Entendons-nous bien : trois films tournant autour du son et de l'ouïe à voir en salles

Sans un bruit 2
De John Krasinski (ÉU, 1h45) avec Emily Blunt, Noah Jupe, Millicent Simmonds...

Théma / À force de louer les qualités visuelles du cinéma, on en oublierait presque qu’il marche sur une autre jambe : son oreille, si l’on ose dire. Et que son, musique ou écoute sont décisifs…

Sans un bruit 2 devait sortir en mars dernier. Et puis, crac ! Pandémie, confinement, fermeture des salles, silence radio… Un écho assez troublant pour cette suite au thriller survivaliste de (et avec) John Krasinsky, dont le succès (légitime) et surtout l’hallucinante rentabilité (20 fois la mise) avaient sans peine convaincu les producteurs de prolonger l’aventure. Seize mois après la date initiale — et après notre douloureuse promesse de maintenir le silence sur l’intrigue — sort donc le 16 juin cette séquelle parée d’un prologue décrivant l’invasion par le ciel de créatures chassant tout ce qui bouge à l’oreille ; des prédateurs monstrueux dont les fréquences des appareils auditifs de la fille de l’héroïne sont, avec l’eau, les seuls talons d’Achille connus. Dans cet opus, où Evelyn et sa famille partent à la recherche d’autres survivants, les rues désertes, la paranoïa galopante ou les zones censément à l’abri (des huis clos sur le point de devenir de nouveaux clusters) prennent dans le contexte du Covid un relief d’un réalisme insoupçonné. Le silence obligé des protagonistes contamine la salle et le suspense demeure térébrant : bref, ça marche.

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Racontant le drame d’un batteur de hard metal, ex junkie, perdant brutalement l’audition, Sound of Metal de Darius Marder (sortie le 16 juin) ne fait pas que jouer sur une appréciation différente du son, à travers sa restitution à travers un hachis de distorsions métalliques ayant valu à Nicolas Becker son Oscar. Il porte surtout sur l’appropriation d’une nouvelle culture — la culture sourde —, et son acceptation par un Ruben, un homme devant faire le deuil de sa raison d’être, la musique. Bien qu’épouvantablement galvaudé, le terme de “résilience“ semble tout à fait approprié pour définir la trajectoire de Ruben. Certes, on peut déplorer le côté limite sectaire de la congrégation/communauté dans laquelle il est accueilli et surtout la manière très puritano-hypocrite dont ses membres le flanquent à la rue (en pleurnichant) dès qu’ils découvrent qu’il n’a pas encore “intégré“ sa surdité, mais cette attitude s’avère tellement emblématique de la morale étasunienne qu’elle participe du réalisme de l’ensemble — déjà solide grâce au jeu de Riz Ahmed et d’Olivia Cooke, la Sara Forestier britannique.

Terminons avec l’ambiance nocturne et urbaine sculptée par Elie Wajeman dans Médecin de Nuit (16 juin toujours). Servi par un impressionnant Vincent Macaigne, ce film noir donne à la fois — à la voix — la parole à ces solitudes et douleurs humaines s’exprimant lorsque le soleil se couche (dont les médecins sont les dépositaires), et offre un thriller tragique tendu à l’extrême, sans séquence inutile, où le héros est écartelé entre conscience professionnelle (Hippocrate oblige), fidélité familiale et désirs amoureux. Accompagnant ses errances, la musique des frères Galperine se fait écrin, voire partenaire au même titre que le décor d’une ville pas si endormie que ça. Le silence, au cinéma, est toujours très relatif…

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