La Bobine en questions

Au bout de deux ans d’activité, la Bobine est devenu l’étape quasi incontournable dans le parcours local des musiques actuelles. C’est une stabilité de fonctionnement prouvant la viabilité d’économies différentes. Et c’est une menace de voir cette belle utopie s’écrouler pour cause non renouvellement de bail. Entretien avec Eric Ghenassia. Propos recueillis par François Cau

Dans votre campagne de sensibilisation, vous mentionnez une action en cours au Tribunal de Grande Instance. Qui a assigné qui ?Eric Ghenassia : Le Propriétaire du 3 bis rue Clément a attaqué le Groupement d’Intérêt Économique Genèse. Suite à cela, on est un certain nombre de sous-locataires à avoir lancé fin 2006 une intervention volontaire dans la procédure. On s’est retrouvé avec tous nos avocats devant le juge des référés début 2007. Celui-ci, devant la complexité de la situation, s’est déclaré inapte à rendre une décision et a renvoyé l’affaire vers un jugement sur le fonds. S’en est suivie une période d’attente, pendant laquelle on craignait une demande d’expulsion, mais on a fini par recevoir une assignation sur le fonds qui était à nouveau lancée par le propriétaire au GIE, mais en intégrant cette fois-ci les sous-locataires. Du coup, c’est plutôt une bonne nouvelle qu’il soit à l’origine de l’action parce que d’une part ce sera jugé à Grenoble (le propriétaire est basé à Annecy), et d’autre part on imagine difficilement être sous la menace d’une procédure d’expulsion. Enfin on espère : le bail se termine dans la semaine.On a l’impression qu’il s’agit hélas d’une simple volonté de ne pas renouveler le bail, ce en quoi le propriétaire serait dans son droit…Avec Projet Bob, on a fait une reprise de bail à la suite de Space Music il y a deux ans et demie. On a fait en tant qu’asso une application volontaire du bail commercial, de manière à pouvoir être régi par les lois du bail commercial - le notaire nous a conseillé ça à l’époque. Ça a été inscrit sur le bail et aujourd’hui on revendique sa validité, et du coup la valeur et l’indemnité liées à notre fonds de commerce. Le propriétaire a le droit de mettre fin au bail commercial, mais par contre il doit proposer des indemnités d’éviction, et c’est là-dessus que porte la procédure qui est actuellement en cours devant le TGI. Le propriétaire a donc déjà été débouté en référé et renvoyé sur le fonds. Lui ne reconnaît que des indemnités au GIE, et le GIE fait valoir les droits de ses sous-locataires. Vous aviez connaissance de cette échéance lorsque vous avez intégré les murs ?On intégrait aussi une dynamique collective qui était menée par le GIE sur le développement de leur pôle autour de l’économie sociale et solidaire sur le site de la Cour Charly, en lien avec la Metro. On a assimilé pleinement cette démarche, on a travaillé dessus pendant deux ans avec le GIE. On a cru voir le projet aboutir, puisque autour de l’été 2006, le Ville et la Metro ont fait une proposition de rachat du site au propriétaire, sauf qu’il a refusé en septembre et en même temps il a argué de l’échéance. Soit dit en passant, le bail a toujours été très défavorable au GIE, qui a eu à sa charge tous les travaux de grosses œuvres, toutes les taxes foncières… Je pense que le propriétaire n’a jamais accordé aucune espèce d’importance aux activités développées sur le site. Je croyais que si la Ville et la Metro faisaient une proposition de rachat il aurait tout intérêt à accepter, il rentrerait peut-être moins d’argent (son projet porte sur 65 logements), mais il évitait de se retrouver dans la situation actuelle.Quand est-ce que les choses vont évoluer ?Il a lancé une procédure à jour fixe, le 6 septembre. Ce jour-là il va y avoir un expert de nommé, qui va devoir travailler, rencontrer tout le monde, étudier la situation et rendre un rapport sur lequel ensuite le juge va s’appuyer pour délibérer. Ça entame une démarche qui peut prendre entre six mois et un an - il peut ensuite éventuellement y avoir appel.Comment réagissent les collectivités locales à cette situation ?À un moment donné il y a eu une réponse qu’on nous faisait qui était “vous êtes une initiative privée, votre projet est pertinent mais vous avez débarqué il y a deux ans et demie, sans que ce soit une demande de la collectivité, et aujourd’hui on se retrouve au pied du mur à devoir répondre à cette situation d’urgence“. Aujourd’hui on nous le dit moins, on répond que c’est privé mais que ça reste un projet public dans le sens où on est dans un vrai fonctionnement associatif. Parallèlement, on était déjà dans une mobilisation très forte de la Metro depuis deux ans, même si c’était plus le pôle économie solidaire qui les intéressait. Il y avait une connaissance de la situation dès cette époque-là. On est resté vraiment solidaire jusqu’à fin 2006 du projet commun, et une fois qu’un lieu de “repli“ a été choisi par un certain nombre de membres du GIE début 2007 (l’espace Vaucanson à Mistral), on a lancé les démarches individuelles. Et entre autres une démarche auprès de la ville sur un bâtiment en particulier qui nous a séduit, qui est celui de l’Orangerie (juste en face de la Mairie). Il commence à y avoir des engagements théoriques, toujours pas de solutions concrètes, mais on sent un vrai intérêt dans ce qu’on fait et dans le fait qu’on ne disparaisse pas. On a le soutien des acteurs locaux qui vient par la pétition, beaucoup de gens signent en leur nom propre. On va commencer à défricher les signatures pour voir si on peut mettre des choses en avant (personnalités groupes ou autres) mais pour l’instant ce n’est pas une carte qui a été jouée. Ce qu’on nous renvoie c’est la qualité du travail, du professionnalisme. http://projetbob.free.fr

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