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Samedi soir, c’est la Nuit des musées. Une manifestation couplée en Isère avec Musées en fête, qui se déroulera sur tout le week-end. L’occasion rêvée pour se pencher sur les multiples lieux d’exposition que nous offre le bassin grenoblois, et leurs missions parfois méconnues du grand public. AM

Forcément, quand on parle d’exposition dans l’agglo, on pense tout de suite au Musée de Grenoble, véritable star locale au rayonnement national – voire international. « On a une collection présentée en permanence, l’une des plus riches au niveau européen en ce qui concerne l’art moderne » explique Guy Tosatto, son directeur. « Avec aussi, une superbe collection d’art ancien, très importante. » Véronèse, Rubens, Matisse, Warhol, … : à côté de ce réservoir artistique impressionnant, le musée propose différentes expositions temporaires, en souhaitant « rester au plus près de son identité » (notamment avec les grandes expositions d’artistes incontournables de l’histoire de l’art – Chagall en ce moment), tout en essayant « de mieux faire connaître certains artistes, notamment dans le domaine de l’art contemporain » – ce fut le cas dernièrement avec l’Allemand Stephan Balkenhol, dont c’était la première grande exposition dans un musée français.

L’art d’aujourd’hui

Mais le Musée de Grenoble n’est tout seul, loin de là. Car si le bassin grenoblois a de quoi se plaindre dans certains domaines artistiques, niveau lieux d’exposition, il y a foisonnement. Surtout dans le domaine de l’art contemporain : le Centre d’art Bastille, OUI, Spacejunk, le Laa, les galeries municipales de Fontaine et de Saint-Martin-d’Hères… (liste non exhaustive !) : de nombreux espaces, de plus ou moins grande importance, animent un réseau qui permet au public de se familiariser avec des artistes émergeants. Tout comme le Magasin, Centre national d’art contemporain, qui, un cran au dessus niveau moyens, s’inscrit dans cette lignée avec sa politique d’expositions temporaires (car, rappelons-le, il n’a pas de collection propre, à la différence d’un musée lambda) : « Le rôle du Magasin est prospectif, en essayant de construire avec les jeunes artistes les outils qui leur permettent de développer leur travail » explique son directeur Yves Aupetitallot, en prenant l’exemple de l’exposition de l’automne dernier, consacrée à la scène artistique italienne. Il évoque ainsi « une complémentarité » tant avec le Musée de Grenoble (qui lui expose des artistes déjà largement confirmés), qu’avec les plus petites galeries précitées. « Comme toute discipline, l’art contemporain est intéressant dans sa diversité. Nous ne sommes donc pas l’art contemporain à nous seuls. » Cette idée prend forme chaque automne avec les (encore frêles) Journées d’art contemporain, organisées par le Magasin, et permettant au public de suivre un parcours balisé entre une quinzaine de structures de l’agglo.

Regards dans le rétro

Mais l’offre grenobloise ne peut se résumer à un musée star et une série de centres d’art et de galeries. En témoigne le nombre de musées départementaux répartis sur le territoire isérois, et gérés par un Conseil général très actif en matière culturel. Des musées aux missions variées qui, s’ils peuvent souffrir pour certains d’un défaut de notoriété ou d’identification vis-à-vis du grand public, sont de véritables joyaux patrimoniaux. À l’image du Musée de l’Ancien Évêché, en plein centre-ville, dirigé par Isabelle Lazier : « C’est un musée de site – le baptistère de Grenoble – lié à l’histoire religieuse de la ville. Et avec l’ouverture du Musée archéologique de Grenoble [depuis le 6 mai – voir article sur notre site], l’ensemble forme une proposition véritablement unique en Europe sur l’histoire chrétienne à travers ses vestiges. » Citons-en d’autres : dans les hauteurs de la Bastille, on retrouve le Musée Dauphinois, lové dans l’ancien monastère de Sainte-Marie d’en-Haut. À la Tronche, on peut découvrir le Musée Herbert, installé dans la demeure du peintre grenoblois. Ou encore, près de la place Verdun, le Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère. En tout, ce sont onze places fortes évoquant le patrimoine artistique, industriel ou rural du département qui sont ouvertes au public, et ce gratuitement, pour que tous puissent se les approprier – même si l’argument ne cesse de faire débat, la diversification des publics n’allant pas toujours de pair avec la gratuité.

Tous unis ?

Voilà pour le panorama succinct (de nombreux autres lieux existent, comme le Muséum d’histoire naturelle de Grenoble, les Moulins de Villancourt et le Musée Géo Charles à Échirolles, …). Reste à savoir si toutes ces structures arrivent à créer une dynamique collective. Certaines initiatives ont le mérite d’exister. Les Journées d’art contemporain comme évoquées plus haut. Ou encore des partenariats autour de thématiques précises, comme le font souvent les musées départementaux. Certains établissements se prêtent des morceaux de leurs collections, comme c’est le cas en ce moment pour l’exposition Ce que nous devons à l’Afrique au Musée Dauphinois – des pièces proviennent des fonds d’antiquités égyptiennes et d’art africain du Musée de Grenoble. Mais tout n’est pas parfait, l’élan pouvant aller beaucoup plus loin, comme nous l’affirme Isabelle Lazier. « On a encore beaucoup à faire. On ne doit pas jouer en solo, il faut vraiment que l’on réunisse nos forces, tout en gardant nos spécificités et nos individualités. »

NUIT DES MUSÉES + MUSÉES EN FÊTE
Samedi 14 et dimanche 15 mai. Programme et horaires en pages agenda

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