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Théâtre / Présenté dans le "IN" du festival d’Avignon cet été, Trusckstop est un polar social poignant servi par l’écriture saccadée de l’auteure néerlandaise Lot Vekemans et la mise en scène sans fioriture d’Arnaud Meunier.
Des vies minuscules emportées par un grand drame. Ça se passe dans un Truckstop, un relais routier au carrefour des grandes routes marchandes européennes où vivent une mère et sa fille. Un jeune camionneur s’y arrête régulièrement pour grignoter et boire un café. À la manière d’un film d’Inarritu (Babel, 21 grammes...), dans une dramaturgie morcelée et non chronologique, l’auteure néerlandaise Lot Vekemans nous raconte de manière très singulière une histoire très simple. Sur fond de mondialisation galopante où l’on transporte les cochons de Pologne et les poulets de Belgique, où il faut constamment gagner du temps et économiser de l’argent, où il y a peu de place pour ceux qui sont plus lents ou différents, Truckstop met en scène trois personnages presque ordinaires à travers leurs rêves et leurs désirs d’échapper au quotidien pour se projeter dans de meilleurs lendemains.
Un puzzle de 21 morceaux
Les acteurs, dont les talentueux Manon Raffaelli et Maurin Ollès, issus de l’école de la Comédie, et la remarquable Claire Aveline qui joue le rôle de la mère, sont bouleversants de naturel et de justesse dans un décor épuré signé Nicolas Marie. On retrouve le même gris onirique que sur le plateau de Je crois en un seul Dieu, réalisation du même scénographe, ce qui rend cet environnement volontairement désincarné et froid.
Avec « les thématiques de la mort, de l’empêchement (entre ce qu’on désire et ce qui advient), l’amour, et la relation fille-mère qui est au cœur de la pièce », Arnaud Meunier a donc réuni les ingrédients pour captiver le public des jeunes adultes, ou ados à partir de 13 ans, cible prioritaire de ce spectacle. « Le pari était de savoir si la dramaturgie inhabituelle de la pièce, morcelée en 21 morceaux, était un frein à leur capacité de pouvoir y entrer » s’interrogeait le directeur de la Comédie de Saint-Etienne cet été au festival d’Avignon. « Mais la bonne surprise a été qu’au contraire, le fait qu’il faille reconstruire la pièce comme un puzzle leur a beaucoup plu, en plus de leur attirance pour le côté polar et thriller, assez inhabituel au théâtre. »
Truckstop, du mardi 7 au vendredi 10 février à 20 h et samedi 11 à 17h, à la Comédie de Saint-Étienne
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