La fin du salon russe

Un mois à la campagne

La Comédie de Saint-Etienne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Dans "Un mois à la campagne", Alain Françon nous offre un condensé du théâtre émotionnel de Tourgueniev, dans une mise en scène au plus près du texte écrit en 1850, serti dans l’écrin d’une nouvelle traduction de Michel Vinaver.

L’engouement que suscite le théâtre russe sur les planches françaises a gagné la Comédie de Saint-Etienne qui a programmé cette saison une étonnante adaptation des 3 sœurs de Tchekhov par la metteure en scène brésilienne Christiane Jatahy (What if they went to Moscow ?), suivie de la fusion de ces mêmes Trois sœurs avec Ivanov sous la talentueuse direction de Julie Deliquet (Mélancolie(s) ). Cette fois-ci, retour au classique, à la place du texte et au respect du contexte historique avec Un mois à la Campagne de Tourgueniev mis en scène par Alain Françon. Dans ce "récit dramatique" écrit en 1850, Ivan Tourgueniev explore les conduites amoureuses de ses contemporains. La paisible vie de famille des Islaïev est bousculée par l’arrivée de Beliaev, étudiant moscovite engagé pour l’été comme précepteur. Le côté rustique du jeune russe tranche avec la sophistication vaine et les conventions corsetées de cette aristocratie en déclin. « Cette pièce raconte la fin du salon, un peu comme dans le théâtre d’Ibsen » résume Alain Françon.

On découvre chez Tourgueniev une imbrication entre désir amoureux et tissu social moins présente dans l’œuvre de Tchekhov

L’alternance entre l’insignifiant et l’extraordinaire

L’ancien directeur du Théâtre de la Colline, habitué du théâtre tchekhovien dont il a monté les pièces majeures (Ivanov, Les trois Sœurs, Oncle Vania…) se dit séduit par le "progressisme" de Tourgueniev qui raconte une Russie du servage où une génération d’aristocrates partis étudier en Allemagne se sentent en décalage avec la société archaïque qu’ils retrouvent. « On découvre chez Tourgueniev une imbrication entre désir amoureux et tissu social moins présente dans l’œuvre de Tchekhov », confie le metteur en scène. Un théâtre émotionnel qui se distingue par « une absence totale de hiérarchie dans les thèmes, l’alternance entre l’insignifiant et l’extraordinaire. »

Loin de la doxa actuelle qui voudrait que le théâtre parle de notre présent et nous scrute le nombril, Alain Françon puise dans la nouvelle traduction de Michel Vinaver un retour aux sources de la complexité de la langue de Tourgueniev en maintenant la dualité entre les aspirations slaves et occidentales des personnages. Le dramaturge français d’origine russe, dont la fille, Anouk Grinberg, joue le rôle de Natalia (la maîtresse de maison séduite par le jeune précepteur) a été à l’origine de ce projet, ayant déjà fourni à Alain Françon matière à quelques-unes de ses plus belles mises en scène (Les Huissiers, les Voisins, Les Travaux et les jours…). Gageons que cette nouvelle collaboration, servie par une distribution éblouissante, sera à la hauteur de ces monuments du théâtre contemporain.

Un mois à la campagne, du 24 au 26 janvier à la Comédie de Saint-Étienne

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