Culture hip hop

À l’occasion de la nouvelle édition du festival hip hop Total Session, Skad, créateur de l’association éponyme, revient avec nous sur la dimension culturelle du mouvement, trop souvent occultée au profit de ses «formes spectaculaires». Damien Grimbert

Annulé en 2009 suite à la liquidation du CH2 (l’association historiquement porteuse de l’événement) pour raisons financières, le festival Total Session renaît en 2010 sur des bases nouvelles. Objectif : défendre le hip hop en tant que culture à part entière. Explication : «Depuis son arrivée en France, le hip hop s’est développé au travers de ses différentes formes (danse, graff, rap, deejaying), mais n’a jamais été vraiment considéré comme une culture. Pourtant, ce qui le définit, c’est justement ce lien qu’il crée entre différentes disciplines, qui a priori n’ont rien à voir entre elles. Un lien basé sur des valeurs simples, fortes, populaires : “Peace, unity, love and having fun“. Quand tu fais de la danse, du graff, à l’origine, ce n’est pas pour dire quelque chose, revendiquer, s’opposer… Tu fais simplement ça pour être, exister, t’affirmer en tant qu’individu… Par exemple, en soirée funk, tu vas voir des cercles se créer librement, de façon spontanée, ce sont des espaces d’expression libre, de créativité, l’essence du hip hop, elle est là». Une dimension pas forcément simple à appréhender pour les institutions : «Aux Etats-Unis, un pays pourtant ultra-libéral, tu as des cours dédiés à la culture hip-hop dans les classes de sociologie à l’Université. En France, ça serait inconcevable. Le hip hop est toujours abordé sous un angle social, ou sportif (…) Pourtant je suis persuadé que les sous-cultures peuvent trouver leur place au sein du système. Mais pour cela, il faut que leurs acteurs, qui les comprennent de façon innée par la pratique, prennent suffisamment de recul pour les expliquer, les faire comprendre… C’est l’objet de Total Session. Parce que si les institutions continuent de privilégier uniquement les formes, le côté spectaculaire, au détriment de la culture qui les sous-tend, il y a le risque d’une dérive pour les jeunes acteurs, qui vont retenir uniquement la dimension consommation, compétition…».

Évolution

Reflet de ces nobles intentions, le programme du festival amorce cette année quelques changements. Alors que les précédentes étaient avant tout centrées sur le spectacle des battles entre danseurs, cette nouvelle édition se répartit entre de grandes jams à La Bifurk et au Bar MC2, propices à la création des fameux «espaces d’expression libre» évoqués plus haut, et des créations scéniques à la Bobine et au Théâtre Prémol. Comme le spectacle A Corps Ouvert de la compagnie Alliance, ou encore le prometteur projet Egotrip, «qui va permettre a des danseurs reconnus à l’échelle européenne dans l’underground, de présenter un solo accompagné d’un musicien, avec l’aide du chorégraphe Redouane Gadami»…

Festival Total Session
du 5 au 10 octobre à Grenoble.

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