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Quand on arrive en livre !

La Horde

Fantasme de geek devenu réalité, le premier film de Yannick Dahan et Benjamin Rocher n’est pas la profession de foi attendue du cinéma de genre à la française, mais une série B (et parfois Z) hargneuse, suintant à grosses gouttes l’envie d’un cinéma différent. François Cau

Héraut par excellence d’un public souhaitant voir les acteurs français sortir de leurs huis clos intimes dans des deux pièces / cuisine pour régler leurs problèmes au fusil à pompe, Yannick Dahan, via ses pamphlets critiques dans l’émission Opération frisson ou dans les revues Mad Movies et Positif, a donc endossé, contraint et forcé, le statut de sauveur potentiel du cinéma de genre national. Une responsabilité pour le moins monumentale, La Horde étant depuis sa mise en branle attendu comme le messie, LA locomotive à même de relancer l’intérêt du public de notre beau pays et convaincre le landernau du 7e art de la légitimité de telles initiatives. Une pression accentuée par la décision, courageuse pour ne pas dire kamikaze, du distributeur de sortir le film sur 200 copies… Soyons francs, La Horde est un authentique film de sales gosses désireux d’en remontrer aux bien-pensants, un pet délicieusement odorant sur la toile cirée d’un cinéma français ripoliné jusqu’à l’abstraction. Un film en colère, avec tout ce que ça peut impliquer d’écarts bordéliques.

Enculé of the dead

Le montage qui éclaboussera les écrans est la deuxième version du film, expurgé de sa première bobine et recentré sur l’action. Soit un groupe de flicards borderline sur le point de venger la mort de l’un d’entre eux, qui débarque dans une tour HLM pour «apprendre la Marseillaise» à un gang de sociopathes en puissance - c’était compter sans l’invasion zombiesque qui pointe le bout de son nez... Privilégiant l’efficacité brute, testant en permanence la suspension d’incrédulité du spectateur face à un déchaînement de violence fortement testostéronée, La Horde fait très rapidement basculer son récit dans l’horreur graphique, prétexte rêvé pour enchaîner des scènes toutes plus improbables les unes que les autres. Jo Prestia fait du kickboxing avec deux zombies, Claude Perron démastique une zombette avec un frigo, l’involontairement hilarant Jean-Pierre Martins passe son temps à gueuler «enculéééééé», Yves Pignot délaisse son étiquette “Comédie Française“ pour se trimbaler une sulfateuse plus grosse que lui… En dehors d’une scène dont le caractère glauque tombe complètement à côté de la plaque, reliquat effrayant de ce que le film aurait pu être, La Horde assume son statut ouvertement bis avec un panache suicidaire, et s’avère, jusque dans ses défauts criards (gimmicks de mise en scène pas toujours très heureux, script faiblard, direction d’acteurs inégale), un film totalement jouissif. Ce n’est pas l’opus définitif espéré, mais c’est déjà beaucoup.

La Horde
De Yannick Dahan et Benjamin Rocher (Fr, 1h30) avec Jean-Pierre Martins, Claude Perron…

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