Bienvenus en Turakie !

Nouvelles et courtes Pierres : triple solo périlleux

La Comédie de Saint-Etienne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Bien avant Groland, la bien nommée Turakie a été fondée en 1987 ou 1988, les registres diffèrent, par le comédien-marionnettiste-metteur-en-objets-archéologue-de-la-scène Michel Laubu. Retour fouillé sur le passé de cette république des mots acratiques. Florence Barnola

Accidentellement, le pays sortit de terre dans les années 80 et tira naturellement son nom de la compagnie lyonnaise de son découvreur (qui lui est lorrain), Turak Théâtre. A partir de là tous les chemins mènent en Turakie, et partent de Paris, on peut dire même de Lyon, allant aujourd’hui jusque de l’autre côté de notre hémisphère nord, l’hémisphère sud. Revenons d’abord sur la conception de l’univers turakien à travers une anecdote, fondamentale puisque elle fut l’étincelle créatrice de ce monde imaginaire. Le Turak, groupe de chercheur(s) collecteur(s) rassembleur(s) d’objets en tout genre (ayant une très nette préférence pour l’usé), est basé dans la capitale des Gaules mais n’en est pas moins aventurier et curieux. Vers 1987, la date reste à déterminer, la compagnie se produisant à Paris, une ingénieuse idée laubuesque surgit. Faire un spectacle encore plus barré que d’habitude. Pique-nique sur le champs de fouilles a un objectif : « faire réellement des fouilles archéologiques avec les spectateurs ». Parce que chez Turak, tout est sincère et investi, c’est la raison pour laquelle leurs productions transportent, émeuvent autant le public.

Des fouilles archéologiques révèlent l'existence de la Turakie

Le faux chantier archéologique prendra place dans une ancienne entreprise de peinture, avec de grands espaces décharnés et vides, vouée à la démolition. Pour la troupe, c’est un terrain de jeux idéal, ils s’amusent comme larrons en foire dans cet atelier géant à créer, azimutés, en découpant les portes, en repeignant les murs, en déversant 15 à 20 tonnes de sable dans le hangar pour y enfouir des bouts de télé, des portes de frigo, des casseroles ou encore des couvercles de théière. L’objet usé est l’or de la compagnie pour qui plus il a vécu, plus il est vieux, plus beau il est, et plus il parle. Car comme l’arbre cachant la forêt «l’usure raconte la vie des gens qui ont utilisé cet objet». Michel Laubu, écoute ses objets, se laisse surprendre par eux et sait les faire se raconter. Une autre dimension apparaît où les objets du quotidien en s’animant se transcendent et nous avec.

Tout petit déjà Michel est tombé dans la poésie, fasciné par la bidouille y apercevant un monde derrière. Adulte, les passages piétons deviennent avec lui des marques de la dernière époque de glaciation (dixit Pique au champs de fouilles). Avec lui, un bric à brac se transforme en vestiges d’un Atlantide ressuscitant. Les spectateurs le suivent, courent, accourent à chaque nouvelle création. Il est important, voire nécessaire, à l’époque actuelle de se laisser happer dans un univers sensible, drôle, émouvant aussi car il aborde souvent la solitude des personnages (Les Fenêtres Eclairées, Nouvelles et courtes Pierres). Les spectacles de Turak sont tellement humain qu’ils sont universels. Ce monde merveilleux, grinçant parfois, Michel Laubu le partage avec d’autres, des musiciens qui créent réellement une ambiance, et sa complice de scène et de gestion de la compagnie Emilie Hufnagel. En ce moment Michel et ses acolytes musiciens-bruiteurs travaillent sur une création coproduite par la Comédie (qui les adore), Sur les traces du Itfo. Ils sont allés répétés quinze jours en Finlande cet été et après le public stéphanois, ils iront certainement faire un «Turak Baltique tour». Que nous ramèneront-ils dans leur sacoche ?

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