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Adrien Béal : “Interroger la parole et sa fonction dans les rapports entre les individus”

Article publi-rédactionnel / Dans le cadre de la Semaine sur Mars aux Subsistances, le metteur en scène Adrien Béal présente son nouveau spectacle perdu connaissance : entretien.

Votre processus de création est original car vous improvisez : vous écrivez avec les acteurs au fil des répétitions…
Adrien Béal
: L’idée c’est de se mettre à plusieurs autour d’une question, de théâtre mais aussi politique ou philosophique, et de chercher avec les acteurs une manière de les mettre en jeu. Cela passe par plein d’étapes : d’abord on cherche ensemble sous forme de laboratoire, de là on décèle des pistes, des manières d’approcher le plateau. Puis on délimite un cadre fictionnel dans lequel l’improvisation se tient. Petit à petit des ébauches de scène se dessinent, on les rejoue jusqu’à identifier des structures de scènes. Ce sont des allers-retours permanents. C’est comme un canevas qui se resserre de plus en plus. Presque comme un travail de montage, qui se précise dans la structure.

Vous avez commencé par mettre en scène des textes, comment avez-vous évolué vers cette pratique ?
La volonté d’expérimenter l’écriture depuis l’endroit de la mise en scène, partir de zéro sur certaines questions, comment faire nous-même le processus d’écriture complet. Cela paraissait naturel et évident de le faire ensemble. Je prends une place d’observateur, je ne génère pas toutes les idées, j’en provoque certaines et j’observe. C’est un travail de regard, qui est vraiment selon moi le rôle du metteur en scène.

Comment aborder la notion de vérité dans l’espace du spectacle, du jeu, par essence un espace factice, construit de toute pièce ?
Tout le travail de cette pièce est de mettre les personnages en situation de devoir rétablir la vérité, les lois. Il y a aussi cette convention, cet accord tacite selon lequel les paroles prononcées sur un plateau font loi, c’est la loi du spectacle. L’objectif est de mettre les acteurs dans une situation de doute par rapport à ce qui est dit. Par exemple le décor est celui de l’appartement de la gardienne : peut-on y faire ce qu’on fait habituellement chez quelqu’un ?

L’enjeu est de mettre en jeu notre besoin individuel et collectif d’établir la vérité, de créer des situation où le besoin de savoir est aussi impérieux pour les spectateurs et pour les acteurs.

Pourquoi avoir choisi cet objet d’étude, quel est le point de départ de votre réflexion ?
C’est une manière d’interroger la parole et sa fonction dans les rapports entre les individus. Comment le langage permet d’organiser les rapports, ce qui circule, ce qui fait loi. L’intuition de départ c’était la notion de connaissance, puis j’ai glissé vers la notion de vérité, comme notion relative. C’est intéressant politiquement. La vérité c’est une fabrication, ça ne veut pas dire que c’est faux, mais ça veut dire que c’est un énoncé.

Pouvez-vous expliquer le titre du spectacle « perdu connaissance » ?
Le point de départ de la fiction, de la pièce, se déclenche car quelqu’un perd connaissance. L’idée est de nous mettre dans cette situation, de voir quel sentiment que cela produit. Quelqu’un n’est plus là pour dire ce qui s’est passé, et chacun doit répondre à sa place. Et puis il y a cette interrogation, la notion de perdre connaissance, est-ce positif ou négatif ? Cela permet d’inventer d’autre relations, d’autres usages, de réinventer les lois, la hiérarchie, les rapports sociaux… Quand on ne sait plus, il y a l’espace pour réinventer autre chose.

Une semaine pour découvrir les artistes les plus singuliers de la scène contemporaine, c’est le programme de la Semaine sur Mars ! Un festival pluridisciplinaire qui mixe et matche théâtre, cirque, danse, arts numériques, mais aussi des ateliers jeune public lors du week-end de clôture le 23 et 24 mars : do it yourself, bricolage, bornes rétrograming, sérigraphie, fresque en réalité virtuelle…

Plus d’infos sur les spectacles : https://www.les-subs.com/festival/une-semaine-sur-mars/

Plus d’infos sur les ateliers jeune public du 23 & 24 mars : https://www.les-subs.com/atelier/les-ateliers-sur-mars/

Semaine sur Mars
Du 18 au 24 mars aux Subsistances

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