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Traces : histoires de migrations

Biennale / Il était une fois un bailleur social lyonnais, Aralis, qui voulait rendre visible les enjeux de l’immigration. Vingt ans plus tard, la Biennale Traces a considérablement grandi et propose 150 temps forts sur toute la région pendant deux mois. Dont trois jours dédiés à Carte de Séjour et Rachid Taha.

Le programme est dense. Impossible à résumer, tant cette Biennale Traces est au carrefour de différentes composantes : l’approche culturelle et artistique, les sciences sociales et les actions militantes. Pour raconter quoi ? Des histoires d’immigration, de migrations. « Au départ, il était question de la mémoire des immigrés venus participer à la reconstruction industrielle de la France, ils étaient un peu oubliés. Puis le terme a glissé et le discours public s’est mis à parler des "migrants" vers 2015, 2016 » analyse Marina Chauliac, « avec un léger précédent au moment du Printemps arabe où la figure du migrant devient médiatique » complète Philippe Hanus. « Désormais les gens passent, traversent et surtout ce n’est plus une migration de travail. L’enjeu est la place qu’on leur fait, où on les héberge » poursuivent ces deux chercheurs, elle en anthropologie, lui en Histoire — qui sont aussi membres du bureau de l'association Traces.

Ces gars de Rillieux

Cette Biennale n’a pas vocation à enchaîner les colloques. « La culture est au cœur de ce projet voulu par Warda Houti, première femme nommée à la tête des Foyers de travailleurs sociaux, de surcroît algérienne et non militaire » rappelle Sébastien Escande qui coordonne toutes les manifestations. Le nombre d’événements a doublé entre les éditions 2016 et 2018, et cela « rend compte d’une mobilisation large, allant des campagnes grâce aux collectifs les plus militants qui ouvrent des squats aux institutions reconnues — le Musée d’Art Contemporain, le TNP nous démarchent désormais ».

À force de tant de convergences, des projets émergent naturellement, comme la soirée d’ouverture aux Subs (le 7 octobre, complète). Le directeur Stéphane Malfettes avait déjà travaillé avec l’association Artistes en Exil à Paris et avait fait avec eux son lancement de saison il y a un an à Lyon. Les revoilà. L’exposition très remarquée, dont il avait été le commissaire pour le Musée de l'Histoire de l’Immigration à Paris, revient en version allégée à Rillieux-la-Pape lors de trois journées (du 16 au 18 octobre) consacrées à Rachid Taha et Carte de Séjour. Subsistent les huit kakemonos de l’expo parisienne pour raconter ce Paris-Londres, Music migrations (1962-1989) auxquels s’en rajoutent deux autres « pour relier la grande couronne lyonnaise à ce sujet : les lascars de banlieue deviennent des saltimbanques et les chansons d’arab rock de ces gars de Rillieux sont diffusés d’un coup sur la BBC. C’est extraordinaire. Mis à part Aznavour, aucun artiste français n’a eu ce tremplin » selon Philippe Hanus.

Ne pas parler à la place de

Des conférences, des projections (Rock against the police au Périscope le 9 octobre, les fondatrices Mémoires d’immigrés en trois splendides volets de Yamina Benguigui le 31 octobre au Rize…), des expos, des concerts, dans des lieux déjà repérés et des déplacements pour prendre pied physiquement dans ces histoires et ces mémoires comme au cimetière de Cusset ou dans le squat qu’est devenu le collège Maurice-Scève à la Croix-Rousse. Ou encore, la visite des usines TASE à Vaulx-en-Velin : « c’était l’usine-ville de l’agglomération avec bar, cinéma, cité ouvrière, foyer de jeunes filles, église, maison des ingénieurs, des patrons… » précise Marina Chauliac ; « elle a connu toutes les vagues de l’immigration : les Polonais, Italiens, Portugais, puis l’immigration du Maghreb et de Turquie et ensuite les Indochinois » complète Sébastien Escande. « Par le biais d’une histoire locale, on va balayer l’histoire de l’immigration » poursuit-il.

Alors que les séparatismes guettent, que l’Europe vire au gris, au noir, au brun, cette Biennale vise à sortir des « problématiques binaires » et « du prêt-à-penser » pour que la migration ne soit pas juste un sujet corolaire « au misérabilisme ou à la criminalisation » selon Philippe Hanus.

Biennale Traces
Dans divers lieux de la Région​ du mercredi 7 octobre au lundi 7 décembre

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