurs en présence, issus de coupures de presse, d’archives télévisées, ou encore de verbatims. On croise donc sur scène Sarkozy vantant ses choix énergétiques, VGE expliquant en 1980 que le nucléaire n’est responsable d’aucun mort, ou d’autres hommes moins connus mais essentiels pour appréhender les véritables questions. Ainsi, quand Nicolas Lambert campe Pierre Guillaumat, grand ordonnateur du nucléaire français, on comprend mieux les enjeux stratégiques et géopolitiques sous-jacents. Un spectacle de deux heures tour à tour drôle, cynique, acerbe ; mais surtout politique et intelligent, Nicolas Lambert assumant clairement son propos dans un speech final où il prend la parole en son nom. On en reparlera plus en détails au moment de la venue du spectacle à Grenoble en février 2013 – plus précisément à l’Heure Bleue de Saint-Martin-d’Hères et à l’Espace Aragon de Villard-Bonnot (le spectacle est déjà passé à Saint-Étienne, et la compagnie n’a pas su nous dire si des dates près de Lyon étaient prévues).

Minuit à Avignon

Sinon, deux mots sur Nouveau Roman, la dernière création de Christophe Honoré qui avait tout pour faire peur : 3h30 de représentation (de 22h à 1h30 du matin : faut tenir !), un sujet a priori prise de tête (le nouveau roman), des personnages issus de ce courant littéraire transposés sur scène – Duras, Sarraute, Butor, Robbe-Grillet, ou encore Jérôme Lindon des Éditions de Minuit. Mais, porté par un casting haut de gamme (Ludivine Sagnier, Anaïs Demoustier, Julien Honoré – frère de, ... qui tous interprètent sans incarner), et surtout écrit avec finesse et drôlerie, le spectacle surprend et impressionne ; captive même. Christophe Honoré, entre déférence et mise à distance, remplit son contrat à merveille : à savoir rendre hommage à ce courant littéraire souvent décrié et considéré – à tort – comme un truc d’intellos.

Aurélien Martinez

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