Claire Diterzi

Rosa la Rouge (Naïve)

En 2006, la "nouvelle chanson française" empêtrée dans ses mélodies atones et ses paroles tournant dramatiquement à vide se voyait dynamitée par Claire Diterzi, grâce à l’admirable "Boucle" et ses bombes pop déconcertantes et enthousiasmantes. Un album qui faisait suite à la collaboration entamée entre la compositrice-interprète et le chorégraphe Philippe Découflé (ils s’étaient retrouvés sur le spectacle "Iris"). Après "Tableau de chasse", un second album inspiré par différentes peintures et sculptures, revoilà Claire Diterzi retravaillant pour la scène. Avec l’homme de théâtre Marcial Di Fonzo Bo cette fois-ci, pour son épopée musicale "Rosa la Rouge" présentée fin mai à Paris et retraçant l’itinéraire de la militante Rosa Luxemburg. Une figure historique à laquelle se confronte sans peur la musicienne, explorant toute les facettes du personnage sur les douze titres. En naviguant entre différents genres : la ballade (le sublime "Ce que j’ai sur le cœur"), l’opérette (le surprenant "Aux marches du palais", en duo avec Lambert Wilson), la musique bruitiste ("Cellule 45" où les sons de la prison deviennent musique) ou encore la pop synthétique (l’excellent "Je touche la masse", qui transforme la révolutionnaire allemande en pasionaria version Beyoncé). Une Rosa Luxemburg électro en pleine époque « mail, pigeon ou SMS » : comprendre que la figure tutélaire n’est pas périmée aux yeux de Diterzi, qui ne tombe pourtant pas dans le piège de la simple réactualisation moderniste vulgaire ou insipide. Un très grand disque à plusieurs niveaux de lecture en somme, fonctionnant indépendamment du spectacle, qui confirme ce que l’on clame depuis longtemps : avec quelques rares autres (dont Camille), Claire Diterzi est ce qu’il est arrivé de mieux ces dernières années à la chanson française, cette dernière n’en étant que meilleure quand on la traite avec une irrévérence frondeuse. Pas étonnant que notre meilleure amie soit la première artiste de musique "non savante" à être admise en qualité de pensionnaire au sein de la fameuse Villa Médicis. Aurélien Martinez

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