Des pendus qui dépotent

Dans le cadre du festival « Les Pontempeyresques », la compagnie Kumulus présente le spectacle « Les pendus ». Une occasion immanquable de respirer un théâtre qui ne manque pas d’air.

Quatre corps, quatre âmes, trois hommes et une femme. Et bien sur, la potence ! Rajoutez à cela une place de village et les relents médiévaux ressurgissent à la surface. Pourtant la contemporanéité du spectacle "Les pendus" est impossible à nier. Barthélémy Bompard, le metteur en scène de cette prodigieuse performance, a voulu exprimé la métaphore de la société pensée comme une potence. La peine de mort est bel et bien révolue, mais il semble que des formes plus sournoises de cette dernière perdurent. La résistance de l'âme qui ne s'envole pas, incarnée par les acteurs (Eric Blouet, Stéphane Civet, Céline Damiron et Nicolas Quilliard) est un brulot fantastique face aux agressions sociétales que peut endurer tout à chacun. Se déplacer pour voir ce spectacle constitue un véritable acte politique et c'est aussi faire face à la censure. Dans ces dionysies d'actualité, une lecture de notre monde se fait entendre au travers de corps ne pouvant mourir. La théorie rejoint alors la réallité car que peut proposer de plus subtile, de beau et fort le théâtre, si ce n'est cette "possibilité du cri" dans cette rencontre de la mort irréversible avec la conscience de la liberté immortelle? L'écriture de Nadège Prugnard (Magma performing théâtre) se mélange parfaitement à la colère annonciatrice d'espoir de Barthélémy Bompard.

 

Un moment fort dans un festival haut en couleurs

Entre exultation et réflexion, le spectateur est donc convoqué à une messe en plein air. Cela aussi joue au charme de l'objet. On croirait entendre l'écho d'un bon vieux concert des béruriers noirs. La résistance des corps a remplacé la guitare et le verbe implacable et engagé la boîte à rythme incessante. "Les pendus" résonnent fortement dans la sixième édition du Festival de Pontempeyrat. On y retrouvera aussi la conférence-spectacle "L'art est la question" conçue par Didier Aubert, Perrine Maurin et Lino Tonelotto (Les patries imaginaires) ou la compagnie La scabreuse ou encore la compagnie Garniouze. Toutefois "la rêverie poétique de l'image" se balançant avec "les pendus" resplendit tellement qu'il est impératif de s'y rendre. Comme disait Cantat, "en septembre en attendant la suite des carnages il se peut... qu'arrive la limite". Avant que celle-ci ne soit dépassée dans une expression dictatoriale de la société, il est urgent en cette rentrée de saison de se nourrir d'une telle oeuvre. Et ceux pour qui la séance serait trop indigeste ou déplacée, Michel Drucker sera toujours là pour les accompagner le lendemain à la télé.

Les pendus, Cie Kumulus, Festival Les Pontempeyresques
samedi 29 septembre à Pontempeyrat 

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