Pour De Funès par Novarina

Un début de saison alléchant s'annonce à la Comédie avec "Pour Louis de Funès" de Valère Novarina. Mis en scène par Philip Boulay, on retrouvera Philippe Durand pour l'interprétation d'un des plus grands textes du théâtre français.

A la lecture du titre, il y a toujours cet étonnement : un acteur inoubliable du cinéma populaire français qui a incarné Rabbi Jacob, le Gendarme de Saint-Tropez, associé à l'une des plus belles plumes du panthéon théâtral français. Pour Louis de Funès est un monument que nous a offert Valère Novarina. L'Homme de théâtre, au centre de la programmation du CDN, est parvenu à "faire parler De Funès comme quelqu'un d'autre a fait parler Zarathoustra". Que le spectateur soit ici averti. Il ne s'agit en aucun cas de faire une revue des interprétations mythiques du comédien aux innombrables mimiques. Toutefois que celui ou celle qui pensait voir Le Glaude mis en scène ne s'enfuie point pour autant. Il est invité à plonger dans les profondeurs de l'art de l'acteur. Le metteur en scène Philip Boulay évoque le texte comme "un essai de théâtre en forme de chant d'amour". Un amour  du verbe qui doit transcender l'acteur, cet "athlète de la dépense", jusqu'à l'épuisement. Voilà ce que Louis De Funès incarnait, ce débordement d'énergie, mêlant la justesse à la sincérité. De cette anthropologie de l'acteur découle cette écriture propre à Novarina, ciselée, inégalable et dont on reçoit une dimension théologique.

Se libérer de sa condition humaine

Il suffit d'écouter Philippe Durand pour entrevoir la beauté de l'exercice malgré sa difficulté. La mémorisation d'un tel texte relève d'un défi, prouvant l'amour du comédien pour la parole. Philip Boulay a fait le choix d'une mise en scène épurée mais lumineuse. Une lampe et une palette comme scène et éclairage de fortune rappellent l'objet de la rencontre des deux hommes. Il fallait un produit jouable en toute circonstance et de partout. Ainsi ce spectacle a-t-il été présenté en Hôpital psychiatrique où il a connu un franc succès. Novarina nous rappelle combien justement le théâtre n'a pas besoin de lieu pour être. Un message qui n'a d'égal que le ton provocateur et provoquant du texte où Hélène Weigel, l'épouse de Bertol Brecht, se retrouve comparée à Louis de Funès. Il est apparemment urgent de toujours dire que le verbe ne doit pas être signifié mais seulement être. Le jeu de Philippe Durand, a évolué de l'évocation de Louis de Funès vers une véritable appropriation par lui et en lui de ce texte. L'énergie est constante, la maturité de l'acteur est au rendez-vous. Voici un spectacle qui vous donnera alors peut-être envie de découvrir l'acteur de la Grande Vadrouille sous un autre angle. Mais dans l'espoir toutefois que vous n'aurez pas attendu un tel éclairage pour attester du talent de ce monument du cinéma.

Pour Louis de Funès, du 18 au 26 octobre, 20h, L'Usine

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