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Élodie Arnould : « le monde de l'humour est encore très sexiste »

Élodie Arnould

Radiant-Bellevue

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Humour / Après avoir conquis les Lyonnais, Élodie Arnould sillonne désormais la France avec son premier spectacle,  Future Grande, qu'elle jouera au Radiant-Bellevue le mardi 18 janvier — seule date dans la métropole. D’ingénieure à humoriste, du Boui Boui à Montreux... elle nous raconte son parcours.

Comment passe-t-on d'ingénieure en mécanique à EDF à humoriste ?
Élodie Arnould :
Ça s’est fait progressivement. Je ne connaissais personne quand je suis arrivée à Marseille pour le travail. Alors pour rencontrer du monde, j’ai commencé à faire de l’improvisation. Ça fait un peu de la peine : la raison pour laquelle j’ai commencé la scène, c’était pour me faire des amis ! J’ai vite adoré jouer. J'ai commencé à faire cinq minutes de blagues, puis dix, trente. Après, on a un spectacle.

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Un spectacle qui mêle aussi chant et danse ?
Future Grande, c'est un vrai divertissement. J’adore les pièces de show à l’américaine. Il y a des feux d'artifice, de la danse, du chant, un poney… (hahaha, non, pas ça !). J'ai envie que les gens déconnectent pendant deux heures. Je raconte les difficultés à devenir une femme pour une jeune comme moi, qui peut être un peu immature ou feignante. Les difficultés à devenir mère, le mythe de l'instinct maternel ou du "bonheur" de l’accouchement. Toujours avec mon œil de grande enfant qui décortique ces choses. Je termine sur la difficulté d'être une femme tout court.

Être une femme dans le stand-up n’est pas toujours drôle

Le milieu du stand-up est-il exempt des stigmatisations sexistes et des inégalités de genre ?
Ingénieure, comme humoriste, c’est la même chose. Il faut se battre. Le monde de l’humour est encore très sexiste. Tu peux aller sur des plateaux, là où on s'entraîne à faire cinq ou dix minutes de sketch, et entendre les gérants te dire que « les femmes ne sont pas drôles ». Et là tu te dis « mince, j’ai fait la connerie d’avoir un vagin… » Une fille qui va commencer par un sketch pas drôle — il faut savoir que sur les plateaux, oui, je ne suis pas drôle parce que je m’entraîne, je teste des blagues — on va moins lui pardonner. On a moins le droit à l'erreur et moins de chance de s'améliorer, donc c'est compliqué. Du coup, il y a une espèce de sororité qui se construit à Paris. On va solidairement pointer du doigt des programmateurs qui ne font pas jouer de femmes.

Quand les mecs parlent de leurs problèmes de zizi ou de leur examen de la prostate...

Pour compenser cette sous-représentation des femmes dans le stand-up, certaines salles organisent des plateaux 100% féminin. Qu’en penses-tu ?
Je suis un peu partagée. Je trouve dommage d'en arriver là. Mais d'un autre côté, c'est bien parce qu'il y a beaucoup d'endroits où les filles ne sont quasiment pas les bienvenues. Donc des lieux safe, pour travailler sans malveillance derrière, il en faut. J’ai déjà fait des plateaux où je raconte des anecdotes rigolotes sur mon accouchement, il y a des mecs qui ont un blocage, qui soufflent… juste parce que ça parle d'un accouchement. Et pourtant, je ne vais pas du tout dans les détails gore… C’est dommage, ce manque d’empathie et d’ouverture. Quand les mecs parlent de leurs problèmes de zizi ou de leur examen de la prostate, les femmes vont rigoler. L’inverse n’est pas forcément vrai. Les plateaux que j'ai préféré faire sont les bienveillants, comme le Comedy and Love à Paris, où c’est de l’humour inclusif, on essaye de pas tomber dans l'humour cliché, sexiste ou raciste… Même pour le public, c'est plutôt cool.

Ton public est donc majoritairement féminin ?
J’ai un public de samedi soir, un public de couples ou des bandes de copines, et c'est très populaire. Ça va de la jeune femme qui me ressemble jusqu’à des couples plus âgés. À Lyon, un mec m’a déjà demandé de signer sur sa fesse.

Comment définir ton style d’humour ?
Potache. C'est le gros gag qui va déclencher un éclat de rire et, de temps en temps, un peu engagé. J’essaye de faire passer quelques messages. En anglais, on parle de punch up — où tu te moques des dominants, des puissants — ou punch down — tu te moques des gens qui sont dominés (les femmes, les étrangers, etc.) J'essaye au maximum d'être punch up. C’est mon éthique d’écriture.

Te souviens-tu de ton premier bide ?
Très bien. C'était ma deuxième scène, au Boui Boui. La première s'était très bien passée, donc je me suis dit que j’allais faire un deuxième sketch différent, pleine de confiance. En fait, ça ne marche pas du tout comme ça. J’ai pris un énorme bide, J’ai appris l’humilité du métier. Dès que tu as un excès de confiance, le public te ramène les pieds sur terre ! J’ai joué parfois devant trois personnes…

De trois personnes à Montreux... quelle symbolique pour une humoriste ?
Ça assoit une crédibilité. On me connait via les vidéos, alors que j’ai vraiment commencé par la scène. En plus, j’habite en campagne et non sur Paris, on ne me voit pas trop sur les plateaux d’humour, donc ça concrétise mon travail.

Élodie Arnould
Au Radiant-Bellevue le mardi 18 janvier

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