Les sorties cinéma de la quinzaine à Lyon

Supernova
De Harry Macqueen (EU, 1h35) avec Colin Firth, Stanley Tucci, Sarah Woodward

En salles / L’amour donne du cœur au ventre, fait parfois partir sur un coup de tête, et peut convoquer bien d’autres mécaniques corporelles. Comme pas mal de films de la quinzaine. Attention : on ne prend pas toujours son pied…

Commençons bien évidemment cet inventaire par la tête. Celle qui fait défaut et se vide sous les assauts de la maladie dans Supernova de Harry Macqueen (sortie le 8 septembre). On y suit le road trip d’un couple d’amants sur les traces de leur histoire, initié par le premier (Stanley Tucci en écrivain atteint de démence sénile) sous le prétexte que le second (Colin Firth en pianiste) aille donner un récital. Derrière la balade romantique se profile l’inéluctable question de la maladie, du déclin et du libre choix de sa mort — bientôt évoquée dans le Ozon —, toutes traitées avec élégance et pudeur. Un film parfait pour des débats. Plus léger est Les Amours d’Anaïs de Charline Bourgeois-Tacquet, inégale comédie sentimentale cousue main pour Anaïs Demoustier sur une tête folle irrésolue, charmeuse et agaçante, hésitant entre deux hommes, une femme, sa thèse… C’est très Nouvelle Vague dans la forme et l’esprit — certes, avec parfois de grosses ficelles bien prévisibles — mais empli d’une légèreté solaire et sensuelle ainsi que de quelques (trop rares) éclats burlesques évoquant un mixte de Rohmer et de Broca.

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Ventre et bas-ventre

On dit que le chemin du cœur passe par l’estomac… avec un détour par les yeux, surtout lorsqu’il s’agit de séduire par la nourriture. Tel Délicieux de Éric Besnard (15 septembre), relatant en 1789 une révolution insoupçonnée : la création d’un des premiers restaurants par un cuisinier de génie congédié par un noble capricieux. Éloge de la gastronomie à l’image aussi léchée que les cuillers et casseroles utilisées pendant le tournage, ce film ponctué de natures mortes (et de quelques anachronismes) ne doit surtout pas se voir le ventre vide ! Il a en tout cas davantage d’intérêt que L'Origine du Monde de et avec Laurent Lafitte (15 septembre). Référence explicite à la toile de Courbet (le pauvre n’avait déjà pas eu une existence facile), son histoire d’un homme dont le cœur s’est arrêté cherchant littéralement à retourner sous les jupes de sa mère saisit par sa pitoyable gravelure. Démarrant comme du Ionesco, s’achevant comme du Bigard, cette réalisation façon théâtre filmée que ses séquences oniriques ne parviennent pas à tirer du côté de la provocation surréaliste ni dadaïste, tient de l’acte totalement manqué… ou du révélateur. Triste pour les comédiens ; tout simplement bidon.

En guise de coda, lumière sur deux programmes animés pour le (très) jeune public : d’abord Mush-Mush et le petit monde de la forêt de Joeri Christiaen (15 septembre), où l’on fait la connaissance de Mush-Mush, (un lointain cousin de Capelitto, le champignon enchanté) dont le pied magique est doué d’une sorte de sixième sens. Bariolée, dynamique, dotée de plusieurs niveaux de lecture aptes à captiver de 3 à 10 ans, la série est prometteuse. Enfin, il faut noter le retour du plus célèbre des manchots helvètes, Pingu de Otmar Gutmann dans un programme inédits de courts-métrages pleins de farces, de bêtises, de morales édifiantes et de prises de becs. Il aurait mérité sa palme.

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